La France ambitieuse en kite

La France en ordre de marche pour Paris 2024

La composition de l’équipe de France olympique pour la saison 2022 a été dévoilée jeudi dernier. Tip & Shaft vous en dit plus sur la préparation des marins tricolores en vue des Jeux de Paris 2024.

 

La Fédération française de voile a communiqué jeudi la liste des membres de l’équipe de France 2022 dans les dix séries qui seront représentées aux JO de 2024. Elle est composée de 28 athlètes (13 femmes et 15 hommes) et dirigée par Philippe Mourniac – successeur de Guillaume Chiellino, promu directeur technique national. “Les Jeux Olympiques sont déjà extraordinaires, mais les disputer dans son pays, cela arrive une fois par siècle, c’est phénoménal ! On sent un véritable engouement”, s’enthousiasme ce dernier.

Ce que confirme Charline Picon, médaillée d’argent en RS:X à Tokyo après avoir décroché l’or à Rio, désormais engagée en 49er FX avec Sarah Steyaert : “Si les JO de 2024 n’avaient pas lieu en France, nous n’aurions pas forcément lancé un tel projet. Quand je me suis retrouvée au Trocadéro après ma médaille à Tokyo, je me suis dit que ça allait être quelque chose d’énorme, une opportunité unique.”

L’opportunité est d’autant plus unique que les voileux tricolores n’ont pas à gagner leur sélection dans les dix séries. “En tant que pays hôte, la France est assurée d’être représentée dans les dix disciplines sans avoir besoin de sélectionner la série en amont. C’est une pression en moins, rappelle Philippe Mourniac. Il n’y aura en revanche qu’un seul représentant par pays, d’où une très forte concurrence interne. “Nous devons travailler en équipe pour faire monter le niveau de l’ensemble des athlètes. En même temps, il y a un côté impitoyable car la sélection est rude. Il faut donc collaborer tout en étant concurrents. C’est toute la difficulté d’une préparation olympique”, ajoute le directeur de l’équipe de France.

 

Sélections entre l’été 2023
et le printemps 2024

 

Dans ce contexte, représenter la France aux JO de 2024 constitue déjà un défi important. “Nous étudions le meilleur process pour sélectionner les athlètes ayant le plus de potentiel pour chercher les médailles d’orFin 2022, on explicitera le mode retenu dans chaque série. Il est probable que les sélections se déroulent entre l’été 2023 et le printemps 2024.” Si les sélectionnés pour 2022 ont forcément un avantage, avec des aides financières pour la logistique, le matériel, les déplacements, mais aussi la mise à disposition d’entraîneurs et d’infrastructures, ceux qui n’en font pas partie gardent encore toutes leurs chances d’être retenus.

Revenue de Tokyo avec trois médailles, la France visera forcément plus haut sur le plan d’eau de Marseille, même si la fédération reste pour l’instant prudente sur le sujet. A ce stade, nous n’avons pas d’objectif chiffré, mais nous savons que nous avons des belles cartes à jouer dans toutes les séries”, assure Philippe Mourniac. Notamment dans les nouvelles disciplines, où les Français sont au top niveau mondial et l’émulation à son maximum. En iQFoil (nouvelle série en planche à voile), l’équipe de France masculine regroupe ainsi Nicolas Goyard (champion du monde et d’Europe 2021), son frère Thomas (médaillé de bronze à Tokyo en RS:X) et deux autres planchistes très expérimentés, Pierre Le Coq (médaillé de bronze à Rio) et Louis Giard. “Pour le moment, j’ai une petite avance, mais c’est très serré et il va falloir se battre pour rester au top niveau”, précise Nicolas Goyard. Chez les femmes, on retrouve Hélène Noesmoen (championne du monde et d’Europe 2021), Lucie Belbeoch et Delphine Cousin.

Très gros niveau encore en kitefoil masculin avec Théo de Ramecourt, Axel Mazella et Benoît Gomez, respectivement 1er, 2e et 4e au championnat du monde 2021. En kitefoil féminin, Lauriane Nolot (médaillée de bronze au mondial 2021) et Poema Newland (championne d’Europe) composent l’équipe de France. D’autres concurrentes, comme Alexia Fancelli ou Jessie Kampman, sont également des candidates à la sélection.

 

“La sélection sera plus disputée
que pour les précédentes olympiades”

 

Le 470 étant devenu mixte, les duos présents aux JO de Tokyo… se sont mixés : Kevin Peponnet s’est associé avec Aloïse Retornaz, Jérémie Mion avec Camille Lecointre. “Nous avons l’habitude que nos coéquipiers d’un jour deviennent des adversaires le lendemain, explique Kevin Peponnet. Il y a beaucoup d’adversité en 470, et pas seulement avec Camille et Jérémie. Je pense que cinq ou six équipages peuvent se qualifier.” Camille Lecointre partage ce point de vue : “Le côté mixte attire et la sélection sera plus disputée que pour les précédentes olympiades.”

En 49er, Emile Amoros et Lucas Rual rempilent après leur 15e place à Tokyo. En 49er FX, Charline Picon s’est donc associée à l’expérimentée Sarah Steyaert, ex lasériste. “Sarah m’apprend tous les jours pour que j’appréhende au mieux ce bateau technique et instable. Je n’avais jamais touché une écoute, je partais de très bas. Je progresse doucement mais sûrement”, raconte la double médaillée olympique de planche. En dériveur ILCA homme et femme (ex Laser et Laser Radial), Jean-Baptiste Bernaz et Marie Bolou, présents à Tokyo, sont encore en équipe de France. “J’ai laissé passer du temps parce que je voulais être sûr de vouloir rempiler, commente le premier, qui se lance dans une cinquième préparation olympique. Je pense toujours avoir mes chances pour aller naviguer au plus haut niveau. Je cours après le Graal olympique parce que c’est ça qui m’anime depuis 20 ans.”

 

Nacra 17 : Besson de retour,
Cammas en embuscade

 

En Nacra 17, Quentin Delapierre et Manon Audinet (8e à Tokyo) repartent, eux aussi, pour une préparation olympique. “J’ai vraiment envie d’y retourner, parce que j’ai un gros sentiment d’inachevé, j’ai l’impression qu’il y avait la place pour faire un podium à Tokyo et d’avoir manqué l’opportunité”, confie le premier. Intronisé skipper de l’équipe française de SailGP l’automne dernier, Delapierre va se retrouver en concurrence avec celui qu’il a remplacé, Billy Besson, puisque le quadruple champion du monde (avec Marie Riou), fait son grand retour en Nacra, associé à la Néo-Calédonienne Noa Acian.

Également en équipe de France, les jeunes Tim Mourniac et Lou Berthomieu, 4e du dernier championnat du monde, ne font pas de complexes, tandis qu’un retour de Franck Cammas, qui avait déjà effectué une partie de la préparation olympique pour Rio 2016, est dans les tuyaux. Ce que confirme Philippe Mourniac : Franck montre une réelle volonté d’être présent à Marseille en 2024. On connaît son caractère, il est surmotivé pour cette aventure ! Mais rien n’est fait car il doit trouver une équipière.” D’après nos informations, l’Aixois est justement en ce moment au Portugal où il s’entraîne avec la lasériste Pernelle Michon.

Pour tous, l’une des priorités est de continuer à se familiariser avec le plan d’eau marseillais. “Nos athlètes ont déjà beaucoup navigué à Marseille mais nous devons perfectionner leurs connaissances, explique Philippe Mourniac. Marseille va devenir la maison de l’équipe de France, le centre d’entraînement numéro 1. Pour le moment, nous sommes dans des bâtiments provisoires mais nous avons tout de même un magnifique outil de travail. Début 2023, la marina olympique sera livrée. Ce sera le futur pôle France de Marseille et la base de notre équipe.”

Certains ont anticipé depuis longtemps, à l’instar de Kevin Peponnet : “Quand j’ai su que les épreuves de voile des JO de Paris se dérouleraient à Marseille, je me suis installé ici, en 2017Je n’ai pas tergiversé. Il est impératif de connaître le plan d’eau par cœur.” Pour d’autres, la démarche est plus récente. “Avec ma famille, je vais déménager de Brest à Marseille pour gagner du temps et mettre toutes les chances de mon côté”, explique par Camille Lecointre. S’entraîner un maximum sur le spot des JO est évidemment un plus, “mais attention à ne pas non plus s’enfermer dans des schémas. Il faut rester ouvert et attentif à son feeling, à ses intuitions”, rappelle Charline Picon.

 

Photo : Sailing Energy

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