En février dernier, la FFVoile lançait un appel à candidatures à l’adresse des duos souhaitant se positionner pour défendre les couleurs de la France lors des championnats d’Europe et du monde offshore double mixte 2020, initialement prévus en juin à Monaco et en octobre à Malte. 7 duos y ont répondu : Pierre Leboucher et Mathilde Géron, qui avaient participé en octobre 2019 au tout premier championnat d’Europe sur le L30 (4e place), Benjamin Schwartz et Marie Riou, Alexis Loison et Amélie Grassi, Sébastien Marsset et Luce Molinier, Louis Burton et Servane Escoffier, Paul Meilhat et Elodie Bonafous, Charles et Violette Dorange.
La période Covid est passée par là, conduisant à l’annulation du championnat du monde et au report à fin août du championnat d’Europe, déplacé à Gênes. Ce qui a forcément réduit le nombre de candidats, puisque cette date correspond à celle du départ de la Solitaire du Figaro, à laquelle participent Pierre Leboucher, Alexis Loison, Elodie Bonafous et Violette Dorange. Des trois candidatures restantes, le DTN Jacques Cathelineau a opté pour le duo Schwartz/Riou : “Comme on n’avait pas d’épreuves existantes, on a regardé la solidité du projet et le passé sportif. Les deux sélectionnés avaient un beau parcours, olympique pour Marie, de course au large pour Benjamin, ils se connaissaient un peu, c’est l’équipage qui nous a paru le plus évident, il n’y a pas eu trop de débat.”
Comment Benjamin Schwartz et Marie Riou se sont-ils décidés à postuler ? “Le fait de m’engager dans un projet comme ça avec une perspective de long terme me trottait dans la tête, répond le premier. Quand j’ai vu l’appel à candidatures, Marie m’est apparue comme la partenaire idéale, on se connaissait de la campagne Dongfeng sur la Volvo Ocean Race, je lui ai proposé de déposer un dossier.” Marie Riou ajoute : “C’est un nouveau projet, avec un format qui me plaît, l’association avec Ben colle bien, on est assez complémentaires.”
L’un comme l’autre se projettent-ils d’ores et déjà vers Paris 2024, où la course au large mixte fera son apparition au programme olympique ? “Pourquoi pas ? Mais je laisse les choses venir. Tout est nouveau, c’est une année pour voir“, modère la quadruple championne du monde de Nacra 17, tandis que le champion de France Elite de course au large en titre ajoute : “On ne fait pas de plans sur la comète, mais c’est sûr que si tu veux t’engager sur un projet olympique, c’est bien de commencer dès maintenant à prendre nos marques ensemble, de montrer qu’on est là et de se montrer sur la scène internationale.”
Pour les aider à préparer le championnat d’Europe, mais également pour développer un collectif olympique course au large en vue de Paris 2024, la FFVoile a choisi de nommer un entraîneur spécifique, Pascal Rambeau. Double champion du monde de Star et médaillé de bronze olympique, le Rochelais accompagnait jusqu’ici le lasériste Jean-Baptiste Bernaz pour les JO de Tokyo, il sera remplacé par Stéphane Christidis. “Je ne cache pas qu’un an de plus en Laser avec le report des Jeux, ça devenait un peu long, j’avais besoin d’un nouveau challenge, commente Pascal Rambeau. Quand on m’a proposé le poste, j’ai pris le temps de réfléchir, parce que même si j’ai fait le Tour de France et un peu de gros bateau, du TP52 ou du RC44, j’avais moins d’expérience en course au large et je sentais que j’avais besoin de soutien dans certains domaines de compétences. Le fait qu’on ait un bon partenariat avec le pôle de Port-la-Forêt, et notamment avec Jeanne Grégoire, m’a rassuré.”
En effet, le pôle Finistère de Port-la-Forêt, seule structure fédérale consacrée à la course au large, fait partie du dispositif naissant, avec notamment l’implication de Jeanne Grégoire, coach du pôle, qui avait déjà suivi le duo Leboucher/Géron sur l’Euro 2019. “C’est un projet qui nous tient vraiment à cœur, explique-t-elle. Avec Pascal, on est assez complémentaires : lui a des compétences techniques très spécifiques et une connaissance pointue de l’olympisme, moi et le pôle, on est plus sur l’aspect course au large, l’association entre Marie et Benjamin reflète d’ailleurs bien cette complémentarité.”
Concrètement, le projet se structure cette année en deux parties : la préparation spécifique du championnat d’Europe et la mise en place d’un collectif course au large. Pour l’Euro, un premier stage à trois Figaro 3 (avec Pierre Leboucher/Mathilde Géron et Violette Dorange) a été organisé à Port-la-Forêt du 7 au 9 juillet, un deuxième cette semaine en L30 à Marseille (photo). Le suivant est prévu du 6 au 12 août, toujours à Marseille, où aura lieu, du 20 au 23, le Championnat d’Europe de L30 en équipage de quatre. “Pour accompagner Marie et Benjamin, on va faire venir un spécialiste de Marseille et quelqu’un de l’olympisme qui pourrait barrer” explique Pascal Rambeau, sans donner de noms.
Le championnat d’Europe de course au large double mixte suivra du 30 août au 5 septembre à Gênes (une quinzaine de duos attendus), avec des objectifs ambitieux : “On a l’immodestie de croire qu’on a une toute petite avance en course au large, parce qu’on a un historique, mais on sait que cette avance ne va pas durer trois ans. Donc il faut très vite marquer notre territoire au plus haut niveau international, le duo n’y va évidemment pas pour faire de la figuration”, confirme Jacques Cathelineau. Marie Riou précise : “Le podium, ce serait bien, la victoire la cerise sur le gâteau.”
La suite du programme ? “Après Gênes, on lance le travail collectif, on regroupe tout le monde, on met à plat notre façon de collaborer. On devrait faire quatre stages d’octobre à décembre, entre Port-la-Forêt et sans doute Marseille”, explique Pascal Rambeau qui pourra compter sur quatre duos pour jouer le jeu de ce collectif : Pierre Leboucher/Mathilde Géron, Benjamin Schwartz/Marie Riou, Sébastien Marsset/Luce Molinier, Violette et Charles Dorange. D’autres pourront suivre au sein de ce collectif ou ailleurs : “Je pense que certaines écuries privées vont se mettre sur le coup, ça va faire de la concurrence, mais aussi de la coopération franco-française”, explique ainsi Jacques Cathelineau.
Qui, lorsqu’on lui demande le budget alloué au dispositif répond : “Environ 50 000 euros pour l’ensemble d’une saison“. Dont une bonne partie consacrée à la location de bateaux, la FFVoile n’ayant ni les moyens ni la volonté d’en acheter, d’autant qu’on ne saura pas avant 2023 sur quel support aura lieu la régate de Marseille en 2024 (voir notre article). “Il y a une vraie contrainte budgétaire, ajoute Pascal Rambeau. Les tarifs de location sont extrêmement élevés, quasiment 1 000 euros TTC par jour, sans compter les places de ponton, ça représente près de 80% du budget, donc on cherche des solutions.”
Des solutions que les candidats à l’aventure olympique vont aussi être amenés à chercher auprès de partenaires, avec la possibilité pour eux de continuer à mener des projets parallèles, au moins dans un premier temps. Ce que font d’ailleurs cette année Marie Riou, engagée en Diam 24 avec La Boulangère, et Benjamin Schwartz, qui continue à travailler avec Spindrift. “Il faut qu’on arrive à jongler avec ça, parce qu’on ne peut pas les prendre en charge à 100%, donc ils sont obligés de continuer à côté, mais c’est un bon complément de préparation, surtout s’ils font du Figaro ou un support assez proche”, conclut le DTN.