Présent jeudi à l’audience du Tribunal judiciaire de Paris chargée d’examiner le litige entre le groupe Kresk, sponsor de François Gabart, et la classe Ultim 32/23 à propos de la conformité du trimaran SVR Lazartigue aux règles de la classe, Didier Tabary, président du groupe Kresk a livré son sentiment.
► Quel est votre sentiment suite à cette audience ?
Personne ne comprendrait qu’on ne soit pas au départ de la Route du Rhum, nous faisons confiance à la justice pour réparer cette injustice que nous subissons depuis maintenant plus de six mois, cette situation est absolument anormale, elle ne devrait pas exister. On nous force à nous battre et nous nous battons, mais l’idée est d’être présents sur la ligne de départ à Saint-Malo en novembre pour pouvoir faire rêver tous les passionnés de course au large. C’est d’autant plus surprenant comme situation que, encore une fois, tous les rapports d’expertise ont déclaré la conformité du bateau. Si ce bateau semble trop rapide à certains, ce n’est pas une raison pour en arriver là, à force de manœuvres et de procédures.
► Vous êtes nouveau dans le sponsoring voile, c’est un sacré baptême…
Oui, je me dis que c’est un peu triste et je me demande comment réagiront demain des armateurs qui pourraient se trouver dans ma situation, avec un bateau dont les expertises prouvent qu’il est conforme et avec une classe qui n’a pas de gouvernance digne de ce nom et qui vous empêche de courir, parce que ce sont des concurrents qui ont peur de vous. Quel armateur demain mettra autant d’argent sur des projets de ce type ? Ça peut être la fin des Ultims à terme et c’est quelque chose qui me révolte.
► Cette affaire est-elle de nature à remettre en cause votre engagement ?
On est droit dans nos bottes et on ira jusqu’au bout, on continuera auprès de François pendant la durée de l’engagement prévue qui est de quatre ans.
► Seriez-vous prêt à vous élancer en “pirate” sur la Route du Rhum-Destination Guadeloupe ?
Aujourd’hui, on attend la décision du 21 juillet que nous espérons favorable, nous faisons confiance à la justice, nous serons en mesure d’obtenir cette dérogation, c’est tout ce qui compte à l’heure actuelle. On respecte toutes les règles, on s’est pliés depuis plus de six mois à toutes les expertises, on a accepté toutes les médiations proposées par la Fédération française de voile, on a passé beaucoup de temps sur ces sujets, donc il ne s’agit pas d’être rebelle mais de faire respecter nos droits.
► Même en cas d’avis favorable, les liens avec les membres de la classe Ultim 32/23 risquent de mettre longtemps à se retisser, non ?
Je suis un nouveau venu dans cet univers, tout ce que je découvre ne me plaît pas forcément, maintenant, après la tempête, le beau temps, en tout cas souhaitons-le. A chaque fois que nous pourrons participer d’une façon ou d’une autre à une solution, nous le ferons et j’espère que l’univers de la course au large retrouvera son unité très prochainement, sur des bases solides avec une classe qui aura une vraie gouvernance et qui sera gérée de façon professionnelle. Ce à quoi j’assiste est loin d’être professionnel.
Photo : Gilles Martin-Raget