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Paris 2024 : Quel coût et quelles retombées pour la voile française ?

Du 28 juillet au 8 août, Marseille accueillera les épreuves de voile des JO de Paris 2024. 330 marins internationaux, dont 14 Français, se disputeront les dix titres olympiques mis en jeu. Un événement majeur pour la cité phocéenne et l’équipe de France, qui ont dû investir massivement pour s’y préparer. Tip & Shaft vous en dit plus.

Dès le portail d’entrée, entre le futur bâtiment municipal et celui alloué aux associations, toute l’intensité du turquoise de la Méditerranée saisit d’emblée les visiteurs. La marina du Roucas Blanc, inaugurée en avril par la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera, et le maire de Marseille, Benoît Payan, est “le nouveau joyau de la ville et désormais le plus grand stade, en superficie, devant le Vélodrome”, s’enorgueillit Hervé Menchon, adjoint au maire, chargé du littoral et du nautisme.

C’est aussi le principal investissement réalisé dans la cité phocéenne dans le cadre des Jeux olympiques de Paris 2024. Au total, 7 000 m2 de bâtiments sont sortis de terre pour l’événement, 17 000 m2 d’espaces extérieurs ont été réaménagés, avec notamment un dragage et une dépollution complète du bassin.

Un chantier d’envergure qui a vu son coût sensiblement augmenter au fur et à mesure des années, notamment du fait de l’inflation. Chiffrée initialement à 39 millions d’euros, la facture avoisine en réalité les 50 millions d’euros. “Avant 2020, on demandait à la ville 20 millions d’euros. Nous avions renégocié à notre élection pour être proches des 10 millions, au final nous serons autour de 15 millions d’euros”, détaille Hervé Menchon. Le reste de l’addition est pris en charge par le département (6 millions), la région (5 millions), l’Europe (2,8 millions) et l’Etat français, qui a dû revoir également son enveloppe initiale (16 millions d’euros) à la hausse.

 

+ 10 à 15% de budget
pour l’équipe de France 

 

Un investissement massif dont bénéficient depuis plus d’un an déjà les athlètes français, dont les 14 sélectionnés pour Paris 2024, qui ont pu prendre possession du centre d’excellence dès mars 2023. “C’est évidemment la grande particularité de ces JO à domicile, on touche l’héritage avant le fait fédérateur, résume Guillaume Chiellino, directeur technique national de la Fédération française de voile. Hier, on était dans des bâtiments préfabriqués vieillissantsAujourd’hui, on a le plus beau bâtiment du monde dédié à la performance voile !

Forte de cette nouvelle infrastructure mise à sa disposition, la FFV a également revu à la hausse le budget de fonctionnement de l’équipe de France depuis 2021. Compris d’ordinaire entre 2 et 2,5 millions d’euros par an, il a “augmenté de 10 à 15 %, selon Guillaume Chiellino, en cohérence avec l’ampleur de l’événement et notre volonté de faire briller le sport français.”

Cette montée en puissance, qui a notamment permis de mobiliser plus de personnel encadrant et une meilleure préparation technique des bateaux, a été rendue possible par une augmentation de la dotation de l’Etat, notamment par le biais de l’Agence nationale du Sport. En 2023, les concours publics et subventions du ministère à la FFV ont ainsi atteint 4,329 millions d’euros, soit une hausse de 6% par rapport à l’année précédente, au titre de Paris 2024. “La Fédération a aussi mobilisé davantage ses services supports pour aider à la logistique et à l’organisation, et a renforcé sa communication puisqu’on bénéficie d’une couverture médiatique complètement inédite pour la voile olympique”, liste Guillaume Chiellino.

 

Soutien inédit
de Banque Populaire 

 

Pour couvrir ces frais supplémentaires, la FFV a aussi pu bénéficier d’un soutien accru de son partenaire principal depuis 24 ans, Banque Populaire. “La voile est notre sport de cœur, c’était donc évident de le soutenir pour un événement aussi populaire et chargé en émotions que sont les JO de Paris, dont nous sommes par ailleurs partenaires premium”, explique Thierry Bouvard, directeur du sponsoring et du mécénat du Groupe BPCE.

Si le montant du partenariat fait l’objet d’une clause de confidentialité, le responsable se félicite notamment du soutien accru accordé par les Banques Populaires régionales. Dans le cadre de la Fondation du sport français, elles ont ainsi versé à plus de 100 athlètes, dont 21 marins en préparation olympique, une dotation individuelle allant “jusqu’à 20 000 euros”, indique Thierry Bouvard.

Le soutien de Banque Populaire a également pris une forme inédite, avec un rapprochement entre les équipes olympiques et le Team Banque Populaire basé à Lorient, “un team avec un savoir-faire et une force de frappe exceptionnels, notamment sur toute la technologie liée aux foils”, rappelle Thierry Bouvard. “Depuis l’été 2023, plusieurs techniciens et deux personnes du bureau d’études sont mis à disposition de l’équipe de France, en iQFoil et surtout en Nacra 17”, confirme Ronan Lucas, le directeur de l’équipe de course au large. Dans cette dernière catégorie, on a développé avec le cabinet d’architectes VPLP un simulateur, comme en Ultim ou sur la Coupe de l’America, qui a permis aux marins de se perfectionner.

Le bateau du duo sélectionné en Nacra 17, Tim Mourniac et Lou Berthomieu, a également “passé dix jours à Lorient pour être soigné par nos équipes, avec notamment un scan 3D intégral pour s’assurer que tout soit aligné, symétrique, avec une carène parfaite”. Ce rapprochement pourrait être la “première pierre d’une collaboration d’avenir”, poursuit Ronan Lucas, qui a senti “un grand enthousiasme des équipes à travailler pour rapporter des médailles à la France.”

 

“Augmenter de 5 à 10 % 
le nombre de licenciés”

 

Car derrière tous ces investissements, l’enjeu des résultats – et des retombées qui en découleront – est forcément présent. “On attend beaucoup de ce sport excessivement performant sur les JO”, confirme Thierry Bouvard, de la BPCE, qui a aussi “revu à la hausse le budget des activations partenaires, avec notamment la venue du Maxi Banque Populaire XI à Marseille pour un grand moment de communion autour de la voile et de ses valeurs”.

Pour l’équipe de France, aucun objectif sportif n’a été fixé, “même si on espère toujours faire mieux qu’aux Jeux précédents [3 médailles à Tokyo, NDLR], indique le DTN. La FFV compte sur de bonnes performances des marins français pour créer un effet JO pour la voile en France“, avec l’objectif “d’augmenter de 5 à 10 % le nombre de licenciés”, poursuit Guillaume Chellino, qui voit dans le site marseillais “un cadre idyllique pour faire rêver le grand public. On peut faire de la voile la très très belle surprise de ces JO”.

Du côté de l’organisation de ces Jeux de Paris 2024, on se félicite d’ailleurs de la rapidité avec laquelle, depuis plus d’un an déjà, les épreuves de voile ont fait le plein. Quelque 12 000 tickets par jour ont été vendus, soit 140 000 personnes qui devraient ainsi assister aux épreuves, dont 35% d’étrangers, nous a fait savoir Cédric Dufoix, directeur d’exploitation des sites des JO 2024 à Marseille. Les retombées économiques directes espérées pour Marseille, qui accueille aussi des matchs de football, sont quant à elles évaluées à près de 200 millions d’euros.

Reste à savoir ce que deviendra la marina du Roucas Blanc après les Jeux. “C’est évidemment crucial de faire en sorte que les Marseillais s’emparent de cet héritage, confirme l’adjoint au maire, Hervé Menchon. Outre le QG de l’équipe de France, le site devrait devenir un stade nautique capable d’accueillir environ 11 000 scolaires par an, contre les 4 000 actuels. “C’est une vraie stratégie de la mairie de parier sur la voile pour unir les Marseillais, et sortir de l’image du football et de la drogue, explique Hervé Menchon. L’objectif, qui a été mis au budget, c’est que tous les enfants puissent s’initier avant leur entrée en 6e. Il y a un vrai enjeu d’ouverture sur le monde et la nature, sachant qu’ici, la moitié des élèves de cet âge ne savent pas nager.” 

Cette formation des jeunes pourrait en outre permettre de constituer un formidable réservoir de talents pour l’équipe de France, se réjouit Guillaume Chiellino, et, qui sait, former les athlètes des prochains Jeux olympiques.”

Photo : Sailing Energy

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