Les organisateurs de la Transat Jacques Vabre ont annoncé jeudi au Havre le changement de nom de la course, qui devient Transat Café L’Or. Co-directeur de la course, Gildas Gautier explique ce changement et les contours de l’édition 2025, qui s’élancera le 26 octobre du Havre à destination de Fort-de-France (Martinique).
▶ Peux-tu nous raconter comment s’est fait ce changement de nom ?
A l’issue de la remise des prix de l’édition précédente fin janvier 2024, nous avons organisé nos premières réunions pour dessiner les enjeux de la prochaine. C’est à ce moment-là que nos partenaires de JDE Peet’s France nous ont parlé de leur volonté de changer de nom (voir ci-dessous). Leur choix était d’activer une marque plus internationale, plus puissante, une manière aussi de pérenniser leur engagement dans cet événement et d’en accompagner la montée en puissance, puisque la marque L’Or est la marque préférée des Français, le café le plus vendu en France. La course va donc bénéficier d’une marque qui va lui apporter un surcroît de visibilité et de dynamisme, parce qu’elle est partout en rayon, contrairement à Jacques Vabre, moins présente dans les foyers. Lorsqu’on faisait des études de notoriété sur cette dernière, quasiment après chaque édition, on se rendait compte que les gens connaissaient le nom, mais ne l’identifiaient pas forcément à une marque de café, donc pour JDE, ce n’était plus une marque susceptible de porter l’événement. A partir de là, on a pas mal brainstormé autour de L’Or pour trouver le bon nom, on a aussi fait travailler des agences, pour finalement aboutir à Transat Café L’Or Normandie Le Havre, un nouveau nom qui s’accompagne forcément d’une nouvelle identité visuelle.
▶ Avez-vous pesé le risque de changer le nom d’une course bien identifiée aux yeux du public et des médias ?
On n’abandonne pas de gaieté de cœur un nom qu’on a porté pendant longtemps, la Transat Jacques Vabre est effectivement un des naming sportifs les plus identifiés auprès du grand public, l’événement est connu par huit Français sur dix, donc ce n’est pas anodin d’en changer le nom. Il s’est d’ailleurs au départ appelé Route du Café, il faut se rappeler que ce nom est longtemps resté, les gens ont mis du temps à vraiment parler de Transat Jacques Vabre. Maintenant, quand on lance un nouveau nom, il faut accompagner ce changement très fortement, ce qui est le cas avec cette révélation et une campagne de communication digitale qui va être déployée pour que le maximum de gens impriment que la Transat Jacques Vabre est devenue la Transat Café L’Or, on utilise l’ancien nom pour porter le nouveau.
“Renforcer nos engagements”
Non, c’est un changement dans la continuité, on veut conforter notre ADN et nos valeurs. C’est la même course, en plus fort, en plus intense, en plus engagé, mais on est toujours la même transat, la plus longue, en double, qui emprunte la route du café, et un événement qui a été pionnier dans ses engagements, notamment environnementaux et sociétaux. On est une course un peu singulière, déjà dans sa gouvernance avec une association, ce qui nous a permis très tôt, dès qu’on a adopté ce statut en 2010, de construire avec l’Ademe le référentiel des événements éco-conçus, éco-gérés et intégralement compensés. Nous sommes un événement populaire, engagé pour le vivant, audacieux dans son mode de gouvernance et sa manière de concevoir la course au large, cette singularité et ces valeurs, on souhaite vraiment les renforcer et les rendre plus visibles à tous. Ça va être un des axes les plus saillants de cette Transat Café L’Or.▶ Ce qui veut dire, concrètement ?
C’est encore un peu tôt pour rentrer dans les détails, mais on a déjà renforcé nos équipes sur ces sujets, l’intégralité du village de la course racontera cet engagement, ça ne sera pas seulement dans un pavillon des initiatives positives. Chaque jour, du jeudi 16 octobre jusqu’au départ, le dimanche 26, on aura une thématique différente qui permettra d’activer et de mettre en pertinence l’ensemble des exposants et des acteurs du village. Ça peut être lié à l’enfance, au mieux manger, à la préservation de la biodiversité, à l’avenir de la course au large ou des océans…On va aussi prendre des décisions plus fortes avec les teams, dans le sens où quand on s’inscrit sur la Transat Jacques Vabre, on s’engage à ramener son bateau à la voile, on veut proscrire le retour cargo. On souhaite également limiter l’usage des bateaux à moteur au moment du départ en développant une offre alternative et en essayant de responsabiliser au maximum les teams et leurs sponsors sur ces enjeux. On demande aussi à nos partenaires de participer à ces engagements, de contribuer à la diminution de nos impacts et aux programmes d’inclusion ou de protection de l’environnement. C’est aussi une nouveauté : quand on est partenaires de la Transat Café L’Or, on participe à en porter les valeurs.
“Je ne sais pas dire qui arrivera
le premier à Fort-de-France”
Nous avions un contrat avec la Martinique portant sur trois éditions, nous allons lancer très vite un appel à candidatures international pour l’arrivée des deux ou trois prochaines, sur lequel la Martinique pourra bien évidemment également se positionner.▶ Ce qui ne change pas, c’est la difficulté pour un organisateur de course multi-classes de satisfaire tout le monde, les parcours de cette Transat Jacques Vabre auraient dû être révélés ce jeudi, ce qui n’a pas été le cas, puisque les classes ne semblent pas toutes d’accord, peux-tu nous en dire plus ?
S’il faut prendre du temps pour créer de l’acceptation auprès de tous, on va le prendre, il n’y a pas de problème avec ça, mais on voit en effet qu’il y a un peu de compétition entre les classes… Nous, notre sujet est toujours le même : on propose quatre départs échelonnés, quatre parcours, un peu différents cette année, dans le sens où ils seront plus tendus – on va passer d’une durée d’environ 14 jours pour toutes les classes sauf les Class40 à 10-12 jours -, l’objectif étant de maintenir le principe d’arrivées groupées dans la période du voyage de presse, avec quatre vainqueurs qui profiteront tous d’une belle exposition médiatique. Maintenant, mais je ne sais pas dire qui arrivera le premier à Fort-de-France, ce sont les conditions et les éléments qui décideront. Avec ces parcours, on a fait des routages sur les dix dernières éditions, et selon les années, c’était soit un Ocean Fifty, soit un Ultim, soit un Imoca qui arrivait le premier. On souhaite se tenir à une proposition équilibrée pour ne pas créer de jalousies ou favoriser une classe au détriment des autres. J’espère que tout le monde finira par se rendre compte qu’on a travaillé dans la bonne direction.▶ Finissons par le budget, sera-t-il en augmentation ?
Il l’était déjà de plus de 35% sur la précédente édition [5,5 millions d’euros, hors arrivée en Martinique, voir notre article], on travaille sur un budget encore en augmentation sur celle-ci, de l’ordre de 15 à 20%.
Président de JDE Peet’s France, Vincent Prolongeau a confié à Tip & Shaft, à propos du changement de nom : “Nous ne sommes pas aveugles sur le fait que ça prendra du temps pour que la mythique Transat Jacques Vabre transitionne vers la Transat Café L’Or, nous saurons être patients et nous sommes conscients du risque de notoriété auquel on s’expose dans un premier temps. Ce qui est important, c’est qu’on change de nom, mais on n’a rien envie de changer d’autre car c’est une très belle transat qui nous convient très bien. Si on change, c’est que le marché du café évolue, notre gringo de Jacques Vabre a beaucoup moins de place aujourd’hui, alors que L’Or, marqué née en même temps que la Transat, est devenue leader en France car elle a su surfer sur les nouvelles tendances, et notamment sur le café portionné, les capsules essentiellement. Il était légitime pour nous soutenir la transat avec la marque la plus représentative de notre portefeuille, elle représente un peu moins de 50% des cafés commercialisés en France, Jacques Vabre est passé à 1% de parts de marché. Notre ambition avec cette nouvelle marque est aussi de réaffirmer notre engagement sur le long terme, nous avons fêté nos 30 ans en 2023, mon souhait en tant que président de JDE est qu’on reparte pour une trentaine d’années.”
Photo : Jean-Louis Carli / Alea