Le cahier des charges de SailGP est précis et carré : si les organisateurs ne font pas payer de droits pour venir à Marseille, ils sont exigeants, à terre comme en mer. Avec, comme priorité, le spectacle. “L’idée, c’est vraiment de placer les spectateurs aux premières loges“, résume Stéphanie Nadin. Le choix de la zone de course aurait donc dû naturellement se porter sur la rade sud, surplombée par la fameuse Corniche, idéale pour accueillir le public – qui recevra d’ailleurs les épreuves olympiques. “Le lieu est parfait par vent d’est ou par Mistral, mais la Corniche est un haut relief qui génère un tampon[une zone sans vent, NDLR] avec le thermique, majoritaire en septembre“, décrypte Dimitri Deruelle, en charge de la partie maritime de l’organisation.
L’équipe marseillaise a donc proposé de déplacer les régates de F50 en rade nord, au pied de la Digue du Large, juste à la sortie du Vieux Port… et de construire une tribune de 1 000 places(payantes) et un espace VIP sur la digue en question ! Sur le papier, l’idée paraît simple ; dans les faits, il y a un peu de boulot car l’édifice qui protège les bassins de la Joliette, géré par le Grand port maritime de Marseille (GPMM), est inaccessible par la terre et interdit au public depuis 2001. Sans compter quelques contraintes supplémentaires sur cette étroite bande de béton et de pierres : laisser une voie d’accès aux pompiers, ne pas monter des gradins trop hauts en cas de vent fort, mettre en place une navette maritime pour acheminer le public..
“Ça a pris un peu de temps, parce qu’au début, personne ne comprenait ce qu’on faisait, sourit Stéphanie Nadin, qui travaille depuis 9 mois avec une douzaine de personnes sur le dossier. Mais je crois qu’on arrive au bon moment, quand le GPMM a besoin de communiquer. Les astres se sont alignés et tout le monde soutient le projet. Les spectateurs de la tribune de la Digue auront littéralement le nez sur la ligne d’arrivée !“. La fan zone, elle, sera installée sur le môle portuaire du J4, face au Mucem et les F50 viendront s’amarrer sur une bouée à proximité tous les jours avant et après les régates.
La logistique à terre des six teams de SailGP n’est pas une mince affaire non plus : “L’organisation débarque avec 100 containers qui regroupent les bateaux et tout le dispositif technique, explique Dimitri Deruelle. Il a fallu leur trouver un espace sécurisé, avec des grues pour démâter les bateaux, des tentes pour stocker les ailes…” Deux fois par jour, les F50 parcourront 6 milles en remorquage pour s’abriter tout au nord de la rade, au port de Corbières.
Dernier petit dossier – et non des moindres : le trafic maritime. La zone de course est positionnée à proximité immédiate du chenal d’accès au port de commerce et de nombreux bateaux spectateurs sont attendus, en particulier le dimanche où la Grande Parade maritime aura lieu le même jour que la manche finale entre les deux meilleurs équipages en piste pour le million de dollars de prize money… “En dehors des zones réservées – en particulier pour les bateaux spectateurs officiels SailGP qui seront en première ligne – l’accès sur l’eau est libre, mais tout le monde doit s’accréditer via le site“, prévient Dimitri Deruelle, qui annonce 60 bateaux et 150 personnes pour surveiller la zone.