Caroline Boule

Caroline Boule : “Le projet Cap pour Elles tombe à pic”

La Transat Café L’Or a annoncé vendredi que l’Espagnole Aina Bauza (30 ans) et la Franco-Polonaise Caroline Boule (27 ans) étaient les lauréates de la troisième édition du dispositif Cap pour Elles, ce qui va leur permettre de participer à la transat en double 2025 sur un Class40 aux couleurs d’Engie (et d’un éventuel co-partenaire). Juste avant qu’elle ne parte ce vendredi en navigation sur son mini 6.50 NicomaticTip & Shaft a échangé avec Caroline Boule.

Pourquoi avoir postulé à Cap pour Elles et quelle a été ta réaction quand tu as appris que tu avais été choisie avec Aina ?
Jusqu’à l’année dernière, je naviguais sur le Mini 6.50 Nicomatic qu’on partage avec Benoît (Benoît Marie, son compagnon d’écurie et mari), l’idée pour 2025 était qu’il prenne le relais et fasse la Mini Transat, ce qui pouvait me permettre de saisir des opportunités d’apprendre à naviguer sur d’autres supports avec des personnes d’horizons différents. Quand j’ai vu le lancement du dispositif Cap pour Elles, ça a commencé à me titiller un peu, mais au début, je n’avais pas postulé, parce que je n’avais pas forcément de co-skippeuse et que j’avais d’autres projets en tête. Et finalement, c’est Aina qui est venue me chercher, c’était son idée à elle, j’ai sauté sur l’occasion on est forcément très contentes d’être sélectionnées.

Vous vous connaissiez ?
Oui, on se connaît depuis longtemps, puisqu’on a navigué en Moth international en même temps, on s’était rencontrées lors d’un stage d’entraînement sur le lac de Garde en 2021. Ensuite, on est restées en contact, on s’entendait très bien et on s’est retrouvées sur le circuit Mini, donc c’est vraiment cool de continuer à écrire une histoire ensemble, d’autant qu’on a les mêmes valeurs et les mêmes ambitions. L’idée maintenant va être de faire du mieux qu’on peut en Class40, Aina en a déjà fait, donc elle a plus d’expérience que moi qui n’en ai jamais fait. On sait que le niveau dans cette classe est très élevé, qu’on ne va sans doute pas gagner la Transat Café L’Or, mais on va essayer de se battre avec nos armes, on a envie de performer quand même.

Le Class40 faisait-il partie de tes objectifs ?
Pour être honnête, ce qui m’intéresse vraiment, c’est la classe Imoca pour faire le Vendée Globe. Après, je n’ai pas réussi jusque-là à réunir le financement. L’idée était de racheter un bateau d’occasion suite au Vendée Globe, j’avais pas mal avancé l’année dernière sur le sujet mais les budgets sont très élevés. Je continue à chercher en parallèle, et si ce n’est pas pour 2028, ce sera pour 2032 ! Je me rends compte aussi que c’est bien d’avoir des étapes intermédiaires, donc finalement, ce projet tombe à pic, il va me permettre d’apprendre à naviguer en course sur un plus gros bateau, sachant que j’ai aussi postulé auprès de toutes les équipes Imoca pour faire The Ocean Race Europe l’été prochain, sans réponse jusque-là.

“Le bateau arrive à être hyper
stable dans la mer formée”

Parlons maintenant du projet Mini 6.50, quel bilan tires-tu de la saison dernière sur Nicomatic ?
Ça a été une super belle saison. Autant je suis sortie déçue de l’année 2023, dans la mesure où j’avais certes réussi à traverser l’Atlantique sur la Mini Transat, mais pas de manière performante, autant en 2024, j’ai enfin réussi à bien mener le bateau, avec de bons résultats à la clé : j’ai gagné la PLM (Plastimo Lorient Mini), fait deuxième de la deuxième étape la SAS (Les Sables-Les Açores-Les Sables), et surtout, j’ai battu le record des 24 heures en Mini (322,70 milles, lors de la première étape, NDLR), donc c’était une super belle saison sur le plan sportif. Et c’est aussi ce qui me donne encore envie de naviguer sur ce bateau, ce qui va être le cas car je devrais courir la PLM et le Trophée Marie-Agnès Péron. En fait, ce que j’adore, c’est innover, développer, apprendre un maximum, ce que la voile permet en général, peu importe le support d’ailleurs.

Estimes-tu que vous avez validé le concept du Mini à foils au large ?
Pour moi, c’est certain, on l’a bien vu que la SAS. Sur la première étape, j’ai cassé, mais sur la deuxième, j’ai eu jusqu’à 100 milles d’avance sur le deuxième. Finalement, je me suis arrêtée, parce qu’il n’y avait plus de vent et que j’avais des voiles trop petites, mais on voit bien désormais que même dans de la mer formée, le bateau vole vraiment bien et arrive à être hyper stable. Ce n’est pas toujours facile, parce que dans des conditions comme celles du record des 24 heures, ça bouge et tape beaucoup, mais le fait de pouvoir régler la portance des safrans permet de jouer plus, notamment de relever le nez du bateau quand il y a plus de mer. Par exemple, à un moment, après avoir cassé mon spi médium, j’ai envoyé mon spi max, il y avait 25-30 nœuds, mais je m’en sortais en enlevant un peu d’incidence derrière pour relever le nez. Au final, c’est un bateau certes compliqué, mais il permet de faire plein de choses, c’est ça qui est sympa.

Cela veut-il dire que Benoît a les moyens de jouer la victoire en proto cette année sur la Mini Transat ?
C’est clairement l’objectif, on travaille dans ce sens et c’est pour ça qu’on a revu cet hiver tous les points faibles du bateau, particulièrement le petit temps. Jusqu’ici, toutes nos voiles étaient plus petites que celles de nos concurrents, parce qu’on était partis du principe qu’un foiler avait besoin de voiles plates plus petites, ce qui est vrai quand il vole, mais on avait sous-estimé le temps où le bateau ne vole pas, à savoir quand il y a moins de 10 nœuds. Donc cette année, on a décidé de construire de nouvelles voiles, plus grandes, il faudra juste adapter la voilure quand on volera en prenant des ris plus tôt que les autres.

Tu étais au Grand Rex mercredi 5 mars pour l’ouverture du Sailorz Film Festival qui a justement présenté le film We had a dream sur l’aventure Nicomatic, qu’est-ce que ça t’a fait de le voir sur grand écran ?
C’était franchement génial et hyper émouvant, j’avais les larmes aux yeux en regardant le film, ça rappelle tellement de bons souvenirs, mais aussi les difficultés qu’on a traversées depuis le début du projet. C’est le fruit de quatre ans de travail résumés en vingt minutes. Et ce qui m’a vraiment fait plaisir, c’est d’entendre les commentaires positifs des gens à la sortie.

Photo :  Georgia Schofield 

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