Les sept navigatrices intégrant le projet UpWind By MerConcept viennent d’être sélectionnées à l’issue de quatre jours de tests et de navigation à Concarneau. Focus sur ce projet Ocean Fifty soutenu par 11th Hour Racing et skippé par Francesca Clapcich.
Sur les 120 candidatures de 30 nationalités différentes reçues par MerConcept – “parmi lesquelles des dossiers d’une très grande qualité”, souligne Louis Giard, le team manager d’UpWind by MerConcept – 16 avaient été retenues pour cette semaine de sélection combinant entretiens, tests physiques et navigations en Diam 24 et sur l’Ocean Fifty, l’ex-Les Ptits Doudous d’Armel Tripon.
“Notre objectif n’était pas de recruter les meilleures navigatrices à chaque poste et de créer un équipage de super stars, poursuit Louis Giard, mais plutôt de créer un équilibre avec des navigatrices expérimentées qui ont cet objectif de faire du solitaire en multicoque, en l’occurrence la Route du Rhum 2026, comme Anne-Claire Le Berre et Élodie-Jane Mettraux, ainsi que des navigatrices ayant de l’appétence pour naviguer en équipage et disposant d’une expertise technique déjà pointue. Comme Tiphaine Ragueneau – qui a fait pas de mal de J70 et J80 -, l’Américaine Sara Stone – sur le circuit Sail GP et sur la Women’s America’s Cup avec l’équipe américaine – ou encore Arianne van de Loosdrecht, également engagée sur la Coupe avec la Hollande.” L’équipe d’UpWind est également constituée de deux jeunes talents “à qui l’on a souhaité donner l’opportunité de naviguer en multicoque : la Sud-Africaine Michaela Robinson ou de l’Autrichienne Lisa Farthofer”.
”L’Ocean Fifty cochait toutes les cases”
L’objectif de MerConcept est en effet “d’apporter à ces navigatrices plein de compétences qui pourraient aller nourrir d’autres classes”, souligne François Gabart. Et lorsque l’on interroge le fondateur de MerConcept sur la genèse du projet, il fait immédiatement référence à la Route du Rhum 2022. Une course sur laquelle il avait été étonné “par la très faible représentation féminine ainsi que par l’absence de femmes en multicoque alors qu’historiquement cette course a été marquée par des victoires féminines, comme celles de Florence Arthaud ou d’Ellen MacArthur.”
Et François Gabart de poursuivre : “Nous souhaitions monter un projet pour développer l’accès des femmes au multicoque et à la course au large de haut niveau, et l’Ocean Fifty cochait toutes les cases. C’est une classe assez complémentaire de l’Ultim et l’Imoca sur lesquels on évolue déjà”. “Et l’une des seules, aussi où il y a ce mix entre courses inshore et courses offshore”, complète Francesca Clapcich.
Si le projet a tout de suite plu à 11th Hour Racing – “qui était d’ailleurs en discussion avec Francesca pour monter un projet”, souligne François Gabart – la fondation américaine est essentiellement là pour donner à ce projet son premier élan. “L’idée est de trouver d’autres partenaires pour que le projet perdure au-delà de 2026”, ajoute Louis Giard.
“De belles découvertes humaines”
Cette semaine de sélection “fut très riche, souligne Élodie-Jane Mettraux, tant au niveau des rencontres, du partage d’expérience entre navigatrices de différents horizons que du cadre bienveillant dans lequel on a évolué.” Anne-Claire Le Berre abonde : “Ce furent de belles découvertes humaines, tournées plus vers l’entraide que la concurrence.” Et cette dernière d’expliquer qu’elle adhère autant à “la structuration du projet et à son côté international qu’à son état d’esprit qui met les moyens nécessaires pour constituer une équipe professionnelle féminine sur un support qui est hyper intéressant et engagé.”
Issue de la filière olympique (470 et Yngling), Anne-Claire Le Berre va poursuivre sa saison en Class40 en tant que co-skipper d’Amélie Grassi (La Boulangère Bio) en parallèle du projet UpWind sur lequel elle va pouvoir approfondir son expérience en multicoque qui “se résume aujourd’hui à du Formule 18 et une navigation de Vigo à Lorient à bord de l’Ocean Fifty de Laurent Bourguès”, précise-t-elle.
De son côté, Élodie-Jane Mettraux navigue en multicoque depuis de nombreuses années – D35 sur le lac Léman, World Match Racing Tour en M32, tour de France en Diam 34 et une saison sur l’Ocean Fifty Leyton en 2021. La navigatrice suisse avait également été à l’initiative “du projet Leyton Magenta for Women”, qui embarquait des femmes en Multi50. En ce sens, UpWind “est un peu dans la continuité de ce projet.”
Première course à Saint-Malo
Celle qui est également engagée sur The Famous Project (Trophée Jules Verne 100% féminin à bord du maxi trimaran IDEC Sport) apprécie par ailleurs que les navigatrices du projet UpWind soient traitées “comme des marins professionnels. Il n’y a pas de discussion sur le fait que l’on mérite ou pas un salaire, ce qui était la discussion avec Alinghi, où l’on m’a dit que je n’avais pas plus de valeur qu’un jeune de 20 ans qui n’avait pas d’expérience professionnelle [raison pour laquelle elle a renoncé à participer à la Women’s America’s Cup, NDLR].”
La première navigation en course d’UpWind sur le circuit Ocean Fifty se fera à Saint-Malo, du 22 au 26 mai, en équipage réduit. MerConcept devra par la suite très rapidement identifier deux navigatrices ayant une belle expérience du large pour courir la Med Max, une course en double en Méditerranée qui s’élancera en septembre, puisque Francesca Clapcich sera sur la Women’s America’s Cup à ce moment-là. “L’année va être très chargée, confirme la navigatrice italienne, c’est pourquoi il est important que nous ayons une équipe solide.” Tournée vers un objectif Vendée Globe 2028, elle cédera d’ailleurs la barre de l’Ocean Fifty après la Transat Jacques Vabre 2025 et l’une de ces sept navigatrices endossera donc le rôle de skipper lors de la Route du Rhum 2026.
“Je suis vraiment fière de faire partie de ce projet, poursuit Francesca Clapcich. C’est un premier pas vers plus de diversité, mais c’est aussi une responsabilité en tant que skipper car je ne veux pas être la dernière. Je pense que je dois montrer la voie aux autres navigantes, montrer que parfois, même si les portes ne semblent pas très ouvertes, il faut les franchir pour prendre part à de grands événements.”
Photo : Qaptur