L’édition 2018 du Tour Voile s’est élancée vendredi dernier de Dunkerque pour un peu plus de deux semaines de régates qui s’achèveront le 22 juillet à Nice. 26 équipages sont inscrits à une épreuve que son organisateur depuis 2012, Amaury Sport Organisation, souhaiterait faire passer dans une autre dimension, à condition de trouver un partenaire-titre. Tip & Shaft fait le point sur ce Tour 2018.
Racheté en 2012 par ASO, le Tour de France à la Voile avait vécu une petite révolution en 2015 avec changements de support (le Diam 24 à la place du M34) et de format (fin des étapes de large, introduction des régates en stadium). Cette mutation a atteint son objectif, relancer une participation en chute libre (9 bateaux en 2014, 28 en 2015, 26 cette année). Mais ce n’est pas pour autant que l’épreuve est une affaire rentable pour son organisateur, qui souhaite franchir un nouveau palier, comme le confie son directeur Jean-Baptiste Durier : “Nous sommes aujourd’hui au milieu du gué, dans le sens où nous avons bien développé le modèle, le format mis en place fonctionne, mais l’objectif est désormais d’emmener le Tour plus haut. Nous avons beaucoup d’ambitions, mais ce futur, il faut le construire avec un partenaire, donc il nous faut clairement un naming. Le Tour est une des dernières grandes compétitions de la voile française qui a son nom libre”.
Le ticket d’entrée ? “Il est à 1,5 million d’euros par an, dont 300 000 euros d’espaces médias, idéalement sur un contrat de cinq ans, parce que nous voulons construire une histoire sur le long terme, à l’instar de ce qu’ont fait la Transat AG2R La Mondiale ou la Transat Jacques-Vabre”, poursuit Jean-Baptiste Durier. Cette quête de partenaire-titre, qui s’est accompagnée d’un changement d’appellation – le Tour de France à la Voile est devenu le Tour Voile pour faciliter le « naming » de l’épreuve – a été tout près d’aboutir l’année dernière avec SFS. Mais le courtier en assurances, en proie à de grosses difficultés économiques, a finalement jeté l’éponge, mettant fin à tous ses investissements dans la voile.
Trop tard pour se retourner en vue du Tour 2018 et pour compenser complètement le départ de Yanmar, “partenaire majeur” depuis trois éditions, (ce qui lui donnait le droit de figurer sur les spis des Diam 24), qui n’a pas renouvelé son contrat : “Ils ne pouvaient pas suivre l’augmentation du ticket de partenaire majeur à partenaire titre [plus du double, NDLR] et ils ont changé de direction générale, ce qui les a aussi conduits à revoir leur stratégie de sponsoring”, explique Jean-Baptiste Durier. Le patrondu Tour Voile a donc dû bâtir un budget pour l’édition 2018 avec des revenus légèrement à la baisse par rapport à celui de l’année précédente.
Un budget qui repose sur une “pyramide de partenaires“, avec en haut deux partenaires officiels, Finagaz et Crosscall (seul nouveau venu), qui versent chacun 250 000 euros. Ensuite six fournisseurs officiels (Cheminées Poujoulat, Pink Lady, Bananes de Guadeloupe et de Martinique, Lorina, Isuzu, XPO Logistics), dont le ticket d’entrée se situe entre 50 000 et 80 000 euros, soit environ 400 000 euros. Les villes (ou collectivités) versent quant à elles un total de 900 000 euros : 90 000 pour les cinq villes-étapes (Dieppe, Barneville-Carteret, Baden, Gruissan, Hyères), soit 450 000, l’autre moitié étant répartie entre les villes de départ et d’arrivée, Dunkerque et Nice. Le reste du budget est composé des droits d’inscription (310 000 euros, un peu moins de 12 000 par team) et de plusieurs postes, dont les revenus liés au village et les hospitalités.
Au total, le budget de ce Tour 2018 est estimé à un peu moins de 2,5 millions d’euros – montant que son directeur ne confirme ni n’infirme pas. Reste donc, en vue des prochaines éditions, à trouver de quoi remplir le haut de la pyramide, “sujet majeur du moment” pour Jean-Baptiste Durier et ses équipes. “Il y a des discussions en cours, nous avons quatre-cinq pistes intéressantes, on espère bien que l’une ira au bout”, conclut l’intéressé.