Après le Class40 et le Figaro avec Arthur Le Vaillant et Sam Goodchild, Leyton est engagé depuis l’an dernier sur le circuit Ocean Fifty. Un partenariat qui lie désormais la société de conseil au skipper britannique jusqu’à la Route du Rhum 2022. L’occasion d’échanger avec la directrice marketing et communication, Caroline Villecroze.
Qu’est-ce qui vous a motivé en 2018 pour vous engager dans le sponsoring voile ?
C’est l’histoire d’une rencontre entre François Gouilliard, l’un des cofondateurs de Leyton, et Arthur Le Vaillant, mais une rencontre au bon moment, c’est-à-dire que Leyton était alors en pleine accélération de son développement, notamment à l’international, donc c’était le timing idéal pour travailler notre image de marque, notre notoriété et la fierté d’appartenance de nos collaborateurs.
Etiez-vous venus pour voir ou d’entrée convaincus de vous inscrire dans la durée ?
Nous nous sommes d’emblée inscrits dans la durée. En revanche, on se questionne tous les ans pour savoir si on va dans la bonne direction, on se fait notamment challenger par les patrons des autres pays où Leyton est installé et pour lesquels la voile n’est pas forcément le sport n°1, par exemple au Canada. Notre projet de sponsoring ne se limite pas à la France, il concerne tout le groupe, donc chaque année, on se demande si ce sport nous correspond toujours, les choses ne sont pas gravées dans le marbre.
Vous avez commencé par le Class40, puis mené un double projet avec du Figaro, aujourd’hui, vous êtes en Ocean Fifty, pourquoi tous ces changements ?
Nous avons effectivement démarré avec le Class40 qui était le voilier de notre skipper, Arthur Le Vaillant. Nous avons eu en 2019 l’opportunité d’avoir un Figaro à la location, la Solitaire du Figaro étant une compétition très « challenging » – dont nos skippers, Arthur puis Sam, avaient très envie – nous nous sommes dit que ça pouvait être intéressant. Mais, à un moment, on s’est rendu compte que ça brouillait un peu les pistes auprès de nos collaborateurs qui ne savaient plus trop sur quel bateau on était, on avait besoin de remettre de la visibilité sur notre projet. Et un des enjeux du choix du voilier est aussi l’expérience que l’on fait vivre à nos collaborateurs et à nos clients. On nous avait présenté il y a quelques années le Multi50 comme un format assez extraordinaire, donc assez tôt, on s’est dit qu’on irait sur ce bateau dès que l’occasion se présenterait. C’est le cas depuis l’an dernier et on ne le regrette pas, d’abord parce que le trimaran fait vivre des sensations incroyables, ensuite parce que la classe Ocean Fifty a vraiment construit un programme exceptionnel.
“Sam a un profil plus international”
Vous avez aussi changé de skipper, pourquoi ce choix de vous séparer d’Arthur Le Vaillant ?
C’est moins une séparation avec Arthur que le choix de continuer avec Sam. Nous avons passé une année et demie très forte avec Sam, entre sa très belle Transat Jacques Vabre auprès de Fabien Delahaye (deuxième place) et sa Solitaire l’an dernier, nous avons créé des relations humaines très fortes ensemble. Il a aussi un profil plus international qui est important, puisque comme je vous le disais, nous avons besoin d’embarquer des pays étrangers dans ce projet. Mais nos trois ans avec Arthur se sont très bien passés, c’est quelqu’un qui fourmille d’idées et de projets, qui se questionne beaucoup, nous aimions cette profondeur de réflexion, son enthousiasme. Il a juste fallu faire un choix à un moment donné.
Quels sont vos objectifs sportifs ?
Nous voulons gagner ! La Transat Jacques Vabre, le Pro Sailing Tour et la Route du Rhum, c’est aussi pour ça que nous avons changé de bateau [Leyton loue désormais l’ancien Ciela Village], que nous avons investi dans un nouveau système électronique, d’autres évolutions sont prévues dans les prochains mois. Mais au-delà de la performance en elle-même, ce qui est important, c’est que l’équipe fonctionne. Et nous avons très fortement souhaité cette année qu’une partie d’elle soit féminine, afin que le projet représente davantage la mixité qui existe chez Leyton. Ce n’est pas facile en multicoque car assez peu de navigatrices ont accès à ce support, mais je pense que nous serons un des seuls équipages avec une ou deux femmes à bord cette année [pas encore choisies, l’annonce sera faite prochainement, NDLR] et nous sommes assez fiers de ça. C’est aussi dans cette optique que nous nous sommes rapprochés du Magenta Project pour monter un concours qui permettra cette année à neuf jeunes femmes de participer à des sessions d’entraînement sur le bateau. Nous souhaitons leur donner accès à ce type de support pour que demain, il y ait plus de choix de navigatrices, sur notre bateau ou sur d’autres, mais aussi pour qu’elles puissent monter leur propre équipage.
Est-ce envisageable de voir un duo mixte aux commandes de Leyton sur la Transat Jacques Vabre ?
C’était un de mes objectifs, mais aujourd’hui, on n’a pas réussi à identifier une navigatrice qui serait suffisamment entraînée pour que Sam soit complètement serein. Donc malheureusement, pour cette fois, ce sera toujours un skipper, dont le choix est en cours, mais on souhaite faire le retour de la Transat Jacques Vabre avec une navigatrice et on espère bien que ce sera possible pour les années à venir.
“On prête une oreille attentive au Vendée Globe”
Justement, pensez-vous déjà à l’après 2020 et notamment au prochain Vendée Globe ?
Oui, absolument. Le format Ocean Fifty nous plaît beaucoup, on va se concentrer dessus sur ces deux prochaines années, mais bien sûr, nous prêtons une oreille attentive à un projet Imoca et Vendée Globe si ça fait sens demain pour Leyton. Il n’est pas exclu que soyons au départ du prochain, je crois que c’est un des objectifs de notre skipper préféré…
Seriez-vous aussi tenté par la classe Ultim ?
Aujourd’hui, non. C’est trop gros, ce n’est pas ce qu’on est, nous sommes une boîte agile, futée, jeune ; pour moi, l’Ultim ne reflète pas ça, c’est une autre cour.
Quel est aujourd’hui le montant de l’investissement annuel de Leyton dans la voile ?
Je ne peux pas vous le dire, parce que si je vous donnais un chiffre, il ne serait pas représentatif de l’investissement réel que ça représente et qui est difficile à quantifier. Il y a beaucoup de variables sur un tel projet : la partie sportive, les relations publiques, le budget communication et, pour nous, tous les investissements autour de la mixité, mais aussi du développement durable. Cette année, nous avons ainsi vraiment souhaité que le bateau serve de laboratoire d’innovations pour des technologies de demain dans le domaine de la biodiversité, nous sommes en discussion avec trois sociétés pour accueillir leurs technologies. Donc le projet a tellement de dimensions, y compris au sein de nos équipes, que ce n’est pas possible de vous donner un montant.
Quel type de sponsor êtes-vous ?
Nous sommes un sponsor complètement heureux ! Mais nous sommes aussi un sponsor d’un nouveau type. Il est évident que la voile a été un formidable accélérateur de notoriété pour nous – on a récemment mené une enquête qui a montré que la voile pesait aujourd’hui un cinquième de la notoriété de Leyton. Mais ce qu’on vient rechercher, c’est plus un engagement très fort qui fait qu’à un moment donné, la frontière entre l’équipe voile et les équipes de communication et de consultants se brouille. Notre enjeu est de faire monter nos collaborateurs à bord et qu’ils n’aient justement pas l’impression qu’on fait du sponsoring classique, juste pour se faire plaisir. Je pense qu’aujourd’hui, on en est là, nous sommes très fiers de ce que nous avons construit depuis trois ans.
Photo : Martin Viezzer/Leyton Sailing Team