Le ponton du Vendée Globe aux Sables d'Olonne

Vendée Globe 2024 : l’avis de course décrypté

La SAEM Vendée, organisatrice du Vendée Globe, a dévoilé jeudi l’avis de course de l’édition 2024, élargissant le nombre d’inscrits à 40Tip & Shaft en décrypte les grandes lignes et fait le point sur les bateaux en vue de cette 10e édition.

A trois ans du départ (10 novembre 2024), la SAEM Vendée a dévoilé l’avis de course avec cinq mois d’avance par rapport à l’édition précédente. “Face à l’engouement des projets et à l’attente des skippers, il fallait produire ce document rapidement pour leur donner de la visibilité. En outre, la Transat Jacques Vabre 2021 permet de marquer des milles, nous voulions donc que l’avis de course sorte avant”, explique à Tip & Shaft Alain Leboeuf, successeur d’Yves Auvinet à la tête du conseil départemental de Vendée et président la SAEM depuis cet été.

Contrairement à l’édition précédente, l’organisateur n’a pas attendu la nomination du directeur de course – qui sera connu deux ans avant le départ – pour rédiger cet avis de course. Il s’est tout de même appuyé sur “une partie de l’ancienne équipe de direction de course”, selon Alain Leboeuf, mais également sur la classe Imoca et son président, Antoine Mermod.

La principale information est l’élargissement du nombre maximum d’inscrits à 40 (34 sur l’édition 2020, avec finalement 33 partants). “On a décidé d’ouvrir au vu des nombreuses déclarations d’intention, mais pour des raisons liées à la sécurité en course, il fallait fixer une limite, poursuit Alain Leboeuf. Mais aussi pouvoir accueillir tout le monde à Port Olona, ce qui sera le cas, selon l’élu : “J’ai posé la question à nos services [le département est en charge de l’exploitation des ports, NDLR] qui ont réalisé une étude de faisabilité, on a aujourd’hui la certitude de pouvoir accueillir 40 bateaux sur les pontons que vous connaissez et qui seront évidemment revus.”

Cet élargissement à 40 est une bonne nouvelle pour les candidats au départ : On peut dire un grand merci à la SAEM parce que ça va desserrer l’étau sur pas mal de skippers, confirme Fabrice Amedeo. Personnellement, j’avais comptabilisé 42 bateaux potentiellement partants en 2024 (voir notre décompte ci-dessous), si on était restés sur une limite à 34-35, il y aurait eu de la tension.”

 

Finie,
la prime aux finishers 

Autre point important : la qualification, plus exigeante. Pour la valider, “chaque binôme skipper/bateau du Vendée Globe 2024 devra avoir pris le départ d’un minimum de deux courses en solitaire (dont une en 2022 ou 2023 ET une en 2024) ET avoir terminé classé au moins de l’une de ses deux courses.” Les courses concernées sont la Vendée Arctique-Les Sables d’Olonne et la Route du Rhum 2022, la course retour de la Jacques Vabre 2023, The Transat CIC 
et New York-Vendée-Les Sables en 2024. “Sur le précédent Vendée Globe, les trois quarts des concurrents ont terminé classés, on veut essayer de faire en sorte que ce soit encore le cas. Donc il faut des skippers suffisamment entraînés et préparés, d’où le renforcement de la qualification”, commente Alain Leboeuf.

Autre précision d’importance : pour que la qualification soit validée, le prétendant doit avoir terminé une de ces deux courses dans un temps “inférieur à celui du vainqueur augmenté de 50%” (par exemple, si le premier met 10 jours, il faut terminer en moins de 15 jours). “Avec cette règle des 50%, on veut éviter que certains partent en promenade sur les courses qualificatives”, poursuit l’élu.

Le Vendée Globe précédent ne figure plus dans la liste des courses qualificatives, supprimant la prime aux finishers existante sur l’édition 2020. “On a trouvé que cet avantage était un peu disproportionnéjustifie Antoine Mermod. D’ailleurs, ils sont très peu à en avoir eu besoin sur le précédent Vendée car parmi ceux qui avaient rempilé, la grande majorité avait beaucoup navigué. Un ou deux n’ont en revanche que fait le Vendée Globe. Le but est de valoriser ceux qui vont bien se préparer.” En clair, un Sébastien Destremau ne pourra plus se présenter sur le Vendée Globe 2024 sans avoir disputé la moindre course en solitaire sur son bateau, comme il l’avait fait lors de l’édition 2020. “Le fait qu’il n’y ait plus cette prime aux finishers met forcément un peu plus de pression, commente Clément Giraud, qui tente de relancer une campagne. Maintenant, le fait d’élargir à 40 laisse a priori de la place à tout le monde.”

 

Des exemptions à la sélection,
les droits d’inscription doublé

 

Et s’ils sont plus de 40 concurrents à avoir finalisé leur dossier d’inscription avant le 1er juillet 2024 – avec leur qualification bouclée -, une sélection, comme en 2020, les départagera en fonction du nombre de milles parcourus sur 12 épreuves des Imoca Globe Series. Des milles assortis d’un système de coefficients : 1 pour le solitaire, 0,5 pour le double, 0,25 pour The Ocean Race (dans la limite de 5 000 milles), la New-York-Vendée bénéficie d’un coefficient de 1,5, la SAEM souhaitant inciter les coureurs à disputer cette dernière répétition avant le Vendée Globe, qu’elle organise également.

La sélection ne s’appliquera cependant pas aux 13 premiers bateaux neufs à prendre le départ d’une course de qualification : “On a pensé que la proportion d’un tiers/deux tiers était intéressante, il faut continuer à avoir des bolides qui fassent rêver les gens, mais on veut aussi que des marins puissent participer avec des budgets raisonnables”, commente Alain Leboeuf. L’autre exemption concernera la wild card laissée à discrétion de l’organisateur, qui n’a souhaité en conserver qu’une contre quatre en 2020. Un choix juste selon Fabrice Amedeo : “Ça aurait paru intenable d’avoir une sorte de droit de vie et de mort sur trois ou quatre skippers ayant bossé pendant trois ans pour faire la course aux milles.”

Dernier point notable : le doublement des droits d’inscription, qui passent de 10 000 à 20 000 euros. “On était pas en-dessous des prix pratiqués, mais on reste plutôt dans la normeL’élargissement de la flotte a aussi des conséquences en termes de coût pour l’organisation”, justifie le président de la SAEM. Comme les quelques skippers contactés par Tip & Shaft, Antoine Mermod ne se montre pas choqué : “Ce n’est pas une bonne nouvelle en valeur absolue, mais l’avantage d’une organisation de type SAEM, c’est qu’elle n’a pas d’objectifs lucratifs, donc on sait que ces moyens seront intégralement utilisés pour le bénéfice de la course et donc de ses concurrents.”


Les bateaux de génération Vendée Globe 2004 n’étant plus éligibles, Tip & Shaft a listé 44 Imoca potentiels au départ en 2024 (sans compter les projets de bateaux neufs encore dans les cartons) :

  • 10 bateaux neufs annoncés pour Yannick Bestaven, Jérémie Beyou, Sam Davies, Kevin Escoffier, Boris Herrmann, Thomas Ruyant, Arkéa-Paprec (skipper bientôt annoncé), Maxime Sorel, Jörg Riechers et 11th Hour Racing, auxquels il faut en ajouter un autre, prochainement dévoilé pour Charlie Dalin. Alex Thomson, dont le contrat avec Hugo Boss s’achève fin 2021, a de son côté annoncé lundi qu’il ne repartirait pas en 2024, mais souhaite, avec son équipe, lancer un Imoca neuf, idéalement un plan VPLP chez Carrington Boats, pour un-e autre skipper. Quant à Armel Tripon, il a annoncé son intention de construire un bateau neuf, mais cherche des partenaires.
  • 8 de la génération Vendée Globe 2020 Charal (potentiellement à vendre en 2022), Hugo Boss (vendu à Alan Roura), Bureau Vallée (Louis Burton), Apivia (qui, d’après nos informations, sera racheté par Banque Populaire pour Clarisse Crémer), DMG Mori (Kojiro Shiraishi), LinkedOut (à vendre fin 2022), Corum L’Épargne (Nicolas Troussel), Arkéa Paprec (à vendre).
  • 6 foilers de la génération Vendée Globe 2016 qui seront au départ en 2024 avec par Benjamin Dutreux (actuel 11th Hour Racing-Alaka’i), Fabrice Amedeo, Romain Attanasio, Pip Hare, Giancarlo Pedote et Damien Seguin (actuel Maître CoQ), mais également un Imoca à dérives, Laboratoires de Biarritz (Denis Van Weynbergh), ex Spirit of Hungary de Nandor Fa, mis à l’eau en 2014.
  • 3 de la génération Vendée Globe 2012 : Banque Populaire X, racheté par Benjamin Ferré, l’actuel Initiatives Cœur (vendu à Arnaud Boissières), Offshore Team Germany (qui devrait disputer The Ocean Race 2022).
  • 15 de la génération Vendée Globe 2008 Compagnie du lit/Jiliti (appartenant à Erik Nigon et à vendre, Clément Giraud souhaite de son côté changer de bateau), Ebac (Antoine Cornic), Apicil (à vendre), Groupe Setin (Manu Cousin le garde), Kostum-Lantana Paysage (Louis Duc cherche à boucler son budget), La Fabrique (à vendre, Alan Roura va bientôt dévoiler un nouveau projet), La Mie Câline (vendu en 2022 à Rodolphe Sépho), MACSF (Isabelle Joschke le garde), Stark (Ari Huusela nous a confié l’avoir vendu), The Mountain Man (Beat Fankhauser, qui vient de se retirer de la Transat Jacques Vabre), Time For Oceans (à vendre, Stéphane Le Diraison souhaite acquérir un nouvel Imoca), V&B Mayenne (à vendre), Water Family (racheté par Guirec Soudée), Yes We Cam (Violette Dorange vient d’annoncer qu’elle comptait participer au Vendée Globe dessus) et Merci (Sébastien Destremau).

 

Photo : Eloi Stichelbaut / polaRYSE / Imoca

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