Le Gitana Team a annoncé jeudi qu’il renonçait à s’élancer sur le Trophée Jules Verne suite au démâtage le 8 octobre du Maxi Edmond de Rothschild. Ils seront donc deux en stand-by à partir de début novembre, Sodebo Ultim 3 et SVR-Lazartigue, Tip & Shaft fait le point.
C’est sur un démâtage, peu avant le détroit de Gibraltar, et un convoyage sous gréement de fortune entre Motril (Espagne) et Lorient, que le Maxi Edmond de Rothschild aura achevé sa riche « carrière » au sein du Gitana Team. Le plan Verdier, mis à l’eau en 2017, devait s’élancer en fin d’année sur le Trophée Jules Verne, ce ne sera pas le cas, a annoncé l’équipe jeudi soir, 24 heures après l’arrivée du bateau à Lorient.
Joint ce vendredi par Tip & Shaft, son directeur, Cydril Dardashti, explique : “On a évidemment envisagé toutes les options, comme celle de récupérer un mât auprès d’une autre équipe, mais même si on est parfois sur des moules identiques, chaque mât a ses spécificités, notamment sur les ancrages des étais, l’étagement des ris, on a donc assez vite écarté cette hypothèse.” L’autre option ? “On a regardé si on pouvait réparer notre mât, mais premièrement, ça demandait au minimum un mois et demi, on se serait alors mis dans l’urgence alors qu’on s’était fixé comme deadline de départ le 10 janvier, parce que derrière, le projet Gitana 18 mobilise toute l’équipe. Deuxièmement, je n’étais pas super à l’aise avec l’idée de faire un manchon et de partir sur un tour du monde, ce n’était pas raisonnable.”
Pas de Trophée Jules Verne, donc pour le Gitana Team qui s’est mis au travail dès le retour du bateau pour le livrer en parfait état à son futur acquéreur. “La bonne nouvelle, c’est qu’on n’a rien cassé d’autre, parce que le mât n’a pas touché la plateforme. Comme le bateau était prêt pour le Jules Verne, il est nickel, on va juste remettre les appendices tout propres et faire des contrôles à ultrasons de l’ensemble de la plateforme pour que la cession se fasse sereinement“, explique le directeur du Gitana Team. Avec ou sans mât ? “Ça va dépendre de l’acquéreur. En fonction de son projet, soit on refait un mât neuf, soit on répare le nôtre, soit on vend le bateau sans mât”, répond Cyril Dardashti, avant d’ajouter, à propos des candidats au rachat, en plus d’Actual qui cherche auparavant à vendre Actual Ultim 3 : “Nous avons des discussions avancées avec trois potentiels acquéreurs, mais rien n’est fait ; aujourd’hui, on peut dire que le bateau est encore sur le marché.”
Stand-by début novembre
Le Maxi Edmond de Rothschild sur la touche, ils seront donc deux à se mettre prochainement en stand-by pour s’attaquer au Trophée Jules Verne, détenu depuis janvier 2017 par Idec Sport en 40 jours 23 heures et 30 minutes, Sodebo Ultim 3 et SVR-Lazartigue. Le premier a quitté Antibes, où il a pris la troisième place de la Finistère Atlantique, le 7 octobre pour arriver quatre jours plus tard à Lorient. “On a vraiment utilisé le convoyage comme un entraînement ++ avec l’équipage du Jules Verne (*), explique Greg Evrard, team manager de l’équipe Sodebo depuis juillet dernier. On est très contents de cet aller-retour en Méditerranée, notamment parce qu’il n’a pas donné lieu à de gros problèmes techniques, surtout au niveau des appendices, sur lesquels, quand on fait des milles près des côtes, il y a toujours des risques d’impact.”
Pas de bobos majeurs, donc, pour le trimaran de Thomas Coville que l’équipe technique passe actuellement au peigne fin. “On démonte, on vérifie, on ajoute quelques renforts ici ou là et on finit de le mettre dans sa configuration Jules Verne, l’objectif est d’être prêt à partir à la fin de la première semaine de novembre“, poursuit Greg Evrard.
Quant à SVR-Lazartigue, après une semaine de RP en Méditerranée dans la foulée de la Finistère Atlantique, il est arrivé mercredi soir à Concarneau, avec un peu de travail sur la job-list, puisqu’il a subi deux avaries sur la course, une déchirure de grand-voile et une casse sur la galette d’enrouleur du J2 qui a endommagé l’étai et failli provoquer le démâtage du plan VPLP. “Il y a effectivement un peu de travail, indique Cécile Andrieu, la team manager du trimaran. Pour la grand-voile, on la répare, pour la galette, on remplace la pièce, on a aussi le câble du J2 et le J2 à réparer, mais tout ça n’est pas limitant, on garde toujours l’ambition d’être prêt pour la première semaine de novembre.”
“La philosophie du stand-by sera
de prendre pas mal de fenêtres”
Le démâtage du Maxi Edmond de Rothschild a-t-il conduit les deux équipes à porter une attention particulière à leurs mâts respectifs ? “C’est forcément une alerte et ça nous pousse à plus de vigilance, répond Greg Evrard. On essaie d’avoir des informations, mais pour le moment, ce sont plus des échanges de messages avec le Gitana Team, ne serait-ce que pour leur manifester notre solidarité. Après, on sait qu’on n’a pas les mêmes mâts et qu’on ne va pas se partager les dessins de nos mâts.”
De son côté, Cécile Andrieu précise : “On avait de toute façon prévu de démâter le bateau pour s’assurer qu’il n’avait pas été impacté suite à la rupture de notre galette de J2, donc on va en profiter pour regarder également la face arrière du mât. Maintenant, on n’a pas le même que Gitana, on n’utilise pas la configuration dans laquelle ils ont démâté et on n’a pas les mêmes renforts.” Interrogé sur le partage d’informations avec les autres teams Ultim, Cyril Dardashti indique quant à lui : “Dès qu’on aura clairement identifié les raisons de la casse, on les transmettra bien évidemment, si besoin, à la classe.”
SVR-Lazartigue, qui s’appuiera sur une cellule de routage composé de Jean-Yves Bernot et de Corentin Douguet, et Sodebo Ultim 3, dont la cellule est en cours de constitution – “deux à quatre personnes autour de Philippe Legros, qui s’occupe du sujet dans le team”, indique Greg Evrard – ont donc prévu de se mettre en stand-by à peu près au même moment. Avec, pour le premier, l’objectif de partir dès que possible : “La philosophie du stand-by sera de prendre pas mal de fenêtres, quitte à revenir. On a envie de naviguer en se disant qu’au pire on s’entraîne, car l’objectif de l’hiver est aussi de faire progresser le bateau pour l’année prochaine“, confirme Cécile Andrieu. Qui ajoute, à propos de fenêtre météo : “Cette notion a pas mal évolué depuis l’Arkea Ultim Challenge, dans le sens où personne n’aurait pris la fenêtre du 7 janvier (date du départ de la course), et au final, les temps à l’équateur et surtout au cap de Bonne-Espérance étaient très bons.”
“La course nous a effectivement montré que ces bateaux rendent bonnes des fenêtres qui ne l’étaient pas au départ, ajoute Greg Evrard, maintenant, notre objectif est avant tout de faire un tour du monde, l’équipe rêve d’être la première à passer sous les 40 jours.” Elle n’est pas la seule.
(*) L’équipage de Sodebo Ultim 3 est composé de Thomas Coville, Frédéric Denis, Nicolas Troussel, Guillaume Pirouelle, Léonard Legrand et Pierre Leboucher, celui de SVR-Lazartigue de François Gabart, Tom Laperche, Pascal Bidégorry, Antoine Gautier, Emilien Lavigne et Amélie Grassi.
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