La SAEM Vendée, société organisatrice du Vendée Globe, a rendu publique dimanche dernier la liste officielle des 37 candidats à la prochaine édition du tour du monde en solitaire qui partira dans un an jour pour jour. Une liste qui comprend une surprise de taille : la présence de Yann Eliès sur un bateau neuf. Tip & Shaft évalue les chances du Briochin de réussir son opération commando.
C’est la surprise du chef ! Alors qu’il avait semblé renoncer à prendre le départ du Vendée Globe 2020 faute de partenaires, Yann Eliès figure non seulement dans la liste, mais en plus avec un bateau neuf ! Une candidature de dernière minute – « arrivée dans les derniers jours » selon l’organisateur – qui n’a pas manqué d’interpeller quant à son annonce, dans la mesure où sur des projets de cette importance, la primeur de la communication incombe en général au skipper et à son partenaire. « Yann s’est porté candidat officiellement avant la date du 1er novembre, donc, comme pour les 36 autres, nous avons communiqué sur sa candidature, en concertation avec son équipe, c’était convenu ensemble », précise-t-on du côté de la SAEM Vendée.
L’équipe en question est pilotée par Damien Grimont, ex navigateur (Mini, Class40…) organisateur de The Bridge en 2017 et deThe Arch (Tour d’Europe en Ultim) en 2021. Qui, s’il n’a pas souhaité entrer dans les détails de la candidature, nous a fait savoir par SMS : « Yann est officiellement inscrit à cause de la date limite, ils ne peuvent pas cacher un inscrit officiel. » Pour le reste, « rien n’est bouclé et acquis », ajoute le Vannetais.
Une chose est certaine : s’il souhaite prendre le départ du Vendée Globe à bord d’un bateau neuf dans un an pile, Yann Eliès se lance dans une véritable course contre la montre pour que le futur nouveau bateau soit mis à l’eau dans les temps. Car même s’il est sélectionné d’office en tant que finisher du dernier Vendée Globe – mais aussi en tant que skipper d’un bateau neuf -, le Briochin a jusqu’au 1er juillet 2020 pour effectuer un “parcours de qualification complémentaire” obligatoire de 2 000 milles.
Cette date peut-elle évoluer, autrement dit Yann Eliès peut-il bénéficier d’une dérogation ? « Sur la qualification, Yann doit répondre aux obligations de l’avis de course, on est contents qu’il soit là, mais les règles sont applicables pour l’ensemble des skippers, et une dérogation n’est pas du tout à l’ordre du jour », affirme-t-on chez l’organisateur du Vendée Globe. Ce qui signifie que l’actuel co-skipper d’Apivia doit mettre à l’eau son nouveau bateau au plus tard aux alentours de mi-juin.
D’autant qu’il n’est pas possible règlementairement de prendre le départ du Vendée Globe sur un bateau autre que celui déclaré le 1er novembre, ce que nous a également confirmé la SAEM Vendée : « La règle est claire et a été annoncée par Yves Auvinet lors du briefing des skippers début octobre : quand on se déclare avec un bateau, on ne peut plus en changer après, il n’y aura pas de dérogation. »
En démarrant le chantier aujourd’hui et en utilisant des moules existants, cela laisse à peine huit mois de délai pour construire un Imoca à foils. Un timing extrêmement tendu, mais pas impossible, à en croire le président de l’Imoca, Antoine Mermod, qui nous a confirmé avoir reçu très récemment une « déclaration de construction d’un Imoca neuf pour Yann Eliès ». « Il faut compter entre 7 et 9 mois avec des moules existants. C’est une vraie opération commando, mais je me souviens que lorsque j’avais travaillé pour No Way Back pour le Vendée Globe 2016-2017, alors que nous étions sur des moules d’origine, on avait commencé chez Persico début décembre en Italie et mis à l’eau fin juillet à Lorient, avec quatre derniers mois très intenses, les quatre premiers mois moins. Donc en imaginant de démarrer plus fort dès le début avec un chantier qui joue le jeu, on peut gagner du temps. »
Reste donc à trouver des moules et un chantier disponibles. Nous avons interrogé les différents propriétaires de moules : côté Arkea-Paprec (plan Juan Kouyoumdjian), Marie Fraleux, en charge de la communication du projet, nous a répondu que le moule n’était pas disponible à la location ; chez Charal (plan VPLP), si l’on confirme la disponibilité de l’outillage, on ne souhaite pas préciser si l’équipe a été effectivement sollicitée par Yann Eliès. Même chose, officiellement, pour MerConcept, en charge du projet Apivia (plan Verdier) : « Vu le timing, je serais assez étonné que Yann vienne nous poser la question pour ce projet, précise Thomas Normand, le directeur général. Si c’était le cas, on l’étudierait, mais il faudrait forcément aussi en parler à Charlie (Dalin). » Enfin les moules d’Advens (plan Verdier) sont eux aussi disponibles chez Persico mais l’équipe de Thomas Ruyant n’a pas été contactée par le triple vainqueur de la Solitaire, nous a-t-elle indiqué.
Du côté des chantiers, si CDK n’a pas souhaité répondre à nos questions, le plan de charge à Port-la-Forêt comme à Lorient ne permet pas à l’entreprise dirigée par Philippe Facque de construire un Imoca neuf dans les délais impartis. Chez Multiplast, Yann Penfornis nous a également fait savoir qu’il ne pouvait pas parler du sujet. Il semble cependant que le chantier vannetais, qui a livré voilà quelques semaines le DMG Mori de Kojiro Shiraishi construit dans les moules de Charal, soit le seul en mesure de se lancer dans la construction d’un Imoca dans les prochaines semaines.
Photo : Team Apivia
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