L’histoire de Conrad Colman, c’est celle d’un type qui accorde ses paroles et ses actes – même si ça lui prend du temps. Et qui trouve, qu’au fond, les Néo-Zélandais – dont il est – et les Français ont beaucoup en commun.
Né en 1983 d’un père américain qui a tout plaqué pour naviguer et d’une mère néo-zélandaise, il grandit à Auckland après le décès de son père quand il n’a que 11 mois. Il pratique la voile comme tout petit Kiwi qui se respecte, mais arrête quand il rejoint seul, à 15 ans, les Etats-Unis. Installé dans le Colorado, il pratique le VTT à haut niveau pendant ses études, créé une marque de vélo et largue tout en 2007, avec un seul objectif : participer au Vendée Globe 2016-2017, neuf ans plus tard.
Il atterrit à Cowes, La Mecque anglaise de la course, reprend des cours de voile, en donne dans la foulée, devient voilier, régate en long et en large dans le Solent, achète en Italie un cata pour s’engager dans la Transat anglaise, puis abandonne prudemment l’idée pour viser la Mini transat 2009, qu’il finit 24e en bateau de série. L’année suivante, il s’installe à Lorient, court le Rhum en Class40 et l’année suivante encore remporte la Global Ocean Race, tour du monde en Class40 en double avec autant d’équipiers que d’escales. Un premier tour du monde, et l’échéance du Vendée Globe qui se rapproche… Il découvre l’Imoca en travaillant pour Bertrand de Broc, puis embarque avec Nandor Fa pour la Barcelona World Race, courue en 2015 ; dans les mois qui suivent il achète l’ex Maisonneuve (plan Lavranos) et s’aligne au départ du Vendée Globe 2016… comme prévu. C’est là qu’il gagne ses galons de “Crazy Kiwi” : au large du Portugal, après 100 jours de course, il démâte et finit sous gréement de fortune entrant dans la légende du Vendée Globe.
Essoré physiquement et mentalement, il s’accorde une pause, en travaillant comme journaliste pour la Volvo Ocean Race, mais il a prévu de repartir pour un nouveau Vendée Globe. Après une saison en Figaro, il loue l’ancien Veolia de Roland Jourdain, mais le Covid balaye le projet – il doit renoncer. Un renoncement forcément temporaire : en 2021, il rachète l’ancien V & B de Maxime Sorel, et court toute la saison Imoca 2022, histoire de sécuriser sa sélection pour le Vendée Globe – pour lequel il cherche encore des partenaires. Il vous raconte tout ça avec un grand sourire, des yeux très clairs et une forme de simplicité impressionnante. Et on comprend beaucoup mieux son surnom…