Les choses commencent à bouger du côté du futur tour du monde Ultime dont le départ est prévu le 29 décembre 2019 de Brest. C’est d’abord le Collectif Ultim qui s’est transformé en Classe Ultim 32/23 le 8 janvier, transformation validée trois semaines plus tard par la FF Voile.
C’est au tour ensuite de la structure organisatrice de voir le jour : annoncée le 2 décembre dernier au Nautic de Paris (voir Tip & Shaft #93), la SAS Brest Ultim Sailing a été officiellement créée le 26 février. Avec, pour objet, de “concevoir, de mettre en œuvre, de gérer et de promouvoir une course, sur plusieurs éditions, de voiliers multicoques de classe «Ultims», en solitaire, sans escale, autour du monde d’Est en Ouest et dont le départ et l’arrivée ont lieu à Brest (ligne entre le phare du Petit Minou et la bouée du Plateau des Fillettes située à la sortie du Goulet) et toute manifestation liée à cette course participant à la promotion du territoire de la métropole de Brest du département du Finistère et de la Région Bretagne“, selon les termes de la délibération votée le 26 janvier en conseil d’agglomération de Brest métropole.
La fameuse SAS est dotée d’un capital de 150 000 euros, réparti entre les quatre armateurs (Sodebo, Macif, Banque Populaire et Actual) membres de l’ex Collectif Ultim – qui détiennent chacun 9,30% des parts -, la nouvelle Classe Ultime 32/23 – où l’on retrouve les mêmes armateurs -, qui possède 26,50% des actions, et la société d’économie mixte Brest’Aim – contrôlée par Brest Métropole -, entrée à hauteur de 36,30% du capital. Lequel reste ouvert à tout nouvel entrant, ce qui conduirait alors à une nouvelle ventilation de sa répartition, mais les partenaires privés resteront majoritaires, Brest’Aim ayant “vocation à demeurer actionnaire minoritaire de cette société” selon le texte de la délibération. Les armateurs qui souhaitent participer au tour du monde n’ont pas d’obligation d’entrer au capital de la SAS, mais ils devront adhérer à la Classe Ultime 32/23 “avant début 2019 et pas entre le 15 novembre 2019 et le 30 avril 2020″, précise Emmanuel Bachellerie, le délégué général de la classe.
La SAS Brest Ultime Sailing est présidée par une personne morale : la Classe Ultime 32/23, elle-même présidée – comme l’ex Collectif Ultim – par Patricia Brochard. La co-présidente de Sodebo, prend donc, de fait, la présidence de la SAS qui a recruté son directeur général : sans réelle surprise, il s’agit d’Emmanuel Bachellerie, qui cumulera donc son nouveau job avec celui de délégué général de la Classe Ultime 32/23 et prendra officiellement ses fonctions le 20 avril. Si le siège social de la SAS est à Brest, au siège de Brest’Aim, Emmanuel Bachellerie, qui quitte son poste de directeur conseil chez Thomas Marko & Associés, s’installera dans un bureau proche de la gare Montparnasse et sera “assez vite secondé d’ici l’été par une seconde personne au profil assez com’, puis une troisième après l’été“, a confié à Tip & Shaft l’intéressé.
A 22 mois du départ, le nouveau DG a du pain sur la planche. A commencer par trouver un nom pour une épreuve toujours anonyme. Lors de la conférence de presse du 2 décembre, Patricia Brochard avait déclaré qu’il serait dévoilé “prochainement” : il le sera “avant l’été”, annonce Emmanuel Bachellerie. “Il y a deux options : soit confier le choix aux actionnaires de la SAS, soit trouver un système qui permettrait aux citoyensbrestois de décider. Cette option est plus difficile à mettre en œuvre, mais elle n’est pas laissée de côté”. Une chose est sûre : le nom de Brest y figurera. “C’est indiqué dans le pacte d’actionnaires, tout comme il est indiqué que la course, qui a vocation à être récurrente tous les quatre ans, est au départ et à l’arrivée de Brest“, rappelle Emmanuel Bachellerie, conscient que le sujet est touchy dans la ville du Ponant. Avant de préciser : “On a prévu collectivement un rendez-vous huit semaines après l’arrivée du dernier concurrentpour faire un bilan de l’épreuve. On souhaite bien sûr que tous les indicateurs soient au vert, s’ils sont au rouge, on se posera les bonnes questions“.
Le gros du travail qui attend Emmanuel Bachellerie dans les mois à venir est de lancer les consultationspour choisir les prestataires qui vont travailler pour la SAS Brest Ultim Sailing. “Il y aura trois gros blocs: sportif, communication et événementiel, avec des sous-lots dans chaque bloc, soit une quinzaine de sous-lotsen tout. L’objectif est que cette consultation soit la plus ouverte possible”.
Quid des relations tendues avec le Groupe Télégramme qui, via sa filiale OC Sport Pen Duick, avait proposé ses services pour organiser la course, comme l’avait révélé Tip & Shaft en décembre ? “Je n’ai de relations tendues avec personne, quiconque veut candidater sur tout ou partie des lots candidatera et chacun des dossiers sera examiné de la manière la plus rigoureuse possible et de façon strictement identique. Les opérateurs qui auront les solutions les plus créatives et les mieux-disantes budgétairement seront privilégiés“. L’agenda ? “Idéalement, il faudrait que les consultations soient lancées fin avril et le choix des opérateurs validé avant l’été. La prochaine étape visible sera ensuite la rédaction de l’avis de course que nous voudrions publier pour le Nautic 2018“.
Reste, évidemment, le nerf de la guerre : le financement de l’évènement. En décembre dernier, un budget de 5 millions d’euros a été évoqué, un chiffre qui reste d’actualité. “Pour promouvoir la course comme nous espérons le faire, nous tablons sur un budget compris entre 4,5 et 5 millions d’euros, confirme Emmanuel Bachellerie. Aujourd’hui, entre les fonds publics annoncés par les collectivités locales, les fonds en compte courant que les armateurs vont apporter et les frais d’inscription provisionnés au budget – à savoir 500 000 euros – 2,8 à 3 millions d’euros sont sécurisés. Il nous reste donc entre 1,5 et 2 millions à trouver”. A qui sera confiéecette mission, sachant que les deux appels d’offres lancés par Brest, avant la création de la SAS, n’ont pas abouti ? “Ce n’est pas encore tranché. Parmi les sous-lots de la partie communication, il y en a un qui concerne les partenariats et licences de marque. Si on a des réponses rapides, efficaces et malines dans ce domaine, pourquoi ne pas travailler avec un prestataire ? Après, chacun des opérateurs constituant la SAS, Brest inclus, a ses propres réseaux, nous allons aussi travailler dans ce sens”.