La première édition de Tip & Shaft/Connect, jeudi dernier à Nantes, a réuni 165 personnes autour du bilan économique et médiatique du 8e Vendée Globe. Vous n’y étiez pas ? Voici ce qu’il fallait retenir de cette journée riche en enseignements et en débats.
- Le bilan du Vendée Globe par Laura Le Goff. La directrice générale du Vendée Globe a présenté le bilan de la 8e édition “de tous les records”. Quelques chiffres à retenir : 2,25 millions de visiteurs sur le village (+25% vs 2012) ; la couverture télé a explosé avec 1 274 heures consacrées au Vendée Globe (+72%) sur 97 chaînes (+50%) dont 33 ont retransmis le départ en direct (+80%) suivi par 10 millions de téléspectateurs au moment du passage de ligne. La page Facebook compte 264 000 fans (+350%), Twitter 54 000 followers (+ 280%), Instagram, nouvellement créé, 23 800 abonnés. 71 millions vidéos ont été vues (+140%), le site (260) et l’appli mobile (85) ayant généré 345 millions de pages vues.
- Alexandre Anginot, directeur du développement de Kantar Média, a ensuite replacé la voile et le Vendée Globe dans le paysage du sport en France : avec 15% de personnes intéressées, la voile occupe le 12e rang des sports suivis par les Français, qui sont en revanche 30% intéressés par le Vendée Globe, quasiment à égalité avec des événements comme Roland-Garros, le Tour de France, les rencontres des équipes de France de foot et de rugby. Le Vendée Globe est l’événement voile préféré des Français (30%) devant la Route du Rhum (25%), la Transat Jacques-Vabre et le Trophée Jules-Verne (18%).
- Thierry Bouvard, responsable du pôle programmes éditoriaux et sponsoring de Banque Populaire, a ensuite fait une intervention remarquée, puisqu’il a dévoilé en exclusivité le chiffre de la valorisation en équivalent publicitaire des retombées médiatiques du projet Banque Populaire/Armel Le Cléac’h entre septembre 2016 et mars 2017 : 55 millions d’euros ! En tout, Armel Le Cléac’h aura fait 34 unes, été le sujet de 4 193 sujets télé, généré 88 millions de publications vues sur les médias sociaux et 12 millions de vidéos vues, le budget d’activation de contenus sur les réseaux sociaux étant “supérieur à 100 000 euros“.
- Directrice de la communication de SMA, Annabelle Grandjean a expliqué ensuite comment le groupe d’assurances avait géré l’abandon de Paul Meilhat qui aura généré 280 sujets radio/télé et 83 articles de presse. Elle a aussi donné des chiffres précis sur les retombées presse du projet SMA, passées de 136 occurrences en 2014 lors de la première année du partenariat sur le circuit Figaro à 6400 en 2016 pour une valorisation financière globale des retombées sur le Vendée Globe de 1 826 190 euros.
- La matinée s’est conclue par une table ronde avec Matthieu Coulon, qui, via sa société Blue Strike, a géré le partenariat entre la marque australienne de semi-rigide Highfield et l’organisation du Vendée Globe, et Erwann Goullin, directeur général de 727 Sailbags, qui avait une licence du Vendée Globe. L’un comme l’autre ont dévoilé leurs résultats : Highfield, en plus d’asseoir une notoriété en France, est ainsi parvenu vendre les 42 semi-rigides fournis à l’organisation après le Vendée Globe (valorisation du partenariat : 500 000 euros, dont 90% en nature), 727 Sailbags a généré 100 000 euros de ventes sur le web pour le seul mois de décembre (vs la moitié en temps normal).
- Après la pause déjeuner, Bernard Schopfer, président du Yacht Racing Forum, partenaire et “grand frère” de Tip & Shaft/Connect, a présenté cette manifestation très internationale autour du business de la voile, dont l’édition 2017, qui réunira environ 300 personnes, aura lieu les 27 et 28 novembre à Aarhus (Danemark).
- Pierre-Yves Leroux, reporter pour RMC Sport/BFM TV, a ensuite exposé la façon dont la couverture du Vendée Globe avait évolué sur BFM TV depuis la création de la chaîne en 2005, avec notamment 18 personnes mobilisées sur le départ cette année, il a également détaillé les chiffres d’audience : 682 000 spectateurs en moyenne au départ (2e chaîne derrière TF1), 458 000 pour l’arrivée d’Armel Le Cléac’h, dont l’interview en larmes a atteint un pic à 718 000.
- Baptiste Roynette, directeur conseil de We Are Social, a livré une analyse très intéressante de la stratégie du Vendée Globe sur les réseaux sociaux. Sans langue de bois, il s’est interrogé sur la pertinence de certains choix éditoriaux, estimant que, trop souvent, des contenus identiques étaient postés sur les différents réseaux (Facebook, Twitter, Instagram), alors que chacun a sa spécificité ; il a enfin donné quelques pistes en vue de la prochaine édition du Vendée Globe, comme davantage de vidéos spectaculaires ou de contenus décalés, des formats plus courts, l’utilisation de nouveaux outils pour gagner en efficacité…
- Directeur marketing et communication du groupe Bigard, maison-mère de Charal, Guy Lepel-Cointet a expliqué avec enthousiasme pourquoi Charal avait décidé de revenir dans la voile, sur le circuit Imoca, auprès de Jérémie Beyou et sur du long terme : le but est à la fois de communiquer positivement autour d’une marque qui bénéficie déjà d’un très haut taux de notoriété, d’aller à la rencontre des consommateurs et de mobiliser en interne autour d’un projet qui se veut performant et innovant.
- La deuxième table ronde de la journée, avec Yannick Perrigot, DG de Windreport, Antoine Robin, associé-fondateur de Come#Together, Luc Talbourdet, DG d’Absolute Dreamer, et Fabienne Morin, directrice associée de l’agence Effets Mer, a été consacrée aux améliorations à apporter en termes de stratégie de communication. Pêle-mêle ont été proposés : un musée du Vendée Globe pour permettre à la course de vivre entre deux éditions, embarquer davantage sur les Imoca journalistes et invités, offrir des espaces plus conviviaux aux partenaires des skippers pour leurs opérations de RP, mieux utiliser le PC course parisien situé au pied de la Tour Eiffel, renforcer les liens entre le Vendée Globe et OSM pour donner plus d’importance au Championnat Imoca Ocean Masters… De l’assistance sont venues certaines propositions, comme faire suivre la flotte par un trimaran suiveur ou demander à la SAEM Vendée d’investir davantage dans l’organisation que les 13 millions d’euros actuels.
- Après avoir répondu à certaines de ces suggestions, Laura Le Goff a présenté les perspectives du Vendée Globe 2020 : elle a d’abord annoncé qu’elle resterait directrice générale pour la prochaine édition et qu’elle comptait s’atteler au plus vite au choix de la direction de course, qui devrait rester confiée à Jacques Caraës, et à la rédaction de l’avis de course. Elle s’est félicitée de l’adoption récente par l’AG de l’Imoca de la jauge, affirmant par ailleurs que la monotypie n’était pas à l’ordre du jour, au moins pour les deux prochaines éditions. Elle a enfin affirmé son intention de se rapprocher d’OSM pour “faciliter la création d’un véritable Championnat du monde Imoca.”
- C’est à Mark Turner, patron de la Volvo Ocean Race, qu’a incombé la charge de conclure ce premier Tip & Shaft/Connect : comme Baptiste Roynette avant lui, il s’est interrogé sur le trop plein de contenus éditoriaux sur les événements de voile – “Less is more” – insistant plus sur le message que sur la quantité : “Notre monnaie dans ce sport, c’est l’émotion”. S’il n’a rien dévoilé du futur bateau de la Volvo, qui sera annoncé le 18 mai, l’ancien associé d’Ellen MacArthur a conclu en souhaitant qu’à l’avenir, les différents acteurs de la voile océanique, notamment organisateurs de course, se rapprochent davantage.
- Les organisateurs de Tip & Shaft (ceux qui écrivent cette newsletter, donc 😉 ont annoncé, en guise d’au-revoir, que la prochaine édition devrait se dérouler à Paris en janvier 2018.