49er

Clément Péquin : “On est capables de réaliser de grandes choses”

A une semaine du coup d’envoi des Jeux olympiques de Paris 2024Tip & Shaft poursuit ses interviews des sélectionnés français avec Clément Péquin, 31 ans. En semaine « off » avant de retourner à Marseille, celui qui a été sacré champion du monde de 49er en mars dernier avec Erwan Fischer, une grande première pour la voile tricolore dans cette série, a pris le temps de nous répondre.

▶︎ Dans quel état d’esprit se sent-on à un peu plus d’une semaine du coup d’envoi de ses premiers JO, stressé ?
Non, pour le moment, je ne suis pas stressé, rien ne laisse paraître dans mon corps que j’ai une grosse compétition qui commence dans une semaine. Par contre, j’ai hâte que ça démarre, parce que je sais qu’avec Erwan, on a bien fait le boulot sur les points qu’on voulait travailler avant les Jeux, on se sent vraiment prêts, en symbiose tous les deux, donc j’ai vraiment envie d’être sur la ligne de départ le 28 juillet. Après, le stress va forcément monter au moment où on va revenir à la marina olympique à partir de samedi, et encore plus une semaine plus tard, parce qu’on a fait le choix de participer à la cérémonie d’ouverture le 26 juillet. On s’est toujours dit avec Erwan qu’on voulait profiter des Jeux à 100%, la cérémonie d’ouverture en fait partie, je pense que le fait d’y aller va vraiment me faire prendre conscience de la grandeur de l’événement et me donner envie de me surpasser pendant les cinq jours d’épreuve.

▶︎ Quel a été votre programme ces dernières semaines ?
Depuis qu’on est revenus à Marseille, on s’est fait une flèche du temps en découpant le travail en plusieurs compartiments. On a commencé par une première semaine, début juin, sur tout ce qui était préparation et choix du matériel. Ensuite, on a ciblé les départs et le vent arrière, on a aussi travaillé sur les virements de bord et les empannages dans le petit temps, parce qu’on sentait que ce n’était pas encore parfait. Le troisième bloc a été consacré à la partie régate, confrontation, on a disputé une « coach regatta » de deux jours avec une quinzaine de sélectionnés olympiques et leurs partenaires, on était une trentaine en tout. Et on a vu qu’on était dans le match, parce qu’on a terminé deuxièmes en étant très contents de notre prestation, d’autant qu’on a eu des conditions différentes sur les deux jours, on a été compétitifs dans plusieurs panels de vent. On a fini par un stage au cours duquel on s’est plus centrés sur nous-mêmes en bossant un peu plus les aspects techniques qui nous venaient en tête au jour le jour, en fonction des conditions.

▶︎ Avec qui vous entraînez-vous dans cette dernière ligne droite ? Des Français, des étrangers ?
Une fois qu’on a été sélectionnés, on a sollicité Julien d’Ortoli et Noé Delpech, qui avaient terminé neuvièmes du championnat du monde de Lanzarote, pour savoir s’ils voulaient travailler avec nous. On savait qu’ils allaient tirer leur révérence à l’issue de cette olympiade, on les a rappelés malgré leur non-sélection, notamment parce qu’ils sont tous les deux de Marseille, mais aussi en raison de leur expérience, on s’est dit qu’ils pouvaient nous aider à solutionner certains points tactiques et techniques. Ils ont accepté et on est très contents d’avoir partagé ces dernières semaines avec eux, parce qu’ils ont été très engagés, ils nous ont beaucoup appris et nous ont fait progresser sur nos points faibles. Donc un grand merci à eux !

 

“On est une petite dizaine
à prétendre à une médaille”

 

▶︎ En quoi une régate olympique est-elle différente de celles que vous avez l’habitude de courir, en Coupe du monde ou sur les grands championnats ?
C’est très différent, parce qu’en général, on est entre 80 et 100 durant les compétitions, là, on va seulement courir à 19, ça change la donne car ça va forcément créer plus d’espace sur les parcours, qui, eux, restent identiques, et donc rendre encore plus importante la vitesse des bateaux. Je pense que celui qui réussira à être rapide dans toutes les conditions aura un avantage.

▶︎ Est-ce que ça veut dire que c’est plus facile de décrocher un titre olympique que mondial ?
(Rires). C’est vrai que d’un point de vue comptable, ça paraît plus simple, mais je pense que le fait d’avoir plus d’espace laisse plus d’opportunités aux 19 d’exprimer leur vitesse, leur technique, et vu le niveau des qualifiés, je ne pense pas que ce soit vraiment plus simple !

▶︎ Peux-tu nous faire les présentations ?
Si on regarde cette olympiade, 10 des 19 protagonistes des JO ont déjà réalisé un podium sur une Coupe du monde ou des grands championnats, ça montre le niveau dans cette série. On est donc une petite dizaine à pouvoir prétendre à une médaille, je pense notamment aux Espagnols (Diego Botin/Florian Trittel) qui ont remporté cette année la Coupe du monde de Palma et d’Hyères, ils viennent juste de gagner la saison 4 de SailGP, c’est la preuve qu’ils sont en forme, j’espère qu’ils auront tout donné et auront moins d’énergie dans dix jours ! Il y a aussi les frères croates Fantela, champions du monde en 2018, l’un des deux a été champion olympique en 470 à Rio, les Américains, le Hollandais Bart Lambriex qui, avec son partenaire Floris (Van de Werken), a été trois fois champion du monde pendant l’olympiade, les Uruguayens, qui ont gagné les championnats d’Europe à La Grande Motte, les Autrichiens…

 

“Je suis très fier du
parcours qu’on a réalisé”

 

▶︎ Vous êtes champions du monde en titre, le vois-tu comme un avantage ou comme une source de pression supplémentaire ?
Ça ne met pas de pression supplémentaire, mais de la confiance en plus. Pour autant, avec Erwan, l’un comme l’autre, on se remet beaucoup en question, on sait que rien n’est jamais acquis et ça nous pousse à avoir le sens du détail. On est toujours animés par l’envie de faire mieux. Maintenant, ce titre nous a confirmé qu’on était capables de réaliser de grandes choses et qu’on a les moyens, nous aussi, d’aller chercher ce graal olympique.

▶︎ Votre « PO » n’aura pas été simple, avec notamment des blessures (écouter Pos. Report #155), quand tu te retournes sur ces trois ans, qu’est-ce que tu te dis ?
C’est vrai que ça a été les montagnes russes ces dernières années, donc le sentiment, c’est de me dire que je suis très fier du parcours qu’on a réalisé avec Erwan car il a vraiment été semé d’embûches, avec quatre opérations à nous deux en trois-quatre ans. Malgré cela, on y a toujours cru dur comme fer, je me dis que si on en est là aujourd’hui, c’est qu’il fallait passer par ces hauts et ces bas, et pour le moment, ça nous sourit !

▶︎ Vous serez la première série à entrer en lice (avec l’iQFoil), vous vous sentez investis de la responsabilité de bien lancer l’équipe de France ?
On va surtout être les premiers à terminer, avec les FX, donc oui, on sait que si on arrive à lancer la compétition avec de bons résultats, ça peut éveiller des rêves chez certains. Ça serait magnifique pour tout le groupe qu’on ramène la première médaille, on va tout donner pour !

▶︎ Quand tu dors la nuit, ça t’arrive ces derniers temps de rêver que tu es sur la plus haute marche du podium ?
C’est étrange, mais plus on approche de l’événement, plus mes rêves se concentrent en effet autour de cette boîte olympique. Je rêve beaucoup de 49er à Marseille ces dernières nuits, de podium, il y a quelques petits appels comme ça, je sens vraiment que petit à petit, je prends cet événement à fond. Maintenant, j’espère que ces rêves vont se réaliser !

Photo : Sailing Energy

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