La première étape de la Transquadra Madère Martinique s’élance le 3 juillet de Marseille, pour la flotte méditerranéenne, et le 7 juillet, de La Turballe, pour la flotte atlantique. Cette 11e édition réunit 49 bateaux – certains dans la nouvelle catégorie croiseurs – et 84 marins (dont 70% de bizuths), soit une baisse de la participation assez nette par rapport aux éditions précédentes. Tip & Shaft fait le point avec Mico Bolo, l’organisateur de l’épreuve, et quelques participants.
“Depuis 1993, la Transquadra n’a pas changé, l’esprit reste festif et convivial et elle s’adresse toujours aux marins de plus de 40 ans, non professionnels, en solitaire ou en double“, commence Mico Bolo, qui a fondé l’épreuve avec des amis du Club nautique hoëdicais. Mais s’il y avait 87 bateaux en 2014, 81 en 2017 et 75 en 2021, leur nombre est tombé à 49 cette année. Les raisons ? “La Cap Martinique, qui fait globalement courir les mêmes bateaux, avec le même parcours, bien qu’en une seule étape, nous a un peu desservis, répond Mico Bolo. Mais nous ne sommes pas inquiets, c’est conjoncturel ! La périodicité de la Cap Martinique étant de deux ans et celle de la Transquadra de trois, je pense que la situation sera rétablie lors de l’édition 2027.”
Si 44 bateaux s’élancent le 7 juillet de La Turballe – qui accueille l’épreuve pour la première fois -, seulement cinq partent de Marseille quatre jours plus tôt. “C’est peu, regrette l’organisateur, et c’est assez curieux puisque nous avons eu jusqu’à 30 bateaux en Méditerranée lorsque l’on partait de Barcelone. On ne comprend donc pas trop pourquoi il y a ce désintérêt côté Méditerranée.”
Si la Transquadra “a fait naître toute une série de bateaux planants“, aux dires de Mico Bolo, l’organisateur a souhaité, pour éviter la course à l’armement, séparer la flotte en deux avec un classement performance, pour les voiliers type JPK, Sun Fast et Pogo, un second pour les voiliers course-croisière, à déplacement plus lourd. “C’est aussi une façon de revenir aux sources en s’adressant à ces bateaux qui disputaient la course lors des premières éditions.”
Retour aux sources
avec le classement croiseurs
Pour Ann-Pascale Roelandts, cette nouveauté a servi de “déclic” pour se lancer. “J’ai trouvé l’initiative super, ça permet aux petits budgets d’y participer. En catégorie performance, les bateaux sont hyper optimisés, c’est la perf à tout prix, ça ne me tentait vraiment pas”, raconte celle qui naviguera en solitaire sur le First 31.7 La Fauvette et sera seulement… la troisième femme à courir la Transquadra !
Pour distinguer les deux catégories, l’organisation prend en compte le DLR (displacement/length ratio). “Dans le certificat de jauge IRC, c’est le rapport entre la longueur à la flottaison et le déplacement du bateau, donc l’aptitude à planer, précise Mico Bolo. Tous les bateaux pesant moins de 4,5 tonnes et dont le DLR est inférieur à 180 sont répertoriés dans la catégorie performance. En plus de ces valeurs objectives, il y a un jugement plus subjectif qui tient compte de l’aménagement intérieur du bateau.”
Avec seulement trois inscrits en double et quatre en solitaire dans ce nouveau classement croiseurs, Ann-Pascale Roelandts déplore qu’ils ne soient “pas très nombreux”, un regret partagé par Mico Bolo. Qui précise toutefois : “L’annonce, faite il y a à peine un an, a été tardive. Mais c’est le début de la formule et je ne doute pas qu’elle soit amenée à se développer. Pour la Course des Îles, organisée fin mai par le Club nautique hoëdicais, il y avait 50% de croiseurs, contre 20% l’an dernier.”
Un format adapté
à la vie professionnelle
La Transquadra compte cette année 70% de bizuths, à l’instar de Pierre-Yves Fouché et Luc de Camas, engagés avec leur JPK 10.10 Moïse. “Nous avions envie d’aventure et d’un objectif assez élevé, raconte Luc de Camas. On s’est entraînés avec Orlabay, le centre de formation à La Trinité-sur-Mer et on a la chance d’avoir Louis Duc (skipper Imoca) comme parrain du bateau, qui nous aide beaucoup.” Ils ont par ailleurs été convaincus par le format de la course, qui, avec ses deux étapes, “est compatible avec notre travail – nous sommes tous les deux dirigeants de société – et notre vie de famille.”
La formule est également appréciée par Alexandre Ozon, vainqueur des deux dernières éditions, qui trouve la course “bien adaptée” à son calendrier professionnel. Quant à ses objectifs, le navigateur rochelais ajoute : “Si le premier est de terminer, d’autant plus que j’ai dû abandonner la Cap Martinique cette année après une avarie en tête de mat, c’est sûr que j’y retourne pour me battre et faire un podium.”
L’organisation de l’épreuve s’appuie sur un budget de 800 000 euros, assuré en grande partir par les frais d’inscription – 3 500 euros en solitaire, 4 000 en double -, le reste par plusieurs petits sponsors privés, ainsi que des soutiens logistiques des collectivités locales, les places de port étant notamment offertes à Madère et à La Turballe.
Du côté des participants, “le budget est conséquent, souligne Luc de Camas. Entre les frais d’inscription, l’assurance, la préparation du bateau, la sécurité, l’électronique et la mise à sec à Madère, il tourne autour de 75 000 euros.” Ann-Pascale de Roelandts confirme : “Même si je dois avoir le plus petit budget de la flotte – autour de 85 000 euros, comprenant l’achat du bateau à 40 000 – c’est plus que ce que j’avais prévu. Et pourtant, j’ai fait tout le refit moi-même et je compte ramener le bateau par la mer.” Alexandre Ozon, qui ne pourra pas faire le convoyage retour pour des raisons professionnelles, précise de son côté que le retour cargo “a pas mal augmenté en trois ans” et lui revient à 13 000 euros.
Les arrivées sont prévues mi-juillet à Madère avant une seconde étape qui s’élancera fin janvier vers la Martinique.
Photo : Alain Roupie