Réunie jeudi dans les locaux du FC Lorient, l’assemblée générale de l’Imoca avait plusieurs sujets importants à l’ordre du jour. Le premier était la présentation par le conseil d’administration, présidé parAntoine Mermod, du projet de partenariat entre la classe et la Volvo Ocean Race en vue du passage de la prochaine édition de la course autour du monde en équipage sur les monocoques de 60 pieds (voir notre article du 12 février).
Un projet qui, en quelques semaines, est devenu de plus en plus concret au fur et à mesure des échanges entre les deux parties. Refusant de rentrer dans le détail des discussions qui restent confidentielles, Antoine Mermod explique : “Dans le fond, tout le monde a vraiment envie que le projet aboutisse, faire le Vendée Globe et la Volvo Ocean Race, c’est un rêve pour tout marin. Après, au-delà du rêve, il y a tout un équilibre à trouver.Nous travaillons énormément avec la Volvo, il y a un historique propre important des deux côtés, donc beaucoup de points de fonctionnement auxquels il faut réfléchir“. Les discussions semblent pour l’instant fructueuses, puisque le président de la classe Imoca ajoute : “Il y a de grandes chances qu’on puisse arriver à un accord rapidement“.
Avant de signer tout accord avec les représentants de la Volvo, il fallait cependant recevoir l’assentiment de la classe Imoca, ce qui a été fait lors de l’AG de jeudi : “Nous avons eu une grosse réunion sur le sujet il y a quinze jours à Lorient avec les skippers et les team managers. On sentait qu’il y avait une tendance, le vote formel l’a confirmé : l’AG s’est prononcée à 90% en faveur du projet si nous arrivons à un bon accord. Cela signifie qu’elle donne mandat au conseil d’administration de continuer les négociations et, si la proposition de partenariat est favorable, de signer avec la Volvo”, nous révèle Antoine Mermod.
C’est donc un pas important qui a été franchi jeudi. Reste à finaliser un accord qui pourrait intervenir prochainement. “Dans le meilleur des cas, on peut espérer une annonce à Newport [fin mai, NDLR] ou à Cardiff [début juin, NDLR]. Cela permettrait à ceux qui sont en train de faire la Volvo de pouvoir se projeter très vite sur la prochaine édition. Maintenant, il reste encore plein d’obstacles avant que tout soit finalisé”, ajoute Antoine Mermod. L’un des obstacles est peut-être lié à la décision de Volvo de continuer ou pas à financer la course, l’hypothèse d’une vente de la course ayant été – entre autres scénarios – évoquée par plusieurs sources proches de l’épreuve. Sur le sujet, le président de l’Imoca botte en touche : “On travaille de façon très proche avec eux, on est assez au courant de la situation, mais je ne peux pas en dire plus”. De son côté, la Volvo Ocean Race, contactée, estime qu’il est encore trop tôt pour évoquer le sujet.
L’un des autres dossiers évoqués lors de cette AG a été la Barcelona World Race dont l’édition 2018-2019 a été annulée pour cause d’instabilité politique en Catalogne. Présents à Lorient, les représentants de la FNOB, que nous avons pu joindre vendredi matin, ont confirmé que c’était bien la raison principale, et non un trop faible plateau, comme l’a laissé entendre la navigatrice espagnole Anna Corbella qui travaille avec Guillermo Altadill sur un projet alternatif en Class40 (voir ci-dessous) : “Ce n’est pas vrai qu’il n’y avait pas assez de bateaux, nous avions la confirmation de la présence de sept équipes avec des budgets, nous étions très bien placés pour un objectif de dix-onze bateaux, avec des skippers comme Alex Thomson, Vincent Riou, Arnaud Boissières, Tanguy de Lamotte, Sam Davies…”, explique Carlos Clastre, directeur de la communication de la Barcelona.
Une participation qu’Antoine Mermod confirme : “Il n’y avait effectivement que trois-quatre projets officialisés, mais il y en avait d’autres dont, je pense, Anna Corbella ne soupçonne pas l’existence. Dans une projection pessimiste, nous avions une dizaine de bateaux avec une proportion de teams créés juste pour la Barcelona World Race très faible par rapport au nombre de teams engagés sur quatre ans, on était en passe de réussir ce pari-là. La politique catalane a eu raison de notre course“.
Du coup, ont été évoqués jeudi des projets alternatifs : “On a fait un tour de salle en prenant le sentiment de chacun et on s’est donné jusqu’au 1er juin pour présenter des projets et faire un vote électronique sur notre choix”, explique le président de la classe Imoca. Lorient-Les Bermudes-Lorient (départ le 21 avril 2019) en fait-il partie ? “Bien sûr. Idéalement, il y a plusieurs cases à cocher : un événement sûr, un événement international, un événement avec uniquement des Imoca où dans lequel la classe est mise en valeur, une course pratique et à budget raisonnable et un bon niveau sportif. Lorient-Les Bermudes-Lorient en coche quelques-unes, c’est une course qui a l’énorme avantage d’être installée et financée. En revanche, ce n’est pas une course internationale comme la Barcelona. Or, parmi les teams qui comptaient y participer, plusieurs, qui ne viennent pas de France, ne sont pas intéressés à l’idée d’avoir la même année la Lorient-Les Bermudes-Lorient et la Transat Jacques-Vabre. Et le fait de courir avec les Ultimes, c’est extraordinaire au ponton, mais quand ça navigue, c’est difficile pour nous de soutenir la comparaison”.
Si d’’autres projets seront donc étudiés, notamment celui porté par Kito de Pavant, en Méditerranée, une chose est certaine : ce ne sera pas une Barcelona World Race bis : “On n’organisera pas un autre tour du monde, confirme Antoine Mermod. En une semaine, des villes se sont manifestées, en Espagne, au Portugal, même en Croatie, mais on a décidé de ne pas le faire, parce que c’est très lourd à organiser à dix mois de l’événement et parce que c’est une course qu’on fait avec Barcelone, avec qui nous sommes sous contrat pour deux éditions”.
A l’inverse, la Barcelona World Race ne devrait pas avoir lieu sur un autre support, notamment en Class40, projet défendu auprès de la mairie de Barcelone par Guillermo Altadill et Anna Corbella qui estiment qu’un tour du monde en Class40 pourrait réunir une vingtaine de bateaux pour un départ en octobre 2019. “C’est une opportunité pour des skippers notamment issus de la classe Mini de réaliser leur rêve de faire un tour du monde à un tarif abordable, il y a de quoi faire une course très internationale”, explique Anna Corbella. “Ce n’est absolument pas prévu. La Barcelona World Race est une course en Imoca qui appartient à la FNOB”, rétorque Carlos Clastre. Du côté de la Class40, son président, Halvard Mabire, se montre prudent : “Anna Corbella a été correcte en nous faisant part de son projet, nous lui avons répondu que si elle revenait avec une proposition sérieuse, nous l’étudierons bien évidemment, mais nous ne sommes absolument pas moteurs dans le sens où nous n’avons pas vocation à organiser quoi que ce soit. En revanche, toute bonne volonté est bienvenue, que ce soit de Barcelone ou d’ailleurs”.
Un vote en faveur des énergies renouvelables. L’AG de l’Imoca s’est également prononcée jeudi en faveur de l’utilisation des énergies renouvelables. “On a voté une règle qui dit que tout ce qui sert à produire de l’énergie renouvelable à bord ne rentrerait plus dans le poids lège du bateau qui définit les critères de stabilité. Le mouvement, c’est de montrer qu’on détaxe les énergies vertes utilisées sur les Imoca”, commente Antoine Mermod.