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Ocean Globe Race, Clipper Race, Global Solo Challenge : Ce qu’il faut savoir avant leur départ

Trois courses autour du monde – Ocean Globe Race, Clipper Round The World Race et Global Solo Challenge – ouvertes aux amateurs, en solo ou en équipage, s’élancent en ce début du mois de septembre. Pour tout comprendre de leurs spécificités et de leur fonctionnementTip & Shaft a interrogé les organisateurs de ces trois événements ainsi que quelques participants.

Le coup d’envoi de la première édition de la Global Solo Challenge, course autour du monde en solitaire et sans escale, a été donné le 26 août à La Corogne. 19 marins sont engagés dans l’aventure, mais seulement un bateau, le moins rapide – un Sparkman & Stephens 34, mené par le Gallois Daffyd Hughes – est parti ce jour-là. “C’est l’une des spécificités de ce tour du monde, relève Marco Nannini, fondateur et directeur de la course. La correction de temps du rating IRC est appliquée en sens inverse, créant une épreuve de poursuite où les bateaux les plus lents partent en premier et les plus rapides en dernier.” Le Turc Volkan Kaan Yemlihaoğlu, sur l’Open 70 Black Betty – ancien VOR 70 signé Juan Kouyoumdjian, vainqueur de la Volvo Ocean Race 2005-2006 sous le nom d’ABN-Amro 1 – fermera ainsi la ligne, le 6 janvier 2024.

Ces départs échelonnés réduisent la pression sur l’organisation et nous donnent plus de temps pour effectuer toutes les inspections de sécurité”, poursuit Marco Nannini. L’Italien ne souhaite pas communiquer sur le budget de la course qu’il a créée, mais précise qu’il est suffisant pour couvrir les dépenses les plus importantes liées à l’équipe d’organisation de cinq personnes, à la couverture média, à la gestion du site web et au suivi par satellite.

Le Français Philippe Delamare, 60 ans, qui partira le 30 septembre à bord de l’Actual 46 Mowgli, apprécie ce concept de départs différés : “C’est innovant ! Et même si nous n’avons pas les mêmes systèmes météos ni les mêmes bateaux, tout cela sera lissé par les 26 000 milles que nous allons parcourir.” Avec des droits d’inscription s’élevant à 7 500 euros, l’événement se veut accessible au plus grand monde, chaque navigateur pouvant choisir son bateau en fonction de son budget, à condition qu’il réponde aux normes de sécurité et qu’il ait effectué sur ce bateau une traversée en solitaire de 2 000 milles sur un itinéraire approuvé par l’organisateur.

Ce tarif comprend la place de port à La Corogne au départ et à l’arrivée, le suivi média et par satellite, mais aussi “tout l’appui en amont de la course”, précise le skipper qui s’occupe actuellement des derniers préparatifs de son bateau à Lorient. “Marco Nannini est très impliqué, extrêmement aidant et nous livre beaucoup de conseils”, ajoute-t-il. À l’origine, Philippe Delamare s’était lancé sur un projet Vendée Globe“mais le budget et l’implication personnelle, devenus trop importants, m’y ont fait renoncer. Le Global Solo Challenge est donc une très bonne opportunité pour courir autour du monde en tant qu’amateur. Mon budget total, autour de 250 000 euros, reste raisonnable.”

 

La Clipper Race met l’accent
sur la sécurité

 

La Clipper Round The World Race, course autour du monde en équipage créée par Sir Robin Knox Johnston, dont le départ sera donné le 3 septembre à Portsmouth, s’adresse également à des amateurs. Mais le budget et les conditions pour y participer sont beaucoup plus sélectifs“Qu’ils soient embarqués sur des Clippers 70 (monocoques de 23 mètres), sous la responsabilité d’un skipper et d’un second professionnels, pour l’intégralité de la course ou seulement sur une ou plusieurs des huit étapes, tous les participants doivent suivre et réussir en amont une formation rigoureuse et obligatoire de quatre niveaux”, explique Chris Rushton, directeur général de Clipper Ventures, la société organisatrice.

Plusieurs éditions, et notamment celle de 2017, ont été marquées par des disparitions en mer. “La sécurité sera toujours la première préoccupation de la Clipper Race, souligne l’équipe organisatrice, interrogée sur le sujet. Nous évaluons continuellement la formation, les procédures opérationnelles et l’équipement de sécurité essentiel.” Parmi les 700 marins engagés pour cette 13e édition, Alexandre Marque, régatier amateur de 30 ans qui prendra le large dimanche à bord de Yacht Club Punta del Este, raconte : “L’entraînement, qui fut une super expérience, on part vraiment de zéro, de l’apprentissage du nœud de chaise à la navigation sous spi dans 30 nœuds de vent, afin d’amener tout le monde à naviguer en sécurité.”

L’intéressé a choisi de courir seulement la première manche, “en raison du coût, relativement conséquent et de mon manque de disponibilité”, explique cet ingénieur en électronique. La participation à l’intégralité de la course coûte ainsi 46 500 livres (54 330 euros au cours actuel) et pour les étapes, les tarifs varient de 6 500 livres (7 560 euros) à 7 800 livres (9 088 euros) en fonction de leur longueur. À cela s’ajoute pour tous les participants le training package obligatoire qui comprend un mois d’entraînement professionnel, un kit de vêtements, la nourriture ainsi que l’hébergement à bord du bateau (6 300 livres – 7 328 euros).

 

L’Ocean Globe Race
revisite la Whitbread

 

Une semaine après le départ de la Clipper, c’est de Southampton que sera donné le départ de l’Ocean Globe Race (OGR), autre tour du monde en équipage. Une course créée par Don McIntyre dans le même esprit vintage que la Golden Globe Race dont il a déjà organisé deux éditions, avec obligation de navigation à l’ancienne. L’objectif est de faire revivre l’esprit de la Whitbread à l’occasion des 50 ans de la course autour du monde en équipage – aujourd’hui The Ocean Race.

14 équipages, soit 218 marins, s’élanceront ainsi le 10 septembre pour une aventure de huit mois sur des voiliers hauturiers dessinés avant 1988, sans technologie, ordinateur et satellite. “Le règlement de la course impose 70 % de marins amateurs, précise Marie Tabarly, engagée sur la course à bord de Pen Duick VI, le ketch de 22 mètres qui avait été spécialement construit par son père Eric pour la Whitbread originale originelle, de 1973, course qu’il abandonna suite à deux démâtages.

Budget de la campagne ? 1,4 million d’euros sur quatre ans. “Sur les douze marins à bord, nous ne serons donc que quatre professionnels. Même si, au niveau responsabilité, c’est beaucoup plus stressant, c’est génial de pouvoir embarquer des amateurs comme l’a toujours fait Pen Duick VI.” Les objectifs visés : “Terminer la course, battre les temps de passage de Pen Duick VI en 1981 lors de sa troisième participation (sous le nom d’Euromarché) et gagner en temps réel”, explique Marie Tabarly.

Les droits d’inscription à l’OGR varient de 25 000 à 50 000 euros en fonction de la classe – il en existe trois, Adventure, Sayula et Flyer – et doublent si les participants sont sponsorisés (quatre bateaux sont concernés). “Nous tablions sur un budget de 9 millions d’euros pour l’organisation de l’événement, explique Don McIntyre. Mais faute de partenaires suffisants, nous devons compter sur 2,3 millions d’euros répartis sur cinq ans pour couvrir tous les aspects de la logistique, du marketing, de la production médiatique et de la distribution”.

Ce sont donc en tout 43 bateaux menés par des amateurs qui, de septembre à l’été prochain, vont tourner autour du monde, certains d’entre eux verront peut-être passer les cinq Ultims qui s’élanceront le 7 janvier 2024 pour l’Arkea Ultim Challenge-Brest, sacré contraste en perspective.

Photo : Carlo Borlenghi / ROLEX

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