Cap Martinique

Cap Martinique : Le match des bateaux

60 bateaux sont engagés sur la deuxième Cap Martinique, qui s’élance dimanche 14 avril de La Trinité-sur-Mer à destination de Fort-de-France. Les 100 marins vont se confronter, en double ou en solo, sur une majorité de JPK, Sun Fast et Figaro 2. Quels sont les mieux placés pour performer ? Tip & Shaft fait le point.

“La Cap Martinique, c’est le graal pour un certain nombre de compétiteurs amateurs avertis.” Voilà comment Jean-Philippe Cau, son co-organisateur, présente la Cap Martinique, dont la deuxième édition réunit 60 bateaux (38 lors de la première), 40 en double, 20 en solitaire (écouter Pos. Report #159). Cette course sans escale, plus anglée performance que la Transquadra, est “complémentaire de cette dernière, précise ce dernier. Nous sommes par ailleurs très pointilleux sur les contrôles pour avoir une équité sportive sans faille.”

Parmi les 60 bateaux en lice, qui doivent avoir un coefficient TCC de 0,977 à 1,081 dans la jauge IRC, figurent trois grandes familles : les JPK, les Sun Fast et les Figaro Beneteau 2. La jauge IRC favorise les bateaux raides à la toile, avec un bon rapport de lest, qui ont des déplacements moyens, sont bien toilés, mais sans être extrêmes”, poursuit Jean-Philippe Cau.

Sur la ligne de départ, le chantier Jeanneau sera largement représenté avec trois Sun Fast 3600, six Sun Fast 3200, six Sun Fast 3300 et un Sun Fast 30 One Design, le nouveau monotype signé VPLP Design, pour lequel ce sera “le premier grand coup d’essai en régate, donc une belle vitrine pour ce bateau à la carène très puissante“, souligne Louis Vaquier, responsable du développement commercial du SF30 OD chez Multiplast et secrétaire général de la ClassC30.

 

Baptême du feu
pour le Sun Fast 30 OD

 

Comme le bateau n’est pas typé IRC, souligne son skipper Laurent Charmy, qui court en double avec Pierrick Letouzé, nous avons réduit le plan de voilure pour être plus compétitif. Nous avons ainsi un J3 au lieu d’un J2 et des spis symétriques plutôt que des grands spis asymétriques.” Avec une mise à l’eau le 15 marsl’équipage a eu peu de temps pour naviguer, mais Laurent Charmy estime avoir “une carte à jouer avec ce semi-scow très fun et très sportif, qui plane assez rapidement.”

Ce que confirme Jean-Philippe Cau : Ce bateau a une capacité à partir en survitesse sous spi dès 17-18 nœuds de vent, alors que des bateaux comme les Sun Fast 3300 ont besoin de 20 à 22 nœuds.” Le Sun Fast 30 OD demande en revanche beaucoup d’engagement, Laurent Charmy, expliquant : “Ses safrans ne sont pas très grands et nous allons devoir barrer beaucoup plus que sur d’autres bateaux pour anticiper sa trajectoire dans le roulis et les vagues.”

Parmi les monocoques plébiscités sur cette Cap Martinique, figure le Sun Fast 3300 que le skipper Adrien Follin, inscrit en double avec Pierre Garreta, a spécialement choisi pour cette course. “J’avais auparavant un 3600, sur lequel j’avais couru la Transquadra, raconte-t-il. Mais l’architecture évoluant, je pense que sur une transat, le 3300 a plus de chances d’être performant qu’un 3600, plus lourd et un peu moins facile à mener au portant dans la brise.” Quant au Sun Fast 3200, lui aussi prisé, Jean-Philippe Cau souligne “qu’il peut tirer son épingle du jeu avec son petit coefficient. C’est un bateau relativement facile à mener qui affiche des vitesses moyennes intéressantes et n’a pas de trous.”

 

“Le JPK 1030 aime
la houle et le vent fort”

 

Dans la famille JPK, le concurrent direct du Sun Fast 3300 est le JPK 1030, Jean-Pierre Kelbert, patron du chantier JPK Composites, estimant que les deux sont extrêmement proches et se valent sur les parcours hauturiers.” Et si le JPK 1010 affiche un très beau palmarès, “puisqu’il a absolument tout gagné, c’était avant que les nouveaux bateaux, type Sun Fast 3300 et JPK 1030, n’arrivent”, précise celui qui a terminé deuxième de la première Cap Martinique sur un 1030. Ce bateau, qui a aussi remporté la Transquadra 2022 en double, “est plus volumineux et plus puissant que le 1010. Dès qu’il y a un peu de vent, il plane plus tôt”, décrit Jean-Pierre Kelbert.

Le choix d’Hervé Aubry, auparavant propriétaire d’un Figaro 2, s’est par exemple tourné vers le JPK 1030 : Le Figaro 2 est très handicapé, justifie-t-il. Si l’on veut baisser son handicap IRC, donc son TCC, il faut lui couper les ailes, et je n’avais pas envie d’un bateau bridé, j’en voulais un qui avance vite sans contrainte de handicap. Le JPK 1030 est très bien construit, il aime la houle et le vent fort, donc idéal pour transater.” 

JPK Composites travaille actuellement sur le 1050 – qui sera au point pour février-mars 2025 -, un modèle qui “sera encore plus planant et plus extrême, avec un rating plus haut”, décrit son constructeur. Interrogé sur l’enjeu d’une course comme la Cap Martinique pour son chantier, Jean-Pierre Kelbert répond : “Un bateau qui performe sur une course donne une grosse notoriété au chantier. Si, dès son lancement, il affiche de bons résultats, ça amorce la pompe et ça donne envie à d’autres clients de l’avoir, c’est un cercle vertueux. Pour preuve, lorsque le 1030 a gagné le Fastnet en 2019, ça a clairement boosté les ventes, on en a vendu dix par an pendant quatre-cinq ans. Pareil pour le 1010 lorsqu’il a remporté le Spi Ouest France sitôt sa mise à l’eau. Et cette notoriété rejaillit sur les autres bateaux.”

 

Figaro 2, Beepox 990,
le choix de la légèreté

 

Autre bateau privilégié par les marins sur ce parcours, le Figaro 2“polyvalent, très marin et très rapide au portant, car léger”, souligne Jean-Philippe Cau, qui estime que s’il y a “beaucoup de portant, les bateaux légers vont tirer leur épingle du jeu. Mais pour cela, il faudra vraiment qu’ils soient dans le paquet de tête à Madère. Et plus un bateau est léger, plus il est difficile à mener à 100% 24h sur 24h.”

Alexandre Ozon, vainqueur de la première Cap Martinique sur un Sun Fast 3300, a justement pris le parti de la légèreté avec le Bepox 990sur lequel il a remporté la dernière Transquadra. “Il est étroit, assez léger, très à l’aise au portant, mais un peu technique à faire marcher, raconte-t-il. Ce plan, qui date du début des années 2000, est assez taxé, tout comme les Figaro 2. Mais comme la jauge n’est pas trop mal faite, tous les bateaux peuvent se défendre.”

Résultat des courses à Fort-de-France après une vingtaine de jours de mer.

Photo : Jean-Marie Liot

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