Spi Ouest-France, Massilia Cup, SNIM, World Cup de Gênes, étape du GC32 Racing Tour à Oman, championnats du monde de 470, Solo Maître CoQ… : de très nombreuses compétitions de voile ont été annulées cette semaine à cause de l’épidémie de coronavirus qui touche la France et le monde entier. Tip & Shaft fait le point sur les bouleversements en cours pour la voile de compétition.
Depuis lundi, il ne se passe plus une journée sans que des communiqués de presse tombent dans les boîtes mail des journalistes pour annoncer annulations ou reports de compétitions sportives. La voile n’échappe pas à la règle et cette semaine, ont ainsi été successivement reportés ou annulés la Massilia Cup (27-29 mars) et la SNIM (10-13 avril) à Marseille, le Spi Ouest-France à La Trinité-sur-Mer (9-13 avril), l’étape des World Cup Series à Gênes (11-19 avril), la GC32 Oman Cup à Oman (25-29 mars), les championnats du monde de 470 (16-21 mars) et le Trofeo Princesa Sofia à Palma (27 mars-4 avril)… jusqu’à la Solo Maître CoQ, qui devait débuter lundi, dont le report a été annoncé ce vendredi à 16h30. Et la liste est sans doute loin d’être close.
Du côté de la Massilia Cup, reportée aux 25-27 septembre, il n’y a pas eu besoin d’attendre l’allocution télévisée du président de la République, Emmanuel Macron, jeudi soir. “Quand nous avons commencé à sentir le vent tourner, nous avons été les premiers à annoncer le report, parce que la Massilia est une des premières régates de la saison, explique Marc Sanjuan, vice-président du CNTL, qui organise l’épreuve phocéenne. On accueille entre 600 et 700 personnes pendant 4-5 jours, ça devenait compliqué et un des sujets d’inquiétude, c’est que tous les bénévoles qui font fonctionner ce genre de régates sont pour la plupart des retraités.”. Mercredi, c’était autour de la SNIM d’être reportée au mois de juillet (10-13). “L’objectif a été d’anticiper avant qu’éventuellement, on nous impose une annulation ou un report une ou deux semaines avant l’échéance, justifie Bernard Daurelle, membre du comité directeur de la Nautique, le club organisateur. Nous avons envisagé le huis clos, on s’est vite aperçus que la configuration des pontons à Marseille ne le permettait pas, donc on a opté pour le report.”
A l’autre bout de la France, du côté de Vannes, s’est tenue mercredi une réunion à la préfecture du Morbihan pour évoquer la situation du Spi Ouest-France. “En sortant de la réunion, le préfet nous a dit que nous avions le choix entre reporter et demander une exemption officielle pour organiser la manifestation, raconte Philippe Joubin, directeur de l’épreuve trinitaine. Réunir 6 à 7 000 personnes dans une des zones les plus contaminées de France n’était pas responsable, la décision de reporter [du 24 au 27 septembre] s’est vite imposée à nous.”
Au lendemain de l’allocution d’Emmanuel Macron, la FFVoile, réunie en cellule de crise ce vendredi, a fini par prendre la même décision que nombre de fédérations sportives en demandant le report de toutes les compétitions jusqu’au 5 avril. “La FFVoile demande à l’ensemble des structures affiliées, comités départementaux, comités territoriaux et ligues de reporter toutes les compétitions de toutes disciplines, de tous niveaux et de toutes catégories. Cette mesure entre en vigueur le samedi 14 mars inclus et s’applique jusqu’au 5 avril inclus. Cette période pourra être prolongée par décision de la FFVoile”, est-il indiqué dans un communiqué envoyé dans l’après-midi. Quid de la Semaine olympique française de Hyères, prévue du 18 au 25 avril ? “Nous avons volontairement lancé le grappin à une distance raisonnable pour ne pas avoir à décider trop tôt, nous souhaitons nous laisser la possibilité d’organiser l’épreuve”, nous a indiqué vendredi en fin d’après-midi, Nicolas Hénard, le président de la FFVoile. Sur le site de la SOF, cette dernière semble tout de même envisager le scénario d’une annulation.
Parmi les organisateurs d’autres événements à venir, la décision prise ce vendredi par Edouard Philippe, le Premier ministre, d’interdire les rassemblements de plus de 100 personnes (contre 1 000 auparavant) change forcément la donne. Jointe en début d’après-midi, Pauline Le Goulven, coordinatrice du pôle course de Lorient Grand Large, qui organise la Plastimo Lorient Mini, confirme : “Nous sommes en train de programmer une réunion avec tous les acteurs de la course pour évoquer la situation, car, nous sommes désormais au-delà de la jauge, nous attendons 130 marins”. Aux Sables d’Olonne, Marc Chopin, organisateur de la Solo Maître CoQ, joint juste après l’envoi du communiqué de la FFVoile, semblait abattu, lui qui, en milieu de journée, était encore déterminé à ce que la course ait lieu : “Je ne vais pas aller contre la fédération, mais paradoxalement, on avait le feu vert de l’autorité préfectorale.”
OC Sport Pen Duick, qui organise la Transat AG2R La Mondiale (départ le 19 avril) et The Transat CIC (départ le 10 mai), est de son côté forcément sur la brèche. Joint ce vendredi à 13h, son directeur général Hervé Favre nous a confié : “Nous faisons des réunions de crise chaque matin depuis le début de la semaine, sachant que la situation bouge sans arrêt ; au moment où je te parle, j’apprends la décision d’Edouard Philippe, ce qui nous pose forcément un problème. Notre envie est bien évidemment que nos événements aient lieu, mais on étudie tous les scénarios possibles avec nos partenaires, les villes, les classes, les coureurs…” Le scénario de faire partir les courses sans village ni quelconque animation est-il envisageable ? “Techniquement, si la fédération ne l’interdit pas, c’est possible, mais est-ce que, d’un point de vue éthique, c’est opportun de faire partir une course alors que tout le monde est en train de se calfeutrer et de se serrer les coudes ?” OC Sport Pen Duick devrait en tout cas annoncer ses décisions prochainement: “Pour la Transat AG2R La Mondiale, on devrait communiquer en milieu de semaine prochaine, pour The Transat CIC, d’ici fin mars.”
Président de la classe Imoca et à ce titre responsable de l’événement de la Transat New York-Vendée-Les Sables d’Olonne (départ le 16 juin), Antoine Mermod commente quant à lui : “Nous sommes moins dans l’urgence que les courses se tenant en mars et avril, ce qui nous donne un peu plus de temps pour prendre les bonnes décisions. J’étais hier avec Yves Auvinet [le président de la SAEM Vendée, qui fait partie des partenaires principaux de la NY-Vendée, NDLR], nous avons convenu d’attendre deux semaines avant d’annoncer quoi que ce soit, le temps de prendre la mesure de la situation et de réfléchir aux meilleures solutions.”
A l’étranger aussi, l’épidémie conduit à de nombreux reports ou annulations, celle de la première épreuve de la saison du GC32 Racing Tour à Oman a été annoncée jeudi. “Il y a une semaine, nous avions pris contact avec le ministère de la Santé d’Oman pour savoir si on avait le droit d’organiser notre événement et ils étaient assez réticents. Jeudi, le gouvernement a décidé de fermer les frontières et de ne plus accorder de visas de tourisme, ce qui nous a conduits à annuler”, raconte Christian Scherrer, l’organisateur du GC32 Racing Tour. Qui s’inquiète forcément pour la seconde épreuve de la saison prévue fin mai en Italie : “Tout est fermé en Italie jusqu’au 3 avril, nous sommes en contacts avec le club et la fédération italienne pour voir si on peut décaler, mais les choses changent tellement vite que c’est compliqué de prendre des décisions.”
En Italie toujours, COR 36, l’organisateur des America’s Cup World Series de Cagliari (23-26 avril), a fini par se résoudre ce vendredi après-midi à annoncer “l’impossibilité pour cas de force majeure” d’organiser l’événement à la date prévue. Dans le même temps, il a saisi l’Arbitration Panel de la Coupe de l’America, reprochant au defender néo-zélandais d’avoir “refusé la proposition d’une nouvelle date sans même en discuter” !
Quid, enfin, des Jeux Olympiques, dont un éventuel report est désormais ouvertement évoqué ? “C’est tellement grave et inhabituel que les prises de décision sont impossibles à prendre aujourd’hui, je pense que les organisateurs rassemblent un maximum d’informations”, nous indiquait vendredi matin Nicolas Hénard. Du côté des athlètes, on essaie de rester philosophe, à l’instar de Jérémie Mion, qui a dû prendre le ferry vendredi matin à Palma pour Marseille suite à l’annulation des championnats du monde de 470 : “Notre boulot au quotidien, c’est de nous adapter, donc on s’adapte ! Là, on a passé quelques messages à tous les coureurs Français en leur demandant s’ils étaient chauds pour venir s’entraîner et faire des manches avec nous à Marseille. On essaie de ne pas faire de plans sur la comète et de faire comme si les Jeux avaient lieu à l’heure prévue. Je pense que l’enjeu, notamment économique, est tel que ça me paraît compliqué d’annuler, c’est un peu une première dans l’histoire.”
Un enjeu économique qui concerne finalement tous les acteurs de la filière, forcément impactés par ces reports et annulations, comme le reconnaît Philippe Joubin, pour le Spi Ouest-France : “Je ne sais pas aujourd’hui le montant précis de ce que ça va nous coûter, mais ça aura des conséquences financières certaines, ne serait-ce, par exemple, que parce que nous avons développé un plan de communication en vue du week-end de Pâques.”
Photo : Carlo Borlenghi / ACWS Cagliari
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