Après bientôt un mois de confinement, les différentes classes océaniques passent beaucoup de temps à travailler avec les organisateurs de courses sur la reprogrammation de leur calendrier 2020, voire 2021, tout en tentant de rassurer leurs adhérents, touchés à des degrés divers par la crise économique. Tip & Shaft, après avoir donné la parole à Antoine Mermod, président de l’Imoca, a interrogé les représentants des classes Ultim 32/23, Multi50 et Class40, ainsi que des organisateurs.
Ultim : pour un événement en juillet
Avec une seule course au programme de son calendrier officiel en 2020, The Transat CIC, dont le départ était prévu le 10 mai, la classe Ultim 32/23 n’est pas forcément la plus impactée, il n’en demeure pas moins que pour tous ses acteurs, et notamment ceux qui ne prévoient pas de record en fin d’année, il n’est pas question de faire une saison blanche. D’où la volonté de suivre OC Sport Pen Duick dans son intention de mettre en place une course de remplacement à The Transat CIC.
“Notre position est très nette, la classe et les teams ont répondu, c’est d’avoir un événement qui puisse se faire dans le courant du mois de juillet 2020, quitte à ce qu’il soit dégradé, parce qu’on sait qu’on ne pourra pas avoir une course du même acabit que celui qui était prévu le 10 mai, c’est une certitude. Il faut que nos bateaux naviguent, si on ne fait rien sur le premier trimestre et pas grand-chose sur le deuxième, Vendée Globe oblige, ça fait une année blanche, ce qui serait une erreur”, explique Emmanuel Bachellerie, délégué général de la classe Ultim 32/23.
Et l’intéressé de rester partisan d’une épreuve multi-classes : “Pour le moment, nous n’avons pas de plan B. Notre conviction, c’est qu’il faut que les bateaux naviguent le plus possible en flotte, parce que plus il y aura de bateaux, plus l’événement sera intéressant sportivement et plus il sera visible. Je sais que d’autres classes, notamment une [l’Imoca, voire l’interview d’Antoine Mermod], ne voient pas forcément ça de la même manière, mais je pense qu’on est dans un moment où je crois moins aux sauve-qui-peut individuels qu’aux élans collectifs. Tout le monde a intérêt à naviguer ensemble, c’est important pour l’avenir général de ce sport.”
Le programme 2021 (voir notre article), qui doit comporter The Arch au printemps et une course autour du monde en équipage au départ de Méditerranée (probablement Nice) en fin d’année, peut-il être impacté ? “Assez mécaniquement, si tu prends entre quatre et six semaines de retard en 2020, tu les retrouves en 2021, donc on peut imaginer que les bateaux en construction [Macif 101 et Banque Populaire XI] auront eux-mêmes du retard, poursuit Emmanel Bachellerie. Avec l’organisateur de The Arch [Damien Grimont], on travaille sur les scénarii qui peuvent arriver en 2021, l’ambition est en tout cas que ce tour de l’Europe se fasse au premier semestre. Se fera-t-il exactement au même moment, dans les mêmes conditions et avec le même parcours ? C’est ce qu’on est en train de regarder. Quant au tour du monde, c’est aujourd’hui beaucoup trop loin, à aucun moment nous n’avons a envisagé de retirer cette épreuve du programme.”
Multi50 : priorité aux Grands Prix
Du côté de la classe Multi50, qui se réunit une fois par semaine en visio-conférence, on planche également sur “des plans A, B et C”, selon son président, Erwan Le Roux. The Transat CIC n’était pas au programme, la Transat Québec Saint-Malo (départ prévu le 12 juillet) si, avant un été de Grands Prix qui devait passer par Saint-Malo (très compromis), Saint-Quay-Portrieux, Brest et La Rochelle. La tenue du programme va dépendre en partie de la Transat Québec Saint-Malo, dont les organisateurs planchent actuellement sur un report de quelques semaines (*). “La situation nous oblige à envisager plusieurs scénarios et nous travaillons présentement sur un report en août. Nous prendrons une décision définitive d’ici la fin avril”, nous a confié son directeur général Richard Samson.
Pour Erwan Le Roux, la date choisie conditionnera la participation ou non de la classe Multi50 : “Pour l’instant, il y a deux dates possibles, le 2 et le 9 août. Si c’est le 2, je pense que certains voudront y aller, si c’est le 9, on n’ira pas, parce que c’est trop près du Trophée de Saint-Quay-Portrieux [21-23 août], or notre priorité, c’est les Grands Prix. Ce sont des organisations déjà actées, ce sont eux aussi qui font vivre la classe Multi50, avec des collectivités et des partenaires privés qui financent ces événements et comptent sur nous. D’autant que ces épreuves peuvent se courir à huis clos. Donc on attend, et s’il n’y a pas de transat, on va réfléchir aux courses existantes ici, comme l’ArMen Race fin mai, la Drheam Cup en juillet… si elles ont lieu.”
La crise économique est-elle une menace pour la classe à moyen terme ? “C’est un coup de frein, c’est clair, mais je relativise en me disant que vu d’où on vient, on ne pourra que faire mieux que notre année dernière post Route du Rhum au cours de laquelle on a vraiment touché le fond, parce que nous ne sommes pas arrivés à présenter un plateau honorable. L’année prochaine, les bateaux seront construits [Arkema 4 chez Lalou Multi et Planet Warriors chez Persico devaient être mis à l’eau en mai-juin pour le premier, fin mars pour le second, voir notre article], je ne sais pas si on arrivera à avoir de gros événements, mais les bateaux seront présents et restent des outils pour des partenaires. Si on ne fait pas de course, on fera au moins des RP, il faut donc rester positif !”.
Class40 : coller au maximum au programme prévu
Comme les Multi50, la Class40 faisait de la Transat Québec Saint-Malo un des événements phares de sa saison, l’un des quatre du championnat officiel avec The Transat CIC, l’Atlantic Cup, qui a été annulée, et la Normandy Channel Race en septembre. “Aujourd’hui, on est en discussion avec les organisateurs de The Transat et de la Québec Saint-Malo pour trouver des dates de report (*), explique Vanessa Boulaire, responsable du bureau de la classe des 40 pieds. On souhaite rester au plus près de notre calendrier initial, quitte à ce qu’il soit un peu décalé. On s’est prononcés pour un report de The Transat cette année, d’abord parce que c’est important pour les teams qui ont des sponsors, ensuite parce qu’en 2021, beaucoup ne savent pas ce qu’ils vont faire, et nous avons, en plus, des accords pour 2021 avec un calendrier déjà bien complet. Et comme du côté de Québec Saint-Malo, ils sont prêts à décaler de quelques semaines, tout pourrait s’accorder. Quant à la Normandy Channel Race, elle n’est aujourd’hui pas remise en cause.”
Pour ce qui est de l’avenir de la classe, dont nombre de coureurs sont soutenus par des PME forcément impactées par la crise, Vanessa Boulaire se montre plutôt confiante : “Je ne pense pas que cela mette la classe en péril, déjà parce que nous avons une partie de notre flotte constituée de propriétaires sans sponsors, ensuite, parce qu’on reste sur des budgets raisonnables. Et on se dit qu’on est un des seuls sports qui peut avoir lieu cet été. Le fait de ne pas avoir de JO, peut-être pas de foot et autres, ça peut permettre un focus sur la voile. Donc si on arrive à avoir des courses, ça peut être bénéfique pour la course au large.”
Photo : Jérémie Eloy/Macif
(*) La Transat Québec Saint-Malo n’aura finalement pas lieu en 2020, le gouvernement québécois ayant interdit les événements sportifs sur son territoire jusqu’au 31 août, les organisateurs envisagent un report en 2021 ou une annulation pure et simple
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