Marin de l’Année, ça rapporte ?

Thomas Coville a été élu ce week-end Marin de l’Année 2017. Quelle est la portée pour les skippers et leurs partenaires d’un tel prix ? Ouvre-t-il des portes ? Tip & Shaft a mené l’enquête…

Créé en 2001, le Prix du Marin de l’Année, remis chaque année pendant le Nautic de Paris, récompense le marin qui a marqué la saison passée de son empreinte. Premier titulaire en 2001, Michel Desjoyeaux livre d’ailleurs une anecdote amusante sur l’origine du prix : Il a été créé pour moi : Eric Coquerel, qui s’occupait à la fois de la com du Vendée Globe et de la Fédé, avait fait des pieds et des mains auprès de Jean-Pierre Champion pour que ce prix voie le jour, il ne voyait pas pourquoi une performance comme ça (remporter le Vendée Globe, ndlr) n’était pas récompensée autrement que par le prix de la course”. Depuis, l’intéressé, seul triple vainqueur, l’a reçu deux autres fois (2007 et 2009) et il ne boude pas son plaisir : “Marin de l’Année, c’est un truc qui pèse, la légion d’honneur de la voile. Couronné deux fois (2012 et 2013), Franck Cammas ajoute : “Ce prix a une vraie valeur. Ça ça met un boost médiatique autour de celui qui est élu, les marins y sont attachés, comme les footballeurs tiennent au Ballon d’Or. Vincent Riou, lauréat en 2005 et lui aussi sensible aux honneurs du titre, relativise : “Ce n’est quand même pas comme si tu étais Ballon d’Or, la portée médiatique est assez limitée, mais c’est quelque chose de sympa parce que c’est une vraie reconnaissance de tous les acteurs de la voile et de la Fédé”.

Du côté des équipes des marins, on se montre aussi sensible à cet aspect, comme l’explique Luc Talbourdet, patron d’Absolute Dreamer, la structure de Jean-Pierre Dick, désigné en 2011 : “Ce prix est la reconnaissance d’une compétence, ça donne confiance au marin, à l’équipe et aux partenaires. C’est de l’ordre de l’immatériel, tu ne peux pas le valoriser, mais ça t’assoit comme faisant partie des équipes de référence”. Et les partenaires, qu’en pensent-ils ? Thierry Bouvard, responsable du Pôle Programmes Editoriaux, Médias sociaux et Sponsoring Banque Populaire chez BPCE (Banque Populaire est partenaire du prix et l’a reçu via Loïck Peyron en 2014), y voit un bon outil de communication externe et interne : “La course au large étant un sport très saisonnier avec deux ou trois courses par an, c’est une occasion supplémentaire d’entretenir la flamme. Et en interne, les collaborateurs sont super fiers de voir leur skipper reconnu par la profession. Le jour où Loïck a été élu, nous étions en pleine convention bi-annuelle des forces commerciales de Banque Populaire, il y a eu un moment de grande liesse collective des 1000 personnes présentes au moment de l’annonce, d’autant que Loïck était présent”.

Banque Populaire étant également partenaire de la voile olympique, Thierry Bouvard voit en outre dans ce prix l’occasion de mettre en lumière ce parent pauvre – médiatiquement parlant – de la voile française (l’olympisme a été récompensé cinq fois depuis 2001, contre dix pour la course au large et une pour le funboard). “C’est toujours bien de rappeler que certains sont champions du monde plusieurs fois de suite ou champions olympiques comme Charline l’année dernière, mais également de redire combien de titres a Antoine Albeau.” Qu’en pensent les principaux intéressés ? C’est toujours difficile pour nous d’exister quand tu te retrouves face à un François Gabart ou à un Thomas Coville. Moi, je suis un petit solitaire qui se bat pour trouver 50 000 euros pour faire ma saison, les enjeux pour eux sont très différents, mais c’est déjà bien d’être parmi eux”, explique Antoine Albeau, élu en 2010 et recordman des nominations (il l’est encore cette année après son 24e titre mondial de funboard). Récompensée l’année dernière, Charline Picon ajoute : “C’est un titre assez reconnu, donc ça met les projecteurs sur la voile olympique”. Reste que lorsqu’on demande à celle qui est cette année présidente du jury si ce trophée a eu un impact sur sa recherche de partenaires pour l’olympiade en cours, elle est catégorique : “Non, aucun impact, ça ne dure que quelques semaines, ça ne va pas plus loin”.

Les autres “marins de l’année” estiment plutôt que cette ligne en caractères gras sur le CV (dixit Michel Desjoyeaux) a son utilité au moment de se présenter devant des partenaires : “Je pense que ça aide à vendre un projet, surtout quand tu rencontres des gens à ce moment-là qui ont une position un peu grand public vis-à-vis de la voile et ne sont pas très connaisseurs. Le fait d’avoir des papiers dans la presse à l’occasion du Marin de l’Année te donne une autre image vis-à-vis de tes interlocuteurs, affirme Franck Cammas, tandis que Luc Talbourdet ajoute : “Ce truc qui peut paraître anecdotique, nous en faisons un outil d’argumentation. Ça vaut quand même quelque chose de retrouver le nom de ton skipper aux côtés de Michel Desjoyeaux, Franck Cammas, Loïck Peyron, Antoine Albeau… Et même quand tu as déjà des partenaires, ça peut permettre de rebondir en présentant des projets derrière, ce que nous avions d’ailleurs fait en 2011 en proposant le MOD70″. De quoi peut-être donner des idées à celui ou celle qui sera élu(e) dimanche à l’issue d’un vote que tous jugent quasi impossible à faire en raison de la qualité des marins nommés : Cette année, c’est un truc de malade, je suis super content de ne pas être dans le jury”, conclut Vincent Riou…

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