Vendée Globe

Qui va gagner le Vendée Globe 2024 ?

40 skippers prennent le départ dimanche à 13h02 de la 10e édition du Vendée Globe. Pour évaluer les forces en présence, Tip & Shaft s’est entouré de quatre vainqueurs de l’épreuve, Michel Desjoyeaux (2000 et 2008), Vincent Riou (2004), François Gabart (2012) et Armel Le Cléac’h (2016), ainsi que des navigateurs Christopher Pratt et Franck Cammas

Sur les 40 Imoca en lice, parmi lesquels figurent 13 bateaux neufs, une dizaine est éligible à la victoire et une vingtaine au podium”, selon Christopher Pratt, qui ajoute : La densité du plateau est certainement sans précédent et un niveau de préparation des skippers et de leurs machines qui ne cesse de progresser, on peut donc s’attendre à ce que les vitesses des bateaux augmentent et que le temps de course diminue, si tant est que la météo le veuille bien.”

Vincent Riou abonde : Ils sont préparés comme cela n’a jamais été le cas au départ d’un Vendée car la course aux milles pour la qualification a forcé tout le monde à naviguerPar ailleurs, début octobre, le pôle Finistère course au large a organisé une sortie de 24 heures dans plus de 30 nœuds et une mer forte, je pensais qu’il n’y aurait personne, mais ils sont tous venus. Il faut quand même avoir un certain niveau de confiance pour se faire une sortie engagée comme ça, à dix jours du départ pour Les Sables.”

S’il fut difficile pour nos experts de désigner un podium, c’est finalement Charlie Dalin (Macif Santé Prévoyance) qui est donné vainqueur d’une courte tête devant Yoann Richomme (Paprec Arkéa), suivi de Jérémie Beyou (Charal), à égalité avec Thomas Ruyant (Vulnerable).

 

“Charlie Dalin, le métronome”

 

“Celui qui coche le plus de cases reste Charlie Dalin, met en avant Vincent Riou. Il a encore beaucoup d’énergie et connaît l’épreuve sans y avoir participé de nombreuses fois [deuxième participation, 2e en 2021], c’est un point important, car c’est une course qui use.” En outre, le skipper havrais, vainqueur de la New York Vendée et du Défi Azimut cette année, de la Fastnet Race en 2023, peut compter sur un bateau polyvalent [plan Verdier mis à l’eau en juin 2023], très bon dans les transitions, qui lui permet de sortir des zones de vent faible un peu plus rapidement que les autres, ce qui peut être intéressant dans la descente ou la remontée de l’Atlantique”, souligne Armel Le Cléac’h.

Selon Franck Cammas, “ce n’est pas le bateau le plus à l’aise et avec le plus de marge dans la mer formée au portant et il devra sûrement prendre un peu plus de risques pour tenir le rythme dans l’Antarctique, mais Charlie est l’un de ceux qui a le plus d’expérience sur ce type de bateau, c’est un métronome, il est très rigoureux et ne laisse rien au hasard.” François Gabart, qui héberge le projet du Havrais au sein de son écurie MerConcept, est lui très confiant sur le fait “que le bateau est capable d’aller vite dans les conditions du Sud, même si cela n’a pas encore été prouvé en course puisque Charlie était absent de la Transat Jacques Vabre et de Retour à La Base [suite à un problème médical].

Second sur le podium de nos experts, Yoann Richomme “sait appuyer fort, il a un rythme très élevé et a prouvé qu’il pouvait gagner [vainqueur de The Transat CIC et de Retour à La Base]commente Franck Cammas. Son niveau monte d’un cran à chaque fois qu’il fait du solitaire.” Christopher Pratt ajoute que “son Imoca semble idéal pour cette course, en particulier pour les états de mer formés et le portant.” Des points faibles ? “Le bateau étant un peu lourd, il est un peu moins à l’aise que certains dans les petits airs et les phases de transition”, répond ce dernier. Et Franck Cammas de compléter que “les plans Koch ont un point faible au près.” 

Et si le double vainqueur de la Solitaire du Figaro (2016 et 2019) et de la Route du Rhum en Class40 (2018 et 2022) est bizuth sur ce Vendée Globe, Christopher Pratt considère que “cette fraîcheur peut être un atout.” Michel Desjoyeaux estime quant à lui que “l’exercice médiatico-routeur que Yoann a fait il y a quatre ans [notamment pour Tip & Shaft] est très malin parce que ça lui a permis de s’immerger dans les logiques de stratégie. Et avec l’expérience qu’il a en Figaro, je ne vois pas pourquoi il aurait des problèmes dans la durée.”

 

“Il est armé pour aller
chercher cette victoire”

 

Sur la troisième marche, figure Jérémie Beyou, 2e de Retour à La Base et 3e de la New York Vendée, qui s’apprête à courir son cinquième Vendée Globe (3e en 2016-2017). Il revient “avec beaucoup d’expérience, ce qui est un grand atout, fait valoir Armel Le Cléac’h. Et il a un bateau qui a du potentiel et qu’il a fiabilisé avec une grosse équipe. Après, c’est dans la tête que ça se jouera, car il a un mental qui peut le servir comme le desservir, mais je sais qu’il a travaillé dessus et qu’il est armé pour aller chercher cette victoire.” Pour Franck Cammas, co-skipper de Jérémie Beyou sur la dernière Transat Jacques Vabre, “il faut que Jérémie arrive à garder un moral constant pour surmonter les moments difficiles et les problèmes techniques car il peut accuser le coup un peu plus fort que les autres.” 

Ce dernier loue par ailleurs les caractéristiques de son plan Manuard de 2022, qui “est un très bon compromis pour le Vendée Globe.” Si Christopher Pratt, ancien co-skipper de Jérémie Beyou, confirme les performances de cet Imoca, il précise qu’il est aussi un peu plus complexe que les autres, avec plus de systèmes, et donc peut-être plus exigeant pour être bien mené.”

Autre grand favori, Thomas Ruyant, en lice pour son troisième Vendée Globe sur un plan Koch-Finot-Conq (2023)qui “n’a pas le même profil de régatier que les trois précédents, selon Michel Desjoyeaux, mais sait gérer sa course, aller vite, tenir la cadence et être suffisamment technique pour gérer son matériel.” Franck Cammas loue le côté toujours positif de Thomas, qui lui permet de remonter la pente et de rester dans le coup malgré les difficultés.” François Gabart rappelle pour sa part que le skipper nordiste “a excellé en double en gagnant deux Transat Jacques Vabre avec Morgan Lagravière mais également la Route du Rhum, j’ai peu de doutes sur son talent de marin à performer en solitaire sur un tour de monde.”

 

Dix autres favoris sur la liste

 

Derrière ce quatuor, nos experts estiment que plusieurs skippers sont capables de jouer également la victoire, à l’instar de Boris Herrmann (Malizia-SeaExplorer), 2e de The Transat CIC et de la New-York Vendée, qui revient courir son deuxième Vendée Globe à bord d’un plan VPLP “très à l’aise au portant qui a été éprouvé dans les mers du sud sur The Ocean Race”, selon Armel Le Cléac’h.  Egalement cité, Sam Goodchild (Vulnerable), qui dispose d’un “bateau un peu plus ancien [plan Verdier de 2019] mais qui est encore très performant et peut tenir la cadence sans problème”, selon Michel Desjoyeaux qui évoque aussi Sam Davies (Initiatives Coeur), 3e de The Transat CIC et “revenue à son meilleur niveau”. Christopher Pratt met de son côté en avant Nicolas Lunven (Holcim PRB) et Paul Meilhat (Biotherm“qui ont des bateaux un peu moins adaptés à la mer forte au portant mais qui sont des skippers hyper solides.”

Pour François Gabart, “c’est difficile de ne pas parler du précédent vainqueur, Yannick Bestaven (Maître CoQ), même si ses derniers résultats jusque-là n’ont pas été à la hauteur de son précédent Vendée Globe.” Ont également été nommés comme outsiders Damien Seguin (Groupe Apicil), Justine Mettraux (Teamwork-Team Snef), Maxime Sorel (V and B-Monbana-Mayenne), Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) ou encore Louis Burton (Bureau Vallée).

Quant aux Imoca à dérives, “s’ils arrivaient encore à rivaliser un peu avec les bateaux à foils il y a quatre ans, cette fois-ci, ces derniers vont vraiment être très loin devant”, pronostique Armel Le Cléac’h. Parmi eux, Jean Le Cam (Tout Commence en Finistère-Armor Lux) semble avoir le meilleur bateau [plan Raison de 2023] et la plus grande expérience, même si on ne l’a pas encore vu naviguer”, note Christopher Pratt. Benjamin Ferré (Monnoyeur-Duo for a job), Tanguy Le Turquais (Lazare) et Violette Dorange (Devenir) sont également cités aux avant-postes pour ce qui est des bateaux à dérives, François Gabart rappelant finalement “le côté aléatoire et la longueur de l’exercice” qui font que les pronostics sont finalement souvent déjoués. Preuve en est que le top 5 des experts de Tip & Shaft en 2020 plaçait dans l’ordre Jérémie Beyou, Charlie Dalin, Thomas Ruyant, Alex Thomson et Kevin Escoffier…

Le top 5 de nos experts : 1. Charlie Dalin, 2. Yoann Richomme, 3. Jérémie Beyou et Thomas Ruyant, 5. Boris Herrmann.

Photo : Vincent Curutchet – Jean-Louis Carli / Alea

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