Le projet était dans l’air depuis plusieurs mois, il a été officialisé mercredi dernier à Londres : Larry Ellison et Russell Coutts y ont annoncé le lancement de SailGP, un nouveau circuit disputé sur des catamarans monotypes de 50 pieds dotés d’ailes rigides, disputé en 2019 par six équipes nationales – dont une française – avec une finale à Marseille du 20 au 22 septembre. Tip & Shaft est parti à la pêche aux infos.
Depuis l’annonce par Emirates Team New Zealand et son challenger of record, Luna Rossa, du passage de la prochaine Coupe de l’America sur un nouveau support, l’AC75, Larry Ellison, patron de Team Oracle USA, et Russell Coutts réfléchissaient discrètement à un circuit avec les AC50 utilisés aux Bermudes ou des bateaux similaires. Le projet a donc été officialisé mercredi à Londres, avec l’annonce du lancement dès 2019 de SailGP. Un concept que Coutts affirme être “né d’une page blanche” et qui se veut totalement différent des autres compétitions. La “Larry’s League“, comme elle a été surnommée par les marins anglo-saxons, fait bien sûr penser au projet de World Sailing League, déjà porté par Russell Coutts et Paul Cayard en 2007, qui n’avait jamais vu le jour.
Ce nouveau circuit sera couru dès 2019 par des équipages de cinq marins sur des F50, catamarans monotypes de 50 pieds à aile rigide pouvant atteindre 50 nœuds, construits en Nouvelle-Zélande chez Core Builders Composites, chantier appartenant à Larry Ellison. Il mettra aux prises six équipes 100% nationales (France, Etats-Unis, Angleterre, Australie, Japon et Chine) sur cinq étapes d’ores et déjà connues : Sydney (15-16 février), San Francisco (4-5 mai), New York (21-22 juin), Cowes (10-11 août) et Marseille (20-22 septembre). Chaque Grand Prix sera composé de cinq régates en flotte sur deux jours, à l’exception du rendez-vous de Marseille qui proposera en plus une ultime journée en forme de finale en match-race entre les deux premiers au classement général, avec à la clé un prize money de 1 million de dollars (870 000 euros au cours actuel).
Pourquoi Marseille ? “Les fondateurs du circuit voulaient que ce soit dans le Sud, ils avaient besoin d’un endroit un peu iconique“, répond Stéphanie Nadin, qui travaille depuis six mois sur le projet, en charge de la coordination de l’étape phocéenne, et qui, pour la partie nautique, s’appuie sur le local Dimitri Deruelle, l’agence Windreport étant chargée de la communication. Du côté des collectivités locales marseillaises, hôte des finales des World Cup Series en 2018 et 2019 et futur site olympique en 2024, on se réjouit de ce choix : “C’est une vraie reconnaissance pour Marseille, je sais que Larry Ellison avait été très satisfait de sa venue ici sur l’Audi Med Cup en 2008. Ce souvenir a sans doute joué, mais je pense surtout qu’ils ont choisi Marseille pour le symbole des Jeux olympiques”, explique Didier Reault, adjoint au maire de Marseille délégué à la mer, au littoral, au nautisme et aux plages.
L’élu réserve les annonces principales pour la conférence de presse de présentation de l’événement le 23 octobre, des clauses de confidentialité assez drastiques liant tous les acteurs de SailGP. Mais Didier Reault indique cependant : “Nous réfléchissons à deux options : un accueil d’honneur dans le Vieux Port, mais qui nécessite de bouger beaucoup de monde, ou sur l’avant-port du Grand port maritime“. Et Didier Reault de mettre en avant un argument de poids du circuit SailGP pour les ports d’accueil : “Ce qui est intéressant, c’est qu’on n’a pas de demande de financement en cash, c’est une première qu’il faut souligner. Il y a évidemment une demande de services municipaux, surtout sur la mise à disposition d’espace, mais on ne verse pas de subvention”.
Effectivement, Larry Ellison s’occupe de tout : le milliardaire assure la viabilité économique de ce nouveau circuit pour plusieurs années, charge à lui et à son équipe de trouver ensuite des partenaires. Ce qu’ils ont déjà commencé à faire, puisque Oracle (créé par Larry Ellison) ainsi que Louis Vuitton et Land Rover – exclus de la prochaine Coupe de l’America – sont “partenaires fondateurs” de Sail GP. Les équipes sont toutes baptisées de la même manière (nom du pays accolé à SailGP Team, les pages Facebook ont été lancées cette semaine). Leur coût annuel avoisinerait, selon Yachtracing.life, 5 millions de dollars (4,35 millions d’euros), la première a été annoncée mercredi, GreatBritain SailGP Team, menée par Chris Draper.
Des annonces seront faites pays par pays dans les prochaines semaines, le casting ayant été supervisé par Russell Coutts et son équipe. Selon Cup Legend, des marins comme Phil Robertson, Tom Slingsby et Nathan Outteridge sont pressentis, tandis que le France SailGP Team, qui sera dévoilé le 23 octobre en même temps que la présentation de l’étape marseillaise, sera mené par Billy Besson ; ce que plusieurs sources nous ont confirmé – le quadruple champion du monde de Nacra 17 n’ayant pas répondu à nos appels. D’après nos informations, l’équipage tricolore sera en outre composé, à une exception près, de l’actuel équipage du GC32 Norauto mené par Franck Cammas, ce dernier n’étant pas de la partie.