Basile Bourgnon à bord du Class40 sur lequel il va participer à la Transat Jacques Vabre

Comment Edenred monte en puissance dans la course au large

Entrée dans la course au large pour soutenir Emmanuel Le Roch sur la Route du Rhum 2018, la société Edenred y a pris goût : elle a renouvelé son contrat avec ce dernier jusque fin 2023, nouveau Class40 à la clé, tout en accompagnant Basile Bourgnon, en Mini, puis sur le circuit Figaro Beneteau 3 à partir de 2022. Décryptage.

L’histoire est née sur un quai de La Trinité-sur-Mer et c’est Emmanuel Le Roch, alors patron de Nautic Sport, société de location de bateaux, qui la raconte : “Je rêvais de Route du Rhum, j’avais acheté un Class40 pour l’édition 2018, mais je cherchais un financement. Il se trouve que Bertrand Dumazy était un client depuis une quinzaine d’années, il faisait partie d’une dizaine de personnes que j’avais identifiées pour leur présenter mon projet, mais je ne savais pas du tout ce qu’il faisait professionnellement.”

Bertrand Dumazy est en fait le patron d’Edenred, une société spécialisée dans les services aux entreprises – elle édite notamment le Ticket Restaurant – cotée à la Bourse de Paris, qui affiche aujourd’hui un chiffre d’affaires de 1,5 milliard d’euros et compte 10 000 collaborateurs. “Un jour, j’ai pris un café avec lui, il m’a dit que ça l’intéressait, mais il ne voulait pas que ce soit son projet perso, il m’a demandé d’aller le défendre devant son conseil d’administration.”

Emmanuel Le Roch parvient à convaincre les dirigeants, d’autant que le timing est bon : “On avait fait un rebranding de la marque en 2017 avec un nouveau logo, on avait besoin de le mettre en avant vis-à-vis de nos utilisateurs et de nos collaborateurs, nous avons été séduits par le projet”, confirme Julien Tanguy, directeur général finance d’Edenred.

Au départ, l’entreprise devait apporter une contribution plutôt modeste, elle s’avère plus importante que prévu : “C’était un petit partenariat, mais comme ils voulaient que le bateau soit entièrement marqué à leur nom, ils ont accepté d’augmenter leur participation en finançant quasiment tout”, poursuit Emmanuel Le Roch.

“Basile a été un énorme booster
en termes de communication externe”

La Route du Rhum de ce dernier tourne court (abandon pour panne de pilote et cloison fissurée), mais le “coup pour voir” ne reste pas sans lendemain : “On s’est rendu compte que le projet, qui était alors surtout tourné vers de la communication interne, avait vraiment bien marché, poursuit Julien Tanguy. On s’est dit que ce serait dommage d’arrêter là-dessus, on a regardé la course d’après, c’était la Transat Jacques Vabre. Comme elle se courait en double, s’est posée la question du co-skipper.”

Emmanuel Le Roch propose Basile Bourgnon, qui n’a alors que 17 ans : “J’étais hyper pote avec son père, Laurent, qui m’a beaucoup fait naviguer, donc je le connais depuis qu’il est tout gamin. Je savais qu’il voulait faire de la course au large, je me suis dit que ça pouvait être un tremplin pour lui et une belle histoire de passation entre nous.” Avec un bateau daté (Pogo 40 S2 mis à l’eau en 2010), les deux hommes terminent 12e, l’arrivée à Bahia et les retombées média finissent de convaincre Edenred de s’installer durablement dans la course au large.

“Basile a été un énorme booster en termes de communication externe. Nous avons eu des retombées de près de 900 000 euros en équivalent média, ça a été une opération très positive, on y a vraiment pris goût”, confirme Julien Tanguy. Edenred accepte alors la proposition d’Emmanuel Le Roch de viser plus haut et de construire un nouveau Class40 (Mach 40.4 chez JPS, mis à l’eau en juin dernier) – propriété d’Enjoy Racing, la structure du skipper. Et se réengage pour quatre ans, jusqu’à fin 2023, avec au programme deux Jacques Vabre et la Route du Rhum 2022.

Et le Vendée Globe ?

Parallèlement, Basile Bourgnon soumet au sponsor un projet de Mini Transat 2021 (en série, sur un Maxi) qui, là encore, dit banco. Projet qui a bien failli ne pas aller à son terme, puisqu’il ne faisait pas partie des 84 inscrits, avant d’être accepté in extremis lorsque l’organisateur a accepté d’élargir la liste à 90. Sous la pression d’Edenred ? “On a poussé, mais on n’était pas les seuls, répond Julien Tanguy. Les organisateurs avaient parfaitement conscience de l’investissement des skippers et des sponsors, on a pu avoir des discussions qui ont permis d’aboutir à cette solution. Maintenant, ce serait un peu fort de dire qu’on a pesé sur cette décision, c’est surtout la détermination de Basile qui a été prise en compte.”

Contraint de s’abriter en Espagne puis victime d’un problème de gréement, ce dernier est arrivé samedi 38e de la première étape, loin du vainqueur, Melwin Fink, mais il sait que la suite est déjà écrite pour lui : à partir de 2022, il courra pour trois ans sur le circuit Figaro Beneteau sous les couleurs d’Edenred. “C’est la suite logique de l’histoire, on s’est attachés à Basile et le Figaro est vraiment la série où on voit ce que vaut un marin. On a choisi de s’inscrire dans le temps, un peu comme Pierre Quiroga avec Macif [ce dernier est le co-skipper d’Emmanuel Le Roch sur la Jacques Vabre, Basile Bourgnon courra l’édition 2023, NDLR] : il avait un plan de trois ans qui lui a permis de monter en puissance jusqu’à gagner la Solitaire, c’est un bel exemple. Et ça reste dans ce qu’on peut se permettre en termes de budget.”

Qui de cet investissement ? “Près de 200 000 euros annuels pour le Figaro et un peu moins de 400 000 euros par an pour le Class40“, répond Emmanuel Le Roch, qui héberge avec sa structure les projets voile d’Edenred – des chiffres confirmés par le partenaire. “On est sur des coûts très raisonnables, ce n’est pas un budget d’Imoca”, estime Julien Tanguy. A propos d’Imoca, l’entreprise pourrait-elle accompagner Basile Bourgnon dans ses velléités de Vendée Globe ? “Aujourd’hui, ce n’est pas à l’ordre du jour, on va déjà faire ce premier cycle de quatre ans, mais rien ne nous empêche de rêver à une poursuite de notre croissance et d’accompagner Basile plus loin”, répond le directeur directeur général finance.

Photo : Jean-Marie Liot / Edenred

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