C’est Guillaume Verdier qui dessinera le futur monotype de la Volvo Ocean Race. Monocoque ou multicoque ? Tip & Shaft a enquêté…
Les organisateurs de la Volvo Ocean Race ont dévoilé jeudi le nom de l’architecte chargé de dessiner le futur monotype de la course autour du monde en équipage : Guillaume Verdier. L’auteur du dernier Gitana, membre du design team d’Emirates Team New Zealand, qui a dessiné en collaboration avec VPLP 12 des 29 participants du Vendée Globe, était en concurrence, selon nos informations, avec les cabinets VPLP, justement, Bruce Farr Yacht Design, Juan Kouyoumdjian, Gonzalo Botin et Sam Manuard.
Sollicités en janvier par Mark Turner et son équipe, les différents cabinets d’architectes ont été invités à livrer leur avant-projet dans un temps très court (deux à trois semaines) et à venir le présenter à Genève. Le cahier des charges laissait le choix entre un bateau avec très peu de contraintes de dimensions en dehors du tirant d’eau pour des questions de logistique, et un Volvo… transformable en Imoca. L’idée de Turner ? Que le bateau, après modification du cockpit et changement de quille, puisse naviguer tous les ans autour du monde entre Volvo Ocean Race, Vendée Globe et Barcelona World Race…
Une option hybride que certains candidats ont jugée inappropriée : “C’était faisable de marier les deux, expliquait Juan Kouyoumdjian en février dans Tip & Shaft #57. Mais le risque était de finir avec un mauvais Volvo one design et certainement un mauvais Imoca.“, complète le franco-argentin, qui a donc proposé un “Imoca du futur, très high tech et innovateur” de 68 pieds. Même analyse pour Sam Manuard qui a dessiné un bateau de 62-63 pieds le plus léger possible avec foils, safrans en T et mât-aile, “plus exploitable par des équipages mixtes et un peu moins expérimentés” avec un cockpit très protégé. “Mais j’ai senti que sur cette notion de protection, il y avait une petite divergence. Ça ne collait pas forcément avec les images de mecs qui se prennent de l’eau dans la figure”.
D’autres, comme VPLP, ont choisi l’option du Volvo compatible Imoca, proposant un 60 pieds à foils “proche de ce qu’ont fait les Anglais par le passé, avec Ecover par exemple“, explique Vincent Lauriot-Prévost, qui prévient : “En Imoca, un tel bateau aurait joué en deuxième division : capable de viser un Top 5 sur le Vendée Globe, mais pas de lutter avec la prochaine génération.”
Et l’heureux élu, Guillaume Verdier ? L’intéressé, lié par une clause de confidentialité, n’a pas souhaité rentrer dans les détails. Il annonce qu’il mobilisera sur ce projet 17 personnes, la moitié en Nouvelle-Zélande, l’autre en Bretagne : “C’est une opportunité fantastique avec des moyens de recherche comme j’en ai rarement eus – à part sur la Coupe de l’America – et des marins exceptionnels.”
Un tel appel d’offres, dont l’existence à commencé à filter très tôt, a pu laisser penser que les organisateurs de la Volvo Ocean Race avaient tranché entre monocoque et multicoque. Il n’en n’est rien selon Mark Turner, joint par Tip & Shaft ce vendredi entre deux avions. “Historiquement; les propriétaires de la course [Volvo Cars et Volvo Group, NDLR] ont toujours été focalisés sur le monocoque. Il y a un an, ils étaient clairement bloqués sur le sujet. Mais ils sont revenus vers nous voilà quelques semaines pour nous dire qu’on pouvait réfléchir au multicoque. C’est une très bonne nouvelle pour nous, la discussion est très ouverte.” Entre temps, l’appel d’offres pour un monocoque avait été lancé… “On a eu de très belles idées et le choix n’a pas été simple ; mais, pour nous, il s’agissait d’abord de choisir un architecte plus qu’un bateau. Et Guillaume est capable de dessiner un monocoque comme un multicoque.”
Résultat, tout est encore possible avant l’annonce des choix opérés par l’organisateur de la Volvo Ocean Race, le 18 mai prochain, assure Mark Turner. “Bateau, cycle, timing : on ne part pas d’une feuille complètement blanche, mais presque. Les trois hypothèses – multicoque, monocoque Volvo, monocoque compatible Imoca – restent à l’ordre du jour. Nous prendrons nos décisions début mai.” On notera en particulier, dans le communiqué, l’absence de date précise pour la 14e édition de la Volvo Ocean Race, théoriquement prévue en 2020. Comme il l’avait expliqué à Tip & Shaft en novembre dernier, Mark Turner réfléchit en effet à une édition suivante dès 2019, ne serait-ce que pour pouvoir aligner d’éventuels Volvo One Design au départ du Vendée Globe 2020…
Les organisateurs de la Volvo ont également annoncé que le chantier italien Persico Marine aura la responsabilité de construire les futurs monotypes, alors que les VO 65 avaient été construits par un consortium mené par Green Marine et composé de Multiplast, Décision et Persico. Sur le fond, cela pourrait ne pas changer grand chose : Persico devra sous-traiter une partie de la construction, en particulier s’il s’agit de lancer 8 multicoques d’ici 3 ans. “Nous voulions surtout simplifier le fonctionnement et n’avoir qu’un seul chantier avec qui contracter”, assure Mark Turner.