Apivia au départ de la Transat Jacques Vabre 2019

Francis Le Goff : “Tout ce qui se fait de mieux en course au large est au rendez-vous de la Jacques Vabre”

La conférence de presse de présentation de la Transat Jacques Vabre Normandie-Le Havre a eu lieu le jeudi 23 septembre à la Maison de la Radio à Paris. L’occasion pour Tip & Shaft de s’entretenir avec son directeur de course (qui officie également sur la Solitaire du Figaro et la Route du Rhum), Francis Le Goff.

 

► Comment se présente cette édition 2021 de la Transat Jacques Vabre ?
Il y a beaucoup de signes d’engouement. Le premier, c’est celui de la Martinique, qui a mené un vrai combat pour obtenir l’arrivée [la Martinique accueillera l’arrivée sur trois éditions, NDLR], ils ont montré qu’ils la voulaient à tout prix. Comme on voulait garder le côté traversée nord-sud qui fait partie de l’identité de la Transat Jacques Vabre, ça nécessitait de mettre au point des parcours différents, qui, je trouve, apportent du piment en plus. A côté de ça, la nouvelle direction a mis le paquet pour faire de cette transat plus qu’un simple événement sportif. Je le constate dans les sollicitations médiatiques, il n’y a pas que des médias sportifs qui s’y intéressent. Enfin, il y a un très beau plateau, les classes ont bien fait leur travail. On s’est attachés à leur parler très tôt avec un discours transparent sur les parcours, ce qui a forcément occasionné des discussions et des questions – « Est-ce qu’on arrivera quand même les premiers si on a les plus gros bateaux ? ». Mais, quand on voit le plateau, on se dit qu’il y a quand même eu de l’adhésion : tout ce qui se fait de mieux en course au large est au rendez-vous.

► Justement, les plus gros bateaux, à savoir les Ultims, arriveront-ils les premiers ?
Sur la moyenne des fichiers historiques, ils ont un petit avantage. Pour la lisibilité auprès du grand public, on a travaillé avec Christian Dumard pour respecter ça, mais on sait très bien qu’un Pot-au-noir qui scotche les bateaux peut changer la donne. Maintenant, même s’ils n’arrivent pas les premiers, on doit pouvoir comprendre que c’est une course multi-classes avec quatre vainqueurs et pas un seul. Teddy Riner, quand il gagne, c’est dans sa catégorie de poids, pas en 60 kilos, c’est la même chose pour la transat. Et le fait d’avoir des parcours différents pour chaque classe [sauf pour les Imoca et les Ocean Fifty qui ont le même, NDLR] vient appuyer cette thèse, c’est plus dur à expliquer quand on n’a qu’un seul parcours. Ce qu’il faut comprendre aussi, c’est que c’est difficile pour les villes d’arrivée d’animer un village qui dure trois semaines/un mois.

► Y avait-il d’autres candidatures que la Martinique pour l’arrivée ?
Oui, il y avait une super candidature, comme on n’en avait jamais eue au Brésil, à Recife, avec des garanties sur les ports, des engagements financiers, sociétaux et environnementaux, des interlocuteurs sérieux. Ils ont d’ailleurs été assez déçus de notre choix, mais ils le comprennent. Pour aller là-bas, il aurait fallu pouvoir les rencontrer, travailler dans la sérénité, et à ce moment-là, le pays était dans une situation sanitaire catastrophique, tous les ponts étaient coupés entre la France et le Brésil, la sagesse voulait qu’on privilégie la Martinique. L’offre martiniquaise et l’énergie qu’ils mettent sont à mon sens cependant supérieures à ce que nous proposait Recife. Ils ont vraiment pris ça à bras le corps en calquant leur organisation sur le modèle de celle du Havre, et sur tous les sujets – le sportif, le portuaire, les aspects sociétaux et environnementaux -, ils sont présents, c’est incroyable qu’ils aient réussi à mettre tout ça en route en si peu de temps.

“Sur la Route du Rhum, on veut remettre
le sportif au-dessus de la pile”

► Y avait-il un numerus clausus sur le nombre d’inscrits ?
Non, aucun. Après, on avait donné aux classes le nombre de bateaux que nous pouvions accueillir dans les bassin Paul Vatine et dans celui de l’Eure – 40 Class40, 24 Imoca, 8 Ocean Fifty et 5 Ultims -, et on leur avait dit que si on dépassait ce nombre, on leur proposerait une autre solution dans le bassin Vauban, à l’entrée de la ville. Ce qui est le cas et a été bien accepté par la Class40 qui aura 5 bateaux dans ce bassin. Pour les Ultims, ils seront cette année tous dans le bassin de l’Eure, on a fait une petite marina pour qu’ils soient ensemble.

► Un mot sur la Route du Rhum dont l’avis de course est sorti cet été, précisant le nombre de bateaux par classe, étiez-vous, pour le coup, limités en nombre ?
Oui, le préfet maritime a donné 120 bateaux. Il n’est pas impossible, comme la dernière fois, qu’on accorde quelques wild-cards supplémentaires, mais ça ne sera pas 25 bateaux de plus. Sur la répartition, OC Sport a dû faire ses choix : 55 Class40, 25 Imoca, 8 Ultims, 8 Ocean Fifty, 12 et 12 pour les deux classes Rhum. C’est d’ailleurs dans ces catégories que les cas vont être les plus compliqués, parce qu’il y a énormément de pré-inscriptions. On avait pour cela sorti une note très tôt en avril donnant des critères de choix, parce que, inévitablement, certains vont rester à quai. Le premier est de privilégier les bateaux historiques et ceux qui ont déjà terminé le Rhum, par exemple un Kriter VIII ; ensuite, il y a le nombre de milles parcourus en course avec le bateau. Enfin, on a un TCC (indicateur de temps) minimum pour avoir des bateaux quand même assez rapides, on veut remettre le sportif au-dessus de la pile, on ne vient pas juste pour faire la Route du Rhum, il y a d’autres programmes pour ça.

► Comment expliques-tu l’engouement ces temps-ci dans la course au large, avec de nombreux bateaux qui se construisent, alors qu’on vit une période compliquée avec la crise sanitaire ?
Je pense que le Vendée Globe a conduit des entreprises à se dire que la voile était un bon plan pour communiquer, on a aussi été capables de montrer ce sport autrement. Il y a également le besoin de liberté que je constate dans ma région [Francis Le Goff dirige également la ligue de voile de Normandie, NDLR] : de nombreuses personnes ont envie de se lancer sur des sports de pleine nature et sur la voile en particulier. Aujourd’hui, on a moins de difficultés qu’auparavant à convaincre des partenaires de nous rejoindre.

 

Photo : Alea

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