A moins de 100 jours du départ de l’Arkea Ultim Challenge-Brest, Eric Péron a annoncé le lundi 25 septembre qu’il serait finalement de la partie, grâce à l’arrivée en dernière minute d’un sponsor-titre, Adagio, nouveau venu dans le sponsoring voile. Le Finistérien raconte cet heureux dénouement et la course contre-la-montre qui l’attend.
► Peux-tu nous raconter comment s’est concrétisée cette rencontre in extremis avec ton nouveau sponsor ?
C’est finalement assez simple ! Je cherchais un partenaire titre depuis le mois de janvier, avec mon équipe, on a alors lancé beaucoup de bouteilles à la mer. Courant juillet, alors que la date d’inscription avait été arrêtée au 30 juin par la direction de course, on a été joints par l’agence de marketing sportif Hopscotch, qui nous a mis en relation avec Adagio. Le contact s’est fait mi-juillet, et dès la fin du mois, on avait un accord de principe. Tout le mois d’août, on a bâti le contrat, qu’on a signé début septembre.
► Avais-tu arrêté d’y croire, passée la date limite des inscriptions du 30 juin ?
Bizarrement, non. On s’était donné en interne une première deadline en mars. Mais en réalité, la seule que j’ai toujours eue en tête, c’était la limite technique. Autrement, je ne pouvais pas l’intellectualiser. Ce projet, c’est toute ma vie. Je ne me suis jamais dit que ça n’allait pas se faire.
► Comment as-tu pu contourner l’impératif de la date butoir du 30 juin, inscrit dans l’avis de course ?
Très vite, on a contacté l’organisateur (OC Sport Pen Duick) et la classe Ultim 32/23. En août, j’ai monté un dossier pour attester du sérieux du projet. Juridiquement parlant, il fallait l’accord de tous les participants pour que je puisse être admis. Ma demande a été bien accueillie, l’idée n’était pas de me mettre des bâtons dans les roues. Et il n’y a pas eu de contreparties.
“J’aime ce côté droit au but”
Aujourd’hui, j’ai un projet multi-partenaires, avec Adagio en partenaire-titre, et bien sûr le collectif French Touch Oceans Club en premium. On approche de l’objectif budgétaire que je m’étais fixé [en janvier, il estimait avoir besoin d’1,5 million d’euros, NDLR], mais il reste encore de la place. On sera au départ, mais on essaie de faire en sorte d’avoir les moyens de le faire mieux.
Techniquement, on découvre des choses tous les jours. L’entretien n’a pas été optimal, mais ça ne m’inquiète pas trop, c’est un bateau solide. Les points faibles vont vite être identifiés. Forcément, tout va être chaud et on n’aura pas de place pour trop d’accrocs. Ça oblige à prioriser, mais j’aime ce côté droit au but. On se donne encore un bon mois pour mettre à l’eau, puis on veut naviguer vite pour partir en qualification (2 500 milles). Ce qui est sûr, c’est qu’on est déjà en mode tour du monde, il n’y aura pas de phase optimisation.
“Il n’est pas question
de parler de résultat”
Effectivement, j’en bave un peu ! Aujourd’hui, je ne suis pas que pilote mais aussi chef de projet. Mais on recrute, et à terme, on aura quatre personnes pour gérer chaque pôle du projet : hospitalités, technique, administratif et communication. Au final, on prévoit d’être une dizaine, avec le renfort d’indépendants.
Il n’est pas question de parler de résultat pour moi. Mon objectif, c’est d’être au départ et de terminer la course. Après, ce n’est pas dans ma nature de faire ça en dilettante. Je ne veux pas laisser passer ma chance. Mais un tour du monde en Ultim, c’est évidemment de la pression. Il ne faut pas banaliser l’exploit en ne parlant que de résultat, c’est aussi l’aventure qui compte.
Il va être officiellement à vendre ou à louer cette semaine, il faut d’ailleurs qu’on mette l’annonce dans Tip & Shaft ! Aujourd’hui, je mets toute mon énergie dans ce projet de tour du monde, il n’y a pas d’après. C’est un moment rare dans la vie d’un skipper, je veux me concentrer pleinement dessus.
“Le côté inédit de la course rend plutôt confiant sur la médiatisation”.
Qu’est-ce qui a poussé Adagio, “leader européen de l’appart’hôtellerie”, à accompagner Eric Péron. “Nous avions lancé une nouvelle campagne de marque en début d’année et nous réfléchissions à différents leviers d’activation, explique à Tip & Shaft Virginie Barboux, senior vice-présidente client & marketing. Pour ça, il y a plusieurs outils dans la besace du communicant, dont le sport, j’avais déjà expérimenté ce genre de partenariat dans mes précédents postes [elle était jusqu’en mai directrice générale adjointe de Best Western, co-partenaire titre de Romain Attanasio, en charge notamment de la communication, NDLR]. J’ai mandaté quelques agences, pas mal de dossiers sont arrivés sur mon bureau, dont celui d’Eric.” Ce qui a fait la différence ? “La personnalité d’Eric et l’idée de l’aider à accomplir son rêve, les valeurs d’audace, mais aussi de partage et de responsabilité. Et le côté inédit de la course, qui rend plutôt confiant sur la médiatisation. Un Ultim, ça ne peut pas laisser insensible.“ Si Virginie Barboux reconnaît que “c’est très tendu sur le timing” pour activer le partenariat, elle ajoute que “d’expérience, c’est de toute façon dans les derniers mois qu’on a le plus gros de la médiatisation.”
Photo : Tristan Massicot – Royal Mer