Pour beaucoup de passionnés, le nom de Quantum évoque d’abord le team éponyme, en haut de l’affiche des 52 Super Series depuis de nombreuses saison. Qui n’est jamais resté scotché sur les réseaux sociaux devant ces images des départs impeccables d’Ed Baird filmés au drone, de voiles réglées au millimètre et d’afffalage de spi à la bouée bouclé en 5 secondes ? “C’est vrai que les quatre titres mondiaux en TP52 entre 2013 et 2018 ont beaucoup fait pour notre réputation, admet Romain Bricier, responsable commercial de Quantum Sails Méditerranée, mais nous savons faire autre chose que des voiles de grand prix !”
La voilerie américaine – qui fêtera son quart de siècle l’an prochain et revendique la deuxième place mondiale derrière North Sails – ambitionne en effet de se relancer dans la course au large. Car le logo vert sur fond noir est loin d’être inconnu chez les coureurs français : les figaristes se souviennent des trois victoires de Yann Eliès en quatre éditions de la Solitaire du Figaro, de 2012 à 2015, et de son jeu de voiles dessiné par Gildas Dubois. Les spis Quantum des Figaro 2, en particulier, ont marqué les esprits, produits à 230 exemplaires en 5 saisons !
En Class40 (victoire dans la Transat Jacques Vabre 2013, GDF Suez) et en Multi50 (victoire dans la Route du Rhum 2014, FenêtréA-Cardinal), les voiles noires ont aussi fait des étincelles. “Les dessins aux petits oignons, c’est l’ADN de Quantum qui dispose de sa propre membrane, qu’on retrouve en AC75 sur le défi American Magic “, rappelle Adrien de Belloy, l’un des principaux dessinateurs de la voilerie.
Pour incarner cette ambition, Quantum Sails souhaitait s’implanter à Lorient, passage obligé pour toutes les voileries impliquées dans la course – en quelques mois, North puis Incidence y ont ouvert des planchers. Un accord a donc été trouvé avec Sail Solution, la voilerie fondée en 2011 par Antoine Martineau et Yannick Audren, lorientais pur beurre : “Nous avions l’outil depuis 2018, avec un plancher de 500 mètres carrés, il nous manquait une marque forte et reconnue pour être plus présents dans la course au large, résume Antoine Martineau. Nous avons très vite trouvé un terrain d’entente avec Quantum Sails en début d’année.”
Gildas Dubois, consultant et designer pour la voilerie, basé à Vannes, est toujours à la manoeuvre. C’est lui qui va développer le futur jeu de voiles du Figaro 3, prévu pour la saison 2021. Et il est déjà à pied d’oeuvre sur Seaexplorer – Yacht Club de Monaco (ex Malizia), l’Imoca de Boris Herrmann : “Nous avons réalisé plusieurs voiles sur emmagasineur sans câble, avec des résultats très positifs. Elles sont plus polyvalentes et plus performantes tout en demandant moins de tension de guindant, ce qui génère moins d’efforts et moins de compression dans le mât.” Un autre projet Imoca est en cours, ainsi que des développements autour du “flying jib” en IRC (un code zéro plus plat) et des discussions en Class40… “On est juste au début de la reconquête“, sourit Antoine Martineau.
Après AS Yachting au Cap d’Agde, en 2019, le “loft” lorientais est la troisième implantation de Quantum Sails en France. Le réseau est reparti en 2016 depuis Cogolin, quand Adrien de Belloy et sa femme Capucine ont repris le flambeau au retour d’un tour du monde en famille. Designer historique de la marque – il dessine pour Quantum pour le monde entier depuis 12 ans -, Adrien de Belloy oeuvre dans de nombreuses séries en Méditerranée : le TP52 Vision Future ou le JPK 998 Give Me Five, bien connus des plans d’eaux sudistes, sont entièrement voilés par la marque américaine, présente également en GP42, Swan 42, ILC 30, etc. “Sans oublier des voiles ‘chic’ en membrane de croisière pour des Solaris 58 et des Tofinou 12″, précise Romain Bricier.
Un réseau français qui a vocation à se développer : “La stratégie de Quantum est plutôt de se développer en franchise avec des voileries existantes et de choisir des localisations ciblées à fort potentiel, comme à Lorient“, explique Antoine Martineau. Objectif : doubler le nombre d’implantations d’ici deux ans.