Les organisateurs de la désormais ex Volvo Ocean Race, dont le nom provisoire est Fully Crewed Around the World Race, ont publié mercredi dernier un avis de course préliminaire qui sera suivi, le 11 décembre prochain, d’un document définitif. Tip & Shaft l’a épluché.
Un “document de travail”.
Cet avis de course préliminaire, rédigé en concertation étroite avec les représentants de la classe Imoca, son président Antoine Mermod en tête, est avant tout, selon ce dernier, un “document de travail diffusé aux équipes potentiellement intéressées par la course. C’est une étape essentielle qui va nous permettre d’échanger avec plus de monde dans les semaines qui viennent dans le but d’aboutir à l’avis de course définitif et à la jauge Imoca équipage qui seront dévoilés le 11 décembre, date de l’ouverture des inscriptions”. Celle de clôture sera précisée dans cet avis de course définitif, nous a-t-on fait savoir du côté de la désormais ex Volvo.
La Volvo Ocean Race n’est plus.
La première chose qui frappe à la lecture de ce document est qu’il n’est plus fait référence à la Volvo Ocean Race, qui laisse la place à la “Fully Crewed Around the World Race” (FCAWR), une appellation provisoire. Interrogé sur la question, le directeur de course Phil Lawrence a laissé le soin au rédacteur en chef des contenus éditoriaux, Peter Rusch, de nous répondre : “Le nom de la course n’a pas encore été annoncé, c’est vrai que ce ne sera plus la Volvo Ocean Race. Mais Volvo Cars sera un partenaire significatif de la prochaine édition dans laquelle il sera très impliqué”. Comme le co-propriétaire de la course Johan Salén nous l’avait indiqué en juin dernier, le groupe suédois reste effectivement partenaire de l’édition 2021-2022, qui changera de partenaire titre si les propriétaires de la course en dénichent un d’ici là.
Deux courses en une.
L’annonce avait été faite en juillet dernier : la course se disputera sur deux supports différents, l’Imoca et le VO65, ce dernier étant destiné aux moins de 30 ans – au moins 7 sur les 10 maximum d’un équipage. Pourquoi avoir maintenu le monotype Farr ? “Les VO65 ont donné lieu à une course incroyablement serrée sur la dernière édition. Nous savons qu’il y a potentiellement des équipes d’ores et déjà intéressées à l’idée de courir de nouveau sur ces bateaux, nous pensons qu’ils constituent une option intéressante pour certaines équipes”, répond Peter Rusch. Cela ne risque-t-il pas de brouiller le message ? “A titre personnel, j’aurais préféré qu’il n’y ait qu’une seule classe, précise de son côté Antoine Mermod. Après, le fait de promouvoir des jeunes et la mixité est aussi une bonne chose. Et je n’ai pas vraiment mon mot à dire sur le sujet”. Et le président de l’Imoca de rappeler que le vainqueur de la FCAWR sera bien le vainqueur en Imoca, le premier VO65 emportant de son côté le “Youth Challenge Trophy”.
Des équipages de cinq en Imoca.
Le débat pour déterminer le nombre d’équipiers a été visiblement animé, il a abouti au chiffre de cinq équipiers, dont une femme, ou de six, dont quatre femmes… sans compter l’OBR (on-board reporter) obligatoire, soit, au final, des équipages de 6 ou 7 personnes. “Ça n’a été une discussion pas facile, parce que d’un côté, nous avons des teams qui ont des bateaux existants dessinés pour faire du solitaire ou du double, avec très peu de place à bord, et, de l’autre, ceux qui font la Volvo Ocean Race depuis des années et mettent en avant la culture de la course qui est fondamentalement en équipage. Et pour eux, un équipage, c’est de sept à douze marins, explique Antoine Mermod. On est arrivés à ce compromis à cinq qui a été testé sur Hugo Boss et Malizia cette année sur la traversée de l’Atlantique, ils ont trouvé que ça le faisait.”
Homogénéiser la flotte.
Pour atteindre l’objectif de 10-15 Imoca au départ de l’édition 2021-2022, les organisateurs souhaitent une flotte la plus homogène possible, histoire de ne pas décourager les teams disposant de bateaux construits spécifiquement pour le solitaire. Cette homogénéité passe par la jauge équipage, en cours de rédaction du côté de l’Imoca. “On a commencé par réécrire la jauge solo, parce qu’il était temps de la rendre plus cohérente, commente le président de l’Imoca. Cette version 22, sans doute définitive, devrait être adoptée dans dix jours par le comité technique de l’Imoca. La jauge équipage découlera de celle-là, sachant qu’une première version va être envoyée au comité technique en début de semaine prochaine”.
La différence entre les deux ? “Vous verrez à la diffusion, mais comme l’objectif est que les bateaux fabriqués pour faire le Vendée puissent être compétitifs sur la prochaine course autour du monde, il faut faire en sorte que la jauge soit la moins différente possible“, répond Antoine Mermod. Certaines règles sont d’ores et déjà édictées dans l’avis de course préliminaire : la course sera anisi ouverte aux bateaux mis à l’eau à partir de 2010, équipés de foils, dotés d’un gréement monotype et d’une quille en acier. Aujourd’hui, les bateaux éligibles sont PRB, SMA et l’ex Spirit of Hungary s’ils sont dotés de foils et changent de mât, celui de Jörg Riechers (ex Acciona) et Initiatives-Cœur s’ils changent de mât, l’ex Safran de Kaïros, Newrest-Art & Fenêtres, Bureau Vallée, Malizia, Hugo Boss, Ucar-Saint-Michel, Charal et les Imoca à venir, à savoir Apivia, Arkea-Paprec, le futur Hugo Boss, celui d’Armel Tripon, voire un ou deux de plus. Au total une quinzaine de bateaux existants ou en construction.
Des limitations budgétaires.
C’est l’un des principaux chevaux de bataille d’Antoine Mermod et de l’Imoca : le « cost control ». Pour cela, plusieurs leviers existent, à commencer par la réduction du nombre d’escales – le parcours définitif devrait être décidé “à l’été 2019”, indique Peter Rusch. Ce qui est déjà le cas, puisque l’avis de course préliminaire évoque neuf étapes maximum, contre onze sur la dernière Volvo, dont une qui ne comptait pas au classement.
Autre possibilité : encadrer le développement des bateaux. “C’est un sujet extrêmement important, finalement assez peu traité dans cet avis de course préliminaire. Normalement, le document final sera beaucoup plus spectaculaire“, promet Antoine Mermod. Pour l’instant, les limitations tiennent au nombre de foils (quatre maximum) et de voiles (quatorze, soit deux jeux), mais également au pilote automatique. “Ce sera un pilote identique pour tous, fourni par l’organisation, uniquement en mode compas, pas en mode vent, précise Antoine Mermod. Le but est de limiter les coûts sur ce poste et de garder le caractère équipage de la Volvo : avoir un pilote qui pourrait mieux barrer qu’un barreur n’entre pas dans l’ADN de la course”. Dans cette perspective de « cost control », le président de la classe ne s’interdit pas d’aller plus loin : “Pour l’instant, on limite par exemple à deux jeux de foils, mais pourquoi ne pas passer à une seule paire ? On ne s’interdit rien”. Résultat des courses le 11 décembre.