Kairos

Roland Jourdain : “C’est essentiel pour Morgan de naviguer”

Kaïros a annoncé la semaine dernière la mise en vente du 60 pieds Des Voiles et Vous !, ex Safran 2, sur lequel Morgan Lagravière et Eric Péron ont terminé troisièmes de la dernière Transat Jacques-Vabre. Fondateur avec Sophie Vercelletto de la structure basée à Concarneau, Roland Jourdain explique les raisons de cette vente et évoque le projet de Vendée Globe 2020 avec Morgan Lagravière qui reste d’actualité .

Pourquoi vendre le 60 pieds maintenant ?
La feuille de route que nous nous sommes fixée depuis le départ, c’est que Kaïros a vocation à gérer des bateaux de course avec un programme et un sponsor, et non pas à être armateur de bateau, on ne peut pas prendre de tels risques financiers. Quand on a fait l’acquisition du bateau au mois de juillet, on s’était dit qu’on se donnait jusqu’en début d’année 2018 pour essayer de trouver un sponsor pour Morgan en vue du Vendée Globe. A ce jour, nous avons des contacts, malheureusement les choses vont toujours plus lentement qu’on ne le souhaite. Donc nous respectons l’échéance que nous nous sommes fixée. Cela ne compromet pas pour autant l’avenir, l’idée reste toujours d’accompagner Morgan jusqu’au Vendée Globe.

Le projet de Morgan est-il compliqué à vendre ?
Tous les projets ambitieux sont compliqués à vendre. Même si le Vendée Globe a le vent en poupe, on parle quand même de sommes assez élevées quand on veut un projet gagnant. Maintenant, c’est vrai que son image a souffert de la petite polémique d’après-Vendée liée à ses déclarations un peu malheureuses. C’est un mec très cash qui dit les choses franchement quand ça va mal ou quand ça va bien. Le problème, c’est que ça s’est inscrit dans le marbre à un moment où ça allait mal : il ne faut pas nier que ça a été un bug médiatique. Après, il ne faut surtout pas s’arrêter à ça : à chaque fois que Morgan rencontre des prospects, ça se passe très bien, parce que c’est un mec qui a une vraie gentillesse et beaucoup d’empathie pour les gens, il sait très bien parler de son envie, de la mer, de son métier. Et quand tu le vois sur l’eau, c’est Dr Jekyll et Mr Hyde, quand il enlève son masque au signal préparatoire, bim ! Il bascule dans le monde de la compète et là, il est très fort.

A quel prix le bateau est-il mis en vente ?
3,2 millions d’euros hors taxe. Nous allons étudier toutes les propositions qui nous sont faites, sachant que le bateau peut passer dans d’autres mains qui souhaiteraient continuer à le voir préparé chez Kaïros et avec Morgan. Cette année, il y a des courses en double ou en équipage, comme les Monaco Globe Series et la Barcelona World Race, l’apport de l’équipe et de Morgan peut être important pour apprendre à manier le bateau. Notre cœur de métier reste de préparer des bateaux de course et celui-là, on le connaît sur le bout des doigts.

Votre projet de Vendée Globe avec Morgan change-t-il du coup de dimension ?
A partir du moment où on vend le bateau, on va changer notre fusil d’épaule, le projet peut passer par un rachat, voire une construction si ça se décide assez rapidement, mais ce qui est sûr, c’est qu’il faut que Morgan coure. Idéalement, on veut faire un projet gagnant Vendée Globe, mais il y a d’autres classes de bateau, des courses intermédiaires pour garder le contact sur l’eau, on va tout étudier. A son âge, on a besoin de courir sur tout ce qui flotte et d’être présent sur les grandes épreuves, c’est bon sportivement et pour la notoriété. Déjà, il va participer à la Transat AG2R [avec Sébastien Simon, NDLR], je verrais ensuite d’un bon œil qu’il dispute la Solitaire du Figaro ou qu’il arrive à être présent sur la Route du Rhum, même dans une autre classe. C’est essentiel pour lui de naviguer.

A titre personnel, ce genre de projet de navigation, c’est fini pour toi ?
Courir me plaît toujours ; pour calmer mes envies de navigation, j’ai remonté le bateau du Brésil, mais je ne passe pas du temps à chercher de l’argent pour moi, parce que je le fais pour d’autres et que je fais en sorte que la boutique Kaïros, qui emploie dix personnes, perdure. Après, peut-être que dans mes autres activités autour des bio-matériaux, je vais rencontrer demain ou après-demain la personne avec qui ça va « fitter » pour refaire de la course au large. Mais, pour l’instant, je n’ai aucune aigreur à moins courir. J’ai appris pas mal de choses en étant en backstage sur le côté transmission, coaching et gestion de projet, ça me plaît aussi. Et finalement, sur les deux dernières années, entre les entraînements et les convoyages, j’ai fait pas mal de milles dans l’ombre, ça me va bien !

Tip & Shaft est le média
expert de la voile de compétition

Course au large

Tip & Shaft décrypte la voile de compétition chaque vendredi, par email :

  • Des articles de fond et des enquêtes exclusives
  • Des interviews en profondeur
  • La rubrique Mercato : l’actu business de la semaine
  • Les résultats complets des courses
  • Des liens vers les meilleurs articles de la presse française et étrangère
* champs obligatoires


🇬🇧 Want to join the international version? Click here 🇬🇧