24e de la Transat Jacques Vabre – sa première grande transat en Imoca, Pip Hare a sorti de l’eau son célèbre Superbigou mi-décembre dans sa base de Poole, afin de le remettre en état pour la saison 2020 et le Vendée Globe. A 45 ans, l’ancienne ministe fait tout pour être au départ du tour du monde avec un des budgets les plus serrés de la flotte.
Qu’envisages-tu de faire sur le bateau cet hiver ?
Nous avons déjà enlevé le mât et la quille enlevée, afin de tout contrôler, nous nous occuperons ensuite de la coque, avant de peindre le pont et d’enlever tout l’équipement de pont. Nous avons pas mal de vieilles pièces sur le bateau que j’espère remplacer (tous les bloqueurs, tous les enrouleurs, les drisses…). Nous voulons aussi vraiment essayer de mettre une colonne, parce que je suis sur le seul bateau de la flotte sans moulin à café pour le moment. Nous allons aussi mettre des outriggers, ce qui devrait faire une grande différence.
Quel est ton budget pour ce « refit » et de combien as-tu besoin pour tenir jusqu’à la fin du Vendée Globe ?
Le budget pour le « refit » est assez maigreil s’élèvera à un peu plus de 150 000 livres (177 000 €). Mon objectif est de n’avoir aucune dette. La façon dont j’ai fixé mon budget de procéder par étapes financières, il faut que je les atteigne pour pouvoir continuer. Jusqu’à présent, j’ai réussi. Là, je pense que j’ai besoin de 500 000 livres supplémentaires (590 000 €) pour continuer. Je suis assez confiante mais j’aurai quand même l’un des plus petits budgets de la flotte. J’ai une approche à plusieurs niveaux pour mon financement : un parrainage traditionnel avec un sponsor titre, des partenaires « or » et « argent ». Ensuite, nous avons un groupement d’entreprises créé autour de la communauté qui me soutient à Poole, avec des versements mensuels. C’est ce qui m’a permis d’exister toute l’année 2019 et de terminer trois courses IMOCA et donc d’obtenir ma place dans le Vendée Globe. C’est absolument incroyable. Chaque centime que j’ai récolté a été investi dans le bateau, je ne paie pas pour des rien en plus et c’est pour ça que ça a marché.
Comment faites-vous face au jour le jour, n’est-ce pas stressant ?
Personne d’autre ne se soucie de tout ça autant que moi, donc tout ce que j’ai à faire est de me concentrer sur ma tâche. Si vous voulez quelque chose, vous devez faire en sorte que cela se réalise, je ne peux pas vraiment comment l’expliquer autrement. Le revers de la médaille, c’est que c’est un travail vraiment, vraiment, vraiment dur, je n’ai jamais travaillé aussi dur dans ma vie. Après, tout ça s’est construit sur dix ans d’expérience. Je ne me suis pas réveillée un matin en pensant : « Tiens, je vais faire le Vendée Globe ! »
Ce Vendée Globe constitue-t-il sorte d’apogée pour toi ?
Je ne pense pas seulement que c’est le summum, dans le sens où je pense que je veux le faire une fois, mais que derrière, j’aurai envie d’en faire un autre. J’ai toujours fonctionné comme ça dans ma vie : je fais une chose une fois pour prouver que je peux le faire et apprendre, et puis je le fais une deuxième fois pour faire quelque chose d’encore mieux. C’est mon approche de tout, donc je voudrais sans aucun doute faire un autre Vendée Globe.
Superbigou, le bateau construit par Bernard Stamm en 2000, est-il le bateau parfait pour toi ?
C’est le bateau qu’il me faut car il était disponible à la location à un prix très bas. Je l’ai loué pour deux ans, avec un montant mensuel gérable pour moi. Personne d’autre dans la flotte ne paie aussi peu que moi, je peux vous l’assurer. Alan (Roura, le précédent locataire) avait le même accord. A la fin, le propriétaire a certes un vieux bateau mais c’est toujours un Imoca qui reste dans les règles de la classe, et que je vais équiper d’un nouveau gréement courant et d’un nouveau gréement dormant, donc je pense que c’est bien pour lui comme pour moi.
C’est en revanche un bateau difficile, non ?
C’est un vieux bateau, donc ses performances sont liées à ça. Après, c’est vrai que s’il n’est pas techniquement difficile à faire naviguer, il l’est physiquement. C’est une bête. Tous les gars ici qui m’aident et qui ont de l’expérience sur d’autres bateaux, me disent simplement : « Plutôt toi que moi ! »
Tu fais preuve d’une grosse motivation, as-tu été inspirée par des femmes comme Ellen MacArthur et Sam Davies en te disant que si elles peuvent le faire, toi aussi ?
Pour être honnête, non. Ellen a été un cas unique et j’aime beaucoup faire les choses à ma façon. Maintenant, je pense que n’importe quelle navigatrice n’a pas pu ne pas être influencée par ce qu’a fait Ellen McArthur. Elle a réussi à saisir des opportunités et à un si jeune âge… c’était vraiment impressionnant. Si on regarde le nombre de marins britanniques qui ont terminé le Vendée Globe – et en incluant Miranda (Merron) qui faisons la queue pour cela – lorsque nous aurons terminé, il n’y en aura même pas dix et 50% d’entre eux seront des femmes. C’est assez impressionnant.
Sur votre coque, pour ceux qui ne l’ont pas vue, figure un très grand drapeau de l’Union Jack. Cela vous tient-il à cœur ou est-ce un outil de marketing ?
Non, cet aspect britannique est assez important pour moi. Je suis allée en France et j’y ai vécu pendant un certain temps, j’ai notamment fait ma formation en Mini, c’était une manière rapide et efficace de progresser. Quand je pensais à l’endroit où je voulais baser ma campagne, je me disais que je voulais continuer à faire partie de cette communauté, mais comme je me tourne vers des entreprises britanniques pour me soutenir, c’était difficile de ne pas m’installer en Grande-Bretagne. L’autre chose, c’est que je veux essayer de secouer un peu la Grande-Bretagne et dire : « Nous avons des marins incroyables dans ce pays et nous faisons des choses incroyables, mais nous ne nous engageons pas dans cette voie comme nous devrions le faire. »
Le fait de voir Plymouth perdre The Transat et le Fastnet doit te faire du mal, non ?
Oui, c’est vraiment dommage. J’ai fait l’OSTAR en 2009. Par rapport aux épreuves françaises, c’était petit, mais il y avait quand même des ferries spectateurs pour suivre le départ, un navire de guerre. Je pense que quand Dee (Caffari) et Mike (Golding) ont commencé, il y avait un “Royal” (membre de la famille royale) pour les suivre. C’était un grand événement, tout comme le Tour des îles britanniques et de l’’Irlande. Que s’est-il passé pour en arriver là ?
Sur le Vendée Globe, vous allez notamment batailler contre Miranda Merron et Alexia Barrier, deux autres filles disposant de bateaux de générations assez proches…
Je suis tellement excitée après la Transat Jacques Vabre. Tout d’abord, parce que je pense que j’en ai encore beaucoup dans le réservoir, je ne fais que commencer, les filles ! Je ne fais qu’apprendre. J’ai tellement hâte d’y être. Ça va être amusant et nous allons avoir une super course. Nous allons faire partie de cette course, de cette histoire.
Traduit avec www.DeepL.com
Photo : Jean-Marie Liot/Alea
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