Banque Populaire soutient l'équipe de France de voile olympique

Thierry Bouvard : “Un sponsor doit être fidèle et réactif”

Banque Populaire a annoncé le 30 juin le renouvellement de son contrat avec la Fédération française de voile jusqu’aux Jeux de Paris 2024. L’occasion pour Tip & Shaft d’échanger avec Thierry Bouvard, directeur du sponsoring et du mécénat du groupe BPCE, qui évoque également les projets Ultim avec Armel le Cléac’h et Vendée Globe avec Clarisse Crémer.

Ce réengagement auprès de la FFVoile était-il une évidence pour vous ?
Il y a une longue et très riche histoire avec la Fédération française de voile, donc, on peut parler d’évidence vu la qualité de nos relations. Mais, surtout, l’idée était de le faire en avance : le monde du sport traverse une crise d’envergure, il nous semblait important de rassurer le plus tôt possible la Fédération française de voile sur son avenir et sur notre accompagnement jusqu’en 2024. Le fait de ne pas attendre le Salon nautique est un message clair de la pérennité de l’engagement de Banque Populaire dans la voile.

Le fait que les Jeux Olympiques aient lieu à Paris en 2024 signifie-t-il que l’engagement de Banque Populaire, par ailleurs partenaire premium des Jeux, sera plus important ?
Je ne peux pas vous dire si ça augmente ou pas, la confidentialité fait partie des clauses contractuelles, mais en termes de montant, on va dire que c’est un engagement fidèle. Après, forcément, nous allons beaucoup parler de Paris 2024, et avec la Fédération, nous travaillons sur un plan de développement commun que nous allons écrire dans l’été, dont les grandes orientations sont d’abord de renforcer l’accompagnement de l’équipe de France pour la préparation de cette échéance, ensuite de nous engager ensemble dans un parcours d’excellence environnementale.

“LE PARTENARIAT AVEC LA FÉDÉRATION NOUS PERMET
D’ÊTRE PARTENAIRE DE LA VOILE DANS SON ENSEMBLE” 
Qu’attendez-vous de ce partenariat en termes de retombées, sachant qu’il ne vous apporte forcément pas la même visibilité médiatique que lorsqu’un bateau Banque Populaire est en course ou en record ?
La visibilité de la marque est assurée à la fois par ces très grands projets [Ultim, Imoca, Figaro NDLR], mais aussi par la proximité. On ne serait pas la banque de la voile si on n’était pas aux côtés des enfants qui apprennent la voile, des adultes qui pratiquent, des équipes de France qui portent les couleurs du pays à l’international. Ce partenariat avec la fédération nous permet d’être ce grand partenaire de la voile dans son ensemble, aux côtés de tous les passionnés.

Arrivez-vous à mesurer les retombées liées à ce partenariat ?
Nous avons arrêté de compter les appositions de logo lorsque nous avons dépassé les 5 millions ! Nous avons financé plus de 60 000 gilets de sauvetage pour les écoles de voile, des milliers de voiles, des centaines de bateaux, il faut ajouter à ça le drapeau dans chaque club, la présence sur la licence et sur les documents à en-tête de la fédération, les événements, comme la soirée du Marin de l’année et des top clubs. On ne compte pas cette visibilité, elle est peut-être moins médiatique mais elle est très forte en terme de proximité. Le passionné de voile ou celui qui est en vacances et vient faire un stage de catamaran à Saint-Jean-de-Monts va rencontrer Banque Populaire, c’est là la puissance de ce partenariat.

Estimez-vous que les athlètes de l’équipe de France de voile ont suffisamment de visibilité médiatique par rapport à la course au large ?
C’est clair qu’ils ont moins de visibilité médiatique, et c’est dommage, parce que le parcours sur une préparation olympique est excessivement complexe et stressant. Mais ce sont deux aventures très différentes, elles ne portent pas la même histoire. Je pense qu’il faudrait plutôt essayer de comparer la visibilité des athlètes de l’équipe de France de voile avec celle d’autres sports olympiques, le judo, la gymnastique, la natation… Après, ce que j’aimerais pour la voile olympique française, c’est qu’on arrive à un traitement dans les médias qui n’arrive pas uniquement quand il y a une très belle victoire ou au moment des Jeux olympiques, j’aimerais qu’on en parle pendant toute la phase de préparation et de conquête du ticket pour Tokyo : je trouve que les médias arrivent un peu tard dans cette histoire et c’est dommage. D’autant que la voile est un sport qui porte de très belles valeurs, on l’a encore vu pendant la période de confinement : nous étions assez heureux de voir que la voile – et le surf dont nous sommes aussi partenaires – portaient cette idée du retour au sport, mais d’une façon très responsable avec ce concept des plages dynamiques. Ce rapport à l’environnement, à la préservation des milieux marins, intéresse de plus en plus de médias et c’est tant mieux.

“LES GRANDS ACTEURS COMME NOUS
DOIVENT DIRE QU’IL NE FAUT RIEN LÂCHER”
Comment évaluez-vous les conséquences de la crise du Covid sur l’écosystème de la voile de compétition ?
Je ne suis pas un spécialiste de ça, mais je vous invite à consulter l’observatoire de l’économie du sport en ligne sur notre site qui montre les difficultés que vont rencontrer les acteurs de l’économie du sport. Au vu de ces éléments, cette crise va être violente pour le monde du sport. Et c’est pour ça que les grands acteurs comme nous doivent tout de suite être là pour dire qu’il ne faut rien lâcher.

Le groupe Banque Populaire est-il affecté ? Et le budget que vous allouez au sponsoring voile (entre 5,5 et 6,5 millions d’euros annuels), l’est-il aussi ?
Je ne suis pas habilité à répondre à votre première question et en plus, je ne le sais pas. Pour ce qui est d’un quelconque changement, ce n’est pas la question du moment, c’est trop tôt dans l’équilibre budgétaire, mais clairement, dans le Groupe BPCE et dans les Banques Populaires, nous resterons des acteurs très impliqués dans le monde du sport.

Parlons de la classe Ultim : que vous inspire le retrait de Macif ?
Je ne commente pas la logique industrielle d’une entreprise, je ne sais pas ce qu’il y a derrière, c’est leur propre choix. Maintenant, forcément, dès qu’un acteur s’en va, c’est une grande tristesse parce qu’il y a eu beaucoup d’énergie dépensée et beaucoup d’espoir. Moi, je crois beaucoup à la voile, donc je suis toujours déçu que quelqu’un s’arrête.

Est-ce un coup dur pour la classe ?
Chez Banque Populaire, nous sommes là depuis longtemps dans la voile, donc des allers et des retours, nous n’avons pas arrêté d’en connaître. Mais je crois à 100% en la persistance de ce sport et je crois à 100% en la persistance des Ultims qui ont la capacité d’être multiples dans leur manière de fonctionner : ils peuvent à la fois faire des courses et des records. Un partenaire a fait un pas en arrière, mais j’ai bon espoir que d’autres arrivent, parce que l’Ultim, c’est beau, magique, innovant, parce qu’il y a des choses à raconter ; ces bateaux ne vont pas du tout être mis au rencard.

Faut-il rapidement, comme nous le disait récemment Patricia Brochard, un calendrier clair pour justement offrir de la visibilité à un éventuel entrant ?
C’est sûr que la période n’est pas propice : entre le Covid et les élections municipales décalées, c’est compliqué d’avoir les engagements nécessaires. Mais il y a déjà deux événements qui existent de manière forte : la Transat Jacques Vabre en 2021 et la Route du Rhum en 2022, il y a aussi le tour du monde avec Brest [Brest Oceans, fin 2023, NDLR] qui est très bien emmanché, je ne suis donc pas très inquiet. Ce qu’il faut bien comprendre, et ce n’est pas un phénomène propre aux Ultims, c’est que le fait d’avoir un programme établi sur huit ans, ça n’existe plus. Un sponsor dans la voile et dans le sport en général a la nécessité d’être à la fois fidèle dans la durée et réactif. Il faut arrêter de croire que le jour où on signe, on va faire exactement le parcours qu’on avait imaginé.

“EN ULTIM, ON EST PLUTÔT PARTISANS
D’UNE PARTICIPATION À LA TRANSAT JACQUES VABRE”
Vous parlez de Transat Jacques Vabre en 2021, cela signifie-t-il que vous considérez que la course autour du monde en équipage au départ de Méditerranée fin 2021 n’aura pas lieu ?
Je ne sais si elle se fera, mais chez Banque Populaire, notre nouveau bateau sortira au printemps 2021 et il y a des risques de léger retard du fait de l’arrêt des chantiers pendant un certain temps. Donc on s’interroge sur le fait de faire un tour du monde si peu de temps après une mise à l’eau. On est plutôt partisans – mais on n’est pas tout seuls à décider – d’une participation à la Transat Jacques Vabre : une course médiatisée, connue, sur un parcours adapté à une première année de navigation.

Finissons par le Vendée Globe, qui a été entouré pendant cette période Covid de pas mal d’incertitudes avant d’être finalement confirmé, quel est votre point de vue sur la question ?
Il y a trois choses : la première, c’est que le Vendée Globe est un événement excessivement positif sur le plan humain. Pendant le confinement, on n’arrêtait pas de se dire au sein de notre équipe que ça ferait beaucoup de bien en termes d’image collective que des gens partent sur cette aventure, sous réserves que ce soit dans des conditions sanitaires acceptables pour tout le monde. Donc on est heureux qu’il puisse se tenir. La deuxième chose, c’est que derrière le Vendée Globe, il y a toute une filière économique de chantiers, d’artisans, d’équipes, qui a besoin que le Vendée Globe ait lieu pour continuer à travailler et à inventer. Il y a aussi la filière économique du tourisme en Vendée. La troisième chose, c’est que toute crise amène à réinventer les modèles, celle-ci est une bonne occasion. Par exemple, le village sera peut-être différent, mais c’est peut-être l’occasion d’inventer d’autres choses, de développer le digital… L’avenir est devant nous, soyons disruptifs et créatifs, on n’est pas obligé de reproduire le même modèle ad vitam aeternam.

Qu’attendez-vous du Vendée Globe de Clarisse Crémer ?
On attend de vivre avec elle une très belle aventure. Ce qui est motivant pour un sponsor dans la voile en général et sur le Vendée Globe encore plus, c’est le récit fantastique que nous livrent ces marins qui s’engagent sur un chemin qui est celui de la réussite. Et la réussite, ce n’est pas seulement gagner, c’est aussi s’engager, surmonter des peurs, faire des choses pour la première fois. Je pense que là-dessus, Clarisse, qui est une personnalité étonnante, va nous amener une autre vision. Elle met beaucoup d’engagement, ne lâche rien, se nourrit d’Armel, de Ronan (Lucas, directeur du Team Banque Populaire), du team, elle pose mille questions, avec toujours le sourire, la joie de vivre, l’envie, le bonheur de se réaliser. Ce n’est pas du tout de l’inconscience mais une énergie qui la porte. Dans la voile, on a la chance de rencontrer de très belles âmes, Clarisse rentre dans cette catégorie.

Photo : Sailing Energy

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