L’inscription in extremis de Yann Eliès – ainsi que celle de Didac Costa et Conrad Colman, automatiquement sélectionnés en tant que finishers (à condition de faire 2 000 milles supplémentaires) – porte à 37 le nombre de candidats au Vendée Globe.
Lesquels ont donc désormais tous un bateau déclaré. Sans bateau il y a encore un mois, Conrad Colman nous a annoncé s’être mis d’accord avec Pierre Lacaze pour la location de Vivo a Beira, l’Imoca sur lequel Yoann Richomme comptait s’élancer avant de renoncer à présenter sa candidature voilà deux semaines.
Quant à Sébastien Destremau, dont le FaceOcean n’était plus conforme à la jauge, il s’est finalement résolu à changer de bateau et a annoncé ce vendredi avoir racheté l’ancien Imoca de Conrad Colman lors du dernier Vendée Globe, un temps détenu par Jean-Gabriel Chelala, et finalement racheté aux enchères par Louis Burton. « Comme on n’arrivait pas à avoir de réponse précise du comité de jauge sur les propositions que nous faisions pour mettre en conformité FaceOcean, et vu la dead-line du 1er novembre, nous n’avions plus le choix, c’est plus un achat forcé qu’autre chose », nous explique le Toulonnais. Qui assure même étudier la possibilité d’équiper son « bateau plus moderne » de foils fabriqués « en interne » : « Mais ce ne seraient pas des foils à 500 000 euros avec des travaux herculéens comme les autres. »
Avec finalement 37 bateaux pour 30 places et 4 invitations, la question de la “course aux milles” cumulés sur les courses des Imoca Globe Series – qui doit départager les marins s’ils sont plus de 30 inscrits au 1er juillet – va continuer à se poser dans les mois qui viennent de façon insistante, malgré l’élargissement du nombre de partants à 34. En particulier pour ceux qui ont été privés de Transat Jacques Vabre.
C’est le cas d’Isabelle Joschke qui, après le talonnage de MACSF à Etretat, a été contrainte de s’arrêter à Brest puis à Lorient, avant de renoncer à reprendre la mer, la quille du plan VPLP-Verdier ayant été trop endommagée. Désormais 37e et dernière en nombre de milles cumulés, la Franco-Allemande est précédée par Clément Giraud (36e) qui n’a pu prendre le départ suite à l’incendie survenu sur Fortil au Havre. Benjamin Dutreux, qui va marquer ses premiers milles sur cette Transat Jacques Vabre, est 35e, précédé de peu par Denis Van Weynbergh, 34e, qui a préféré se concentrer sur la recherche de sponsors plutôt que de courir la transat en double. Clarisse Crémer (33e), Kevin Escoffier (32e) et Maxime Sorel (31e) comptent, malgré la Transat Jacques Vabre qu’ils ont ou sont en train de boucler, un nombre de milles insuffisants pour être classés parmi les 30 skippers sûrs d’être sélectionnés.
Le jeu reste cependant ouvert : avec The Transat CIC (3 100 milles en mai 2020) puis New York-Vendée (3 500 milles en juin 2020), ce sont 6 600 milles qui restent à distribuer. Ce qui, mathématiquement, laisse encore la porte ouverte à l’ensemble des 37 candidats de rentrer dans les 30 ayant accumulé le plus de milles. Seuls 5 d’entre eux – Boris Hermann, Manuel Cousin, Stéphane Le Diraison, Alexia Barrier et Damien Seguin – sont à l’abri d’un retour des plus mal classés. La double traversée de l’Atlantique en solo, en mai et juin prochain, s’annonce donc décisive pour beaucoup…
Au 1er juillet, ceux d’entre eux qui n’auront pas assez de milles pour entrer dans les 30 pourront toujours espérer bénéficier d’une des 4 invitations que la SAEM Vendée a à sa disposition. Selon quels critères d’attribution ? « Comme dans tous les sports où un tel système existe, il n’y a pas de critères pré-établis, ils ne sont pas prévus dans l’avis de course, ces invitations sont à la discrétion de l’autorité organisatrice, répond-on à la SAEM Vendée. Et si le classement de la sélection par milles nous convient, nous avons la possibilité de ne pas les utiliser »
Dans un scénario idéal, l’organisateur du Vendée Globe préfèrerait sans doute laisser la sélection se faire naturellement et ne pas avoir à utiliser cette option. « Si les 37 arrivent jusqu’au bout, ça sera une décision difficile parce qu’on connaît l’investissement des skippers et des sponsors. Mais, pour autant la règle est claire et connue, on a déjà ouvert à 34, on n’aura pas le choix », poursuit l’organisateur. Qui conclut, à la question de savoir s’il s’est prémuni juridiquement d’un recours éventuel d’un skipper et/ou d’un partenaire sélectionné et qualifié mais éjecté du Vendée Globe : « L’avis de course, connu depuis mars 2018, est le document juridique qui nous protège complètement. »
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Photo : François Van Malleghem/Bermudes 1000 Race