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Qui va gagner La Boulangère Mini Transat ?

Le départ prévu ce dimanche ayant été reporté, 90 marins devraient s’élancer lundi des Sables d’Olonne en direction de Santa Cruz de La Palma, aux Canaries, terme de la première étape de La Boulangère Mini Transat, la seconde les mènera à Saint-François, en Guadeloupe. Comme avant chaque grande course, Tip & Shaft analyse le plateau en compagnie d’un panel d’experts, composé des entraîneurs Tanguy Leglatin (Lorient) et François Jambou (Concarneau), de Pierre Le Roy, tenant du titre en proto, de Julie Simon ancienne présidente du pôle de La Turballe, et de Denis Hugues, le directeur de course. 

L’engouement pour La Boulangère Mini Transat ne se dément pas. Pour la deuxième édition consécutive, les organisateurs ont décidé d’ouvrir cette course transatlantique en Mini 6.50 à 90 participants – au lieu des 84 initialement prévus. Toujours aussi éclectique, le plateau de cette 24e édition présente une diversité de marins aux parcours et profils variés, avec notamment 27 skippers internationaux ainsi que 14 femmes – c’est la première fois qu’elles sont aussi nombreuses à s’aligner au départ de l’épreuve.

Avec 31 concurrents en proto (25 il y a deux ans), “l’épreuve va être particulièrement intéressante à suivre”, relève François Jambou, vainqueur en 2019 dans cette catégorie. Celui qui entraîne une quinzaine de ministes à Concarneau ajoute : “Souvent, il y a deux bateaux qui se détachent et derrière c’est un peu flou. Cette année, ils sont nombreux à aller vite sur des bateaux bien préparés. Sur le papier, il y en a bien dix qui peuvent faire un podium.

Son successeur au palmarès de la Mini Transat, Pierre Le Roy, aujourd’hui co-skipper de Benjamin Ferré sur l’Imoca Monnoyeur-Duo for a Job, abonde : “Le plateau est plus dense cette annéeIl y a pas mal de plans Raison assez équivalents, ce qui va donner un match plus serré qu’en 2021.”

  

Waksman et Manera sortent du lot

 

Nos experts sont toutefois assez unanimes pour dire que l’Uruguayen Federico Waksman (Repremar Shipping Uruguay) et l’Espagnol Carlos Manera Pascual (Xucla) seront aux avant-postes. Avec tous deux une Mini Transat à leur actif sur des bateaux de série en 2021 – le premier a terminé 21e, le second 32e -, ils disposent d’un “énorme avantage par rapport aux autres, relève Denis Hugues. Car la Mini est un vrai marathon où il y a toujours pas mal de petits problèmes techniques à résoudre, c’est un gros plus de l’avoir déjà faite.”

Federico Waksman, 33 ans, a en outre réalisé une première partie de saison convaincante en remportant la Puru Transgascogne et la Plastimo Lorient Mini sur son plan Raison. “C’est un sérieux client à la victoire qui dispose d’un bateau largement éprouvé et fiabilisé”, ajoute le directeur de course. Ce que confirme Pierre Le Roy, qui connaît très bien ce Mini 6.50, sur lequel il a gagné la dernière Mini Transat. Ce plan Raison est fiable et sûrement plus simple à mener que le foiler de Carlos. Et sur la durée, cela peut jouer. Federico est également très bon sur le réglage du bateau et il a une grosse détermination.”

À la barre d’un plan Manuard à foils qu’il a lui-même construit, Carlos Manera, 25 ans, a remporté la Mini en Mai ainsi que le Mini Fastnet, en double avec Federico Norman. Son bateau est assez polyvalent pour un proto et il arrive à le mener en solo en tirant vraiment parti de ses avantages”, observe Pierre Le Roy. “Carlos peut aller très vite, ajoute Denis Hugues. Et sur la Mini Fastnet, il nous a montré qu’il savait prendre de bonnes options.”

 

Nicomatic trop vert ?

 

Le second foiler de l’épreuve, Nicomatic, plan Manuard mené par Caroline Boule, fait dire à Tanguy Leglatin : “Il est impressionnant ! C’est évident qu’il a du potentiel, mais pas toujours exploitable. Il n’a pas encore la polyvalence requise, il reste encore du travail. François Jambou abonde : “C’est un bateau qui peut mettre trois jours au deuxième sur la première étape et autant sur la deuxième, mais pour l’instant, il y a trop d’incertitudes, trop de risques de casse. Même si Caroline navigue très bien, c’est encore trop frais. C’est en tout cas un projet admirable qui va tirer le sport vers le haut.”

Egalement cités sur le podium par certains de nos experts : Laure Galley (DMG MORI Sailing Academy 2), “ultra déterminée, talentueuse, avec une grosse écurie derrière elle”, note le coach de Concarneau ; et Julien Letissier, sur le plan Raison Frérots Branchet, 2e de la Mini en Mai et vainqueur du Trophée Marie-Agnès Péron. “Il est très bon pour préparer son bateau et dispose d’une très bonne expertise technique”, souligne Pierre Le Roy.

Plusieurs autres marins font figure d’outsiders, à l’image de Marie Gendron (Léa Nature), déjà une transat à son actif, ou de Jacques Delcroix (Actual), toujours dans le top 5 en avant-saison. “Il ne part pas avec un avantage technologique car son bateau est plus ancien que les autres [plan Bertrand de 2009, NDLR], mais il fait toujours de belles trajectoires”, souligne Julie Simon, 33e de la dernière Mini en série. C’est le plus doué du groupe de ministes, loue également François Jambou. Ce qu’il a fait avec son bateau est exceptionnel. Mais sur la durée, ça risque d’être compliqué. S’il y a un gros reaching pendant des jours il ne pourra pas lutter.”

 

Série : avantage aux Maxi

 

Sur les 59 bateaux de série, entre les Pogo 3 (17 concurrents) et les Maxi 650 (21 concurrents), l’avantage revient aux plans Raison selon Pierre Le Roy, également prévisionniste chez Météo France : S’il y a pas mal de reaching sur la première étape et des alizés puissants sur la seconde, ce sera compliqué pour les Pogo 3. Et la probabilité que les Maxi aient des conditions favorables est quand même plus importante.” Tanguy Leglatin ajoute : Les Maxi commencent à être bien aboutis. Leurs lacunes ont bien été comblées. Dans le petit temps au près, ils ont par exemple beaucoup progressé.”

Et celui qui est considéré comme le grand favori par nos experts est Léo Bothorel (Les OptiministesSecours Populaire 17 – Maxi), vainqueur cette année de la Puru Transgascogne et des Sables-Les Açores-Les Sables (SAS) en 2022. Il bénéficie de l’expérience de Romain Le Gall [aujourd’hui sur le circuit Figaro, il vient de terminer 2e bizuth de la Solitaire, NDLR], avec qui il a acheté et préparé le bateau”, précise Denis Hugues. “Il a l’expérience, le caractère – il est calme, lucide – ainsi que les qualités qu’il faut pour faire du large et gagner”, complète Julie Simon, qui sort elle aussi de la Solitaire du Figaro (3e bizuth).

Autre client sérieux à la victoire, Adrien Simon (Faun – Maxi), 4e de la Puru et 6e de la SAS. “Il a l’habitude d’être en mer [il est officier de marine marchande NDLR]fait remarquer Pierre Le Roy. Et pour une première grande course, ça devrait l’aider par rapport à ceux qui vont découvrir le large.” Au jeu des pronostics, celui qui complète le podium est Hugues De Prémare (Technip Energies-International Coatings – Maxi), vainqueur de la Mini en Mai et 2e de la Puru. “Il est bien organisé, concentré, il sent bien son bateau et fait de très très belles trajectoires avec une belle vitesse”, commente Tanguy Leglatin, qui l’entraîne à Lorient au sein d’un groupe de 25 ministes.

De nombreux autres marins sont cités par nos experts, à l’instar d’Ulysse David (Le Mini Equans – Maxi), 4e sur la SAS 2022, de Bruno Lemunier (Kalisto & Aerofab – Pogo 3), vainqueur de la Pornichet Select, ou encore de Thomas André (Diwan.bzh – Pogo 3) qui a “la culture du haut niveau car il était dans l’équipe de France de 470”, note François Jambou. À surveiller de près également : Djemila Tassin (Antistene – Maxi), qui a “une expérience de Mini Transat sur un Pogo 2, elle est très à l’aise au large et a toujours été dans les six premiers cette année”, selon Julie Simon. “Mais il y a toujours des surprises sur la Mini, il y en a plein qui poussent derrière, qui vont encore progresser et découvrir le grand large”, conclut Denis Hugues.

Les podiums de nos experts :

Proto : 1. Federico Waksman, 2. Carlos Manera Pascual, 3. Laure Galley et Julien Letissier
Série : 1. Léo Bothorel, 2. Adrien Simon, 3. Hugues De Prémare

Photo : Simon Jourdan / Winches Club

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