470 test event

Test event de Marseille : la France en répétition

Marseille accueille du 9 au 16 juillet le test event olympique de voile. Un rendez-vous majeur sur la route des Jeux de Paris 2024 pour les organisateurs, mais aussi pour les participants, particulièrement ceux de l’équipe de France, conscients de jouer gros sur cet événement érigé en objectif prioritaire de la saison.

Un an avant le coup d’envoi des Jeux de Paris 2024 (26 juillet-11 août), le test event de Marseille, où se dérouleront les épreuves de voile, accueille du 9 au 16 juillet 348 athlètes venant de plus de 50 pays différents. “C’est un grand moment, se réjouit Guillaume Chiellino, directeur technique national de la Fédération française de voile. Avec les nouvelles recommandations du CIO, il y a toujours moins de test events, on a réussi à en préserver un pour notre sport, le premier à être organisé, on peut dire que les Jeux olympiques commencent par la voile.”

L’événement est organisé par le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojo), sous la responsabilité de Cédric Dufoix, en charge des sites olympiques de Marseille et de Nice (football), et de Nicolas Novarasailing sport manager de Paris 2024. La Fédération française de voile est venue en appui, pour, selon son président Jean-Luc Denéchau, joint par Tip & Shaft“le recrutement des national technical officers – mouilleurs, pavillonneurs, chronométreurs… – soit environ 150 personnes, dont nous avons fourni une liste à Paris 2024″.

Du côté de l’équipe de France, l’enjeu de ce test event est double, selon son directeur Philippe Mourniac. “C’est l’objectif de l’année, tant sur le plan sportif que sur celui de l’organisation générale, on veut en sortir avec le maximum d’éléments pour éventuellement optimiser notre fonctionnement pour l’année prochaine.” Dans cette optique, “nous avons vraiment essayé de coller à la configuration que nous aurons pour les Jeuxajoute Jean-Luc Denéchau, en annonçant notamment les sélectionnés pour le test event avant la SOF (Semaine olympique française) d’Hyères, comme ce sera le cas dans un an pour la liste des Jeux.”

 

Les Français dans le village olympique

 

Sur place à Marseille, les 14 sélectionnés français dans les dix séries sont placés dans des conditions similaires à celles des Jeux. On a choisi de les loger dans l’hôtel NH, qui fera partie du village olympique, mais également d’avoir une base arrière proche de la marina, avec un grand appartement et un jardin magnifique. L’idée est de disposer d’un espace appartenant exclusivement aux athlètes et au staff, pour les soins, la prépa physique… et dans lequel ils pourront se couper un peu de l’environnement”, explique Philippe Mourniac.

Ce test event doit aussi permettre aux sélectionnés de s’immerger dans une ambiance type JO, particulièrement ceux qui n’ont jamais vécu de tels rendez-vous. “On a des athlètes, comme Lauriane Nolot et Axel Mazella en kite ou Nicolas Goyard en iQFoil, qui sont des leaders dans leurs disciplines respectives depuis plusieurs années, mais découvrent l’olympisme, avec des épreuves différentes de celles qu’ils connaissaient avant, poursuit le directeur de l’équipe de France. Ils vont voir toutes les contraintes – parc fermé, niveau de sécurité élevé, accréditations… – c’est important qu’ils acquièrent le maximum d’expérience pour ne pas être surpris dans un an par ces aspects propres aux Jeux.”

Jérémie Mion, qui a déjà participé à deux test events en 470 à Rio et Tokyo et dispute celui de Marseille avec Camille Lecointre, confirme : “Le test event, c’est la seule fois de l’olympiade où tu peux « t’entraîner » aux conditions particulières des Jeux avec toutes les contraintes extérieures, mais également les sollicitations médiatiques, qui peuvent vite te polluer la journée avant de régater, c’est un aspect qu’il faut apprendre à maîtriser.”

 

Des objectifs élevés

 

Même répétition générale sur le plan sportif, selon l’expérimenté Jean-Baptiste Bernaz, champion du monde d’ILCA 7 (Laser) en 2022 et qui vise dans un an une cinquième participation aux Jeux. “On est dans le protocole identique à celui des Jeux, avec une sélection pour participer à ce test event, un représentant par nation par série et le même format de régates.” Pour Marie Riou, qui a déjà vécu des test events olympiques par le passé, notamment celui de Rio en 2015 avec Billy Besson en Nacra 17 (deuxième place), “c’est la seule compétition où tu retrouves vraiment 90% des concurrents que tu affronteras un an plus tard aux Jeux sur le même plan d’eau et à la même période de l’année, donc c’est vraiment important.”

Pour toutes ces raisons, le rendez-vous phocéen a été érigé en priorité de l’année par l’encadrement de l’équipe de France. “On veut vraiment marquer cette répétition de notre empreinte”, confirme Philippe Mourniac. S’il ne souhaite pas donner d’objectif chiffré de médailles, il ajoute : “Le but est de continuer à être en haut de l’affiche dans les six séries [Formula Kite et iQFoil hommes/femmes, 470 et ILCA 7] où on a déjà obtenu des podiums lors des deux épreuves majeures de chaque classe, à savoir championnat du monde et championnat d’Europe open. Dans les quatre autres [Nacra 17, ILCA 6, 49er, 49er FX] qui n’ont pas encore fait de podium sur ces compétitions, mais ont énormément progressé, on veut acter ces progrès, pourquoi pas en allant chercher des médailles.”

Dans un contexte de concurrence interne très forte dans certaines séries, les 14 athlètes retenus pour ce test event ont-ils une longueur d’avance sur leurs rivaux français en vue de la sélection olympique qui, d’après Guillaume Chiellino, sera annoncée “entre février et avril 2024” ? Ceux qui sont là ont déjà marqué des points auprès du comité de sélection, donc ils ont l’occasion de confirmer”, répond Marie Riou.

 

“Ça peut permettre
d’enfoncer le clou”

 

“Les critères de sélection sont confidentiels, mais il est bien évident qu’un compétiteur qui frapperait un grand coup sur ce test event se positionnerait bien en vue de la sélection”, explique Jean-Luc Denéchau, qui composera ce comité de sélection avec le directeur de l’équipe de France et le DTN. Jean-Baptiste Bernaz note que “dans l’histoire, quelle que soit la nation, la personne qui a bien marché sur un test event a globalement de bonnes chances d’aller aux Jeux l’année suivante”, tandis que Jérémie Mion, deuxième du test event de Rio en 2015 avec Sofian Bouvet, ajoute : “C’est sûr que ça peut permettre d’enfoncer le clou. Je prends cette sélection comme une chance, si ça se passe bien, c’est génial, dans le cas contraire, il ne faudra pas dramatiser et se battre pour la suite.”

La suite, ce seront les quelques championnats d’Europe par série encore au programme d’ici le début de l’année prochaine, les Mondiaux World Sailing de La Haye (10-20 août) n’étant visiblement pas en haut de la pile des priorités tricolores“Chaque athlète qui candidate à la sélection a reçu une note confidentielle contenant les épreuves sur lesquelles il est observé, explique Guillaume Chiellino. On recherche des championnes et des champions capables de gagner sur des plans d’eau de type climat méditerranéen, La Haye en août nous semble moins rentrer dans ces critères.”

C’est donc au premier trimestre 2024 que seront connus les 14 heureux élus pour Paris 2024, charge à eux, comme c’est statistiquement souvent le cas pour des Jeux à la maison, de décrocher des résultats à la hausse. On œuvre pour être médaillables dans les dix séries ; ça ne veut pas dire qu’on aura dix médailles, mais on veut être en mesure de jouer partout”, commente le DTN, tandis que son président Jean-Luc Denéchau ajoute : “On a eu trois médailles [deux en argent, une en bronze] à Tokyo, l’ambition est de faire mieux, en couleur ou en nombre.”

 

Photo : Lionel Cottin

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