Décidé à viser plus haut sur le circuit de l’Imoca et sur le prochain Vendée Globe, Yannick Bestaven a annoncé officiellement vendredi dernier l’acquisition de l’ancien Safran, racheté à Kaïros, et qui portera dès sa mise à l’eau ce lundi les couleurs de Maître CoQ. Le 60 pieds avec lequel le Rochelais s’est aligné sur la Route du Rhum est quant à lui cédé au Toulonnais Clément Giraud pour le prochain Vendée Globe. Tip & Shaft vous raconte comment s’est bouclé le rachat du dernier foiler disponible sur le marché.
A désormais moins de deux ans du départ du Vendée Globe, les grandes manœuvres se poursuivent sur le marché de l’Imoca qui, entre deux éditions du tour du monde, n’aura jamais été aussi actif puisque la semaine dernière encore, Nicolas Troussel annonçait la construction d’un huitième Imoca neuf. Fin décembre, Tip & Shaft faisait état de la vente quasiment conclue de l’ancien Safran, propriété de Kaïros – la société co-fondée par Roland Jourdain et Sophie Vercelletto – à un skipper qui n’était alors pas connu ; il a été dévoilé vendredi dernier : il s’agit de Yannick Bestaven.
L’idée de ce rachat a germé à la fin de l’été dernier dans l’esprit de ce dernier et de sa cheffe de projet, Anne Combier, conscients que pour être davantage compétitifs sur le circuit Imoca et sur le prochain Vendée Globe, il leur faudrait un meilleur bateau que l’ex Initiatives Coeur acheté en mars 2017 (plan Farr 2006), avec lequel le skipper, sous les couleurs de son partenaire Maître CoQ, a pris le départ de la dernière Route du Rhum (abandon). “Depuis le début du projet, j’avais cette idée en tête pour me permettre de viser plus haut. Mais il fallait que je puisse le faire d’un point de vue budgétaire et que des bateaux restent disponibles”, explique le skipper aquitain.
Les 60 pieds performants n’étant en effet pas légion sur le marché, il s’est intéressé, comme d’autres, à Hugo Boss, qu’il a visité à Saint-Malo avant le départ du Rhum [dont l’équipe nous a confirmé la vente, sans préciser l’acquéreur]. Et, surtout à l’ancien Safran, qui, en 2018, n’a pas navigué puisqu’il n’a pas trouvé preneur. “Hugo Boss a un potentiel supérieur car plus extrême d’un point de vue architectural, mais ce qui m’intéresse vraiment chez Kaïros, outre la différence de prix notable [300 000 euros, NDLR], c’était la transmission du savoir entre les teams, ce que, je pense, je n’aurais pas eu avec Alex (Thomson) : ils me livrent le bateau avec le mode d’emploi mais en plus, ils sont à bord pour me permettre de le prendre en main, c’est un gain de temps énorme pour le projet”, poursuit le Rochelais.
Les discussions, entamées dès septembre, se sont intensifiées après l’abandon de Yannick Bestaven sur le Rhum, qui lui a finalement permis de gagner du temps pour boucler le montage financier et finalement verser les 3,2 millions d’euros (HT), demandés pour la vente du plan VPLP-Verdier. Un montage qui repose sur des investisseurs privés réunis au sein de la SAS Multi Invest – qui a fait l’objet d’une augmentation de capital de 160 000 à 400 000 euros – deux prêts bancaires et la vente du désormais précédent bateau (pour un montant d’un peu plus de 600 000 euros HT) à Clément Giraud (voir ci-dessous).
Maître CoQ, qui n’a pas été directement sollicité pour l’achat de l’ex Safran, avait décidé de partir seul sur cette campagne de Vendée Globe – Christophe Guyony avait évoqué dans un premier temps à Tip & Shaften septembre de probables co-partenaires -, mais l’entreprise vendéenne va finalement devoir chercher “des partenaires complémentaires” pour faire face à l’augmentation du budget de fonctionnement liée au changement de bateau. Une croissance “de l’ordre de 50%”, selon le DG de Maître CoQ, pour un montant annuel qui se situe désormais, selon nos informations, aux alentours de 1,7 million d’euros HT.
Bateau nettement plus performant, budget en forte augmentation, les ambitions de Maître CoQ sont en tout cas nettement revues à la hausse : “Avec ce bateau largement fiabilisé et Yannick qui, avant son abandon, a montré sur la Route du Rhum qu’il était un très bon marin, on jouera les premiers rôles“, se félicite Christophe Guyony. Ce que confirme le le skipper : “C’est un bateau avec lequel on peut viser des podiums sur toutes les courses Imoca”. Un bateau qui, précise-t-il, n’évoluera plus jusqu’au Vendée Globe : “La base est fiable, il est urgent de ne rien faire, j’ai deux ans devant moi pour beaucoup naviguer”.
Les navigations débuteront dès le début du mois de février, puisqu’en compagnie de son boat-captain Jean-Marie Dauris, de Roland Jourdain et de Stan Delbarre, jusqu’ici boat-captain du 60 pieds, Maître CoQ mettra le cap sur Cascais (Portugal) pour une campagne d’entraînements à laquelle participera également le Japonais Kojiro Shiraishi. Kaïros s’était en effet engagé auprès de ce dernier, qui se fait actuellement construire un bateau neuf chez Multiplast, sur un “contrat de prestation de formation” de deux mois sur le foiler. “Quand on s’était entendu avec Kojiro, on avait été clair en lui disant qu’il y aurait peut-être une vente en cours de route, explique Roland Jourdain. Comme c’est le cas, on a mis en place des plannings qui s’entrecroisent, on alternera à Cascais les sorties avec Yannick et Kojiro, peut-être qu’ils navigueront aussi ensemble”.
A l’issue du premier trimestre, Maître CoQ passera complètement entre les mains de l’équipe de Yannick Bestaven dont la priorité en 2019 sera de se qualifier pour le Vendée Globe. Ce qui sera possible à condition de terminer les deux courses au programme des Imoca Globe Series, la Bermudes 1000 Race (2 000 milles en solitaire, départ le 8 mai), confirmée la semaine dernière par un vote des adhérents de l’Imoca comme course de remplacement des Valencia Globe Series, et la Transat Jacques-Vabre.
Clément Giraud : “Un pas de géant vers le Vendée Globe”
Passé par la Classe Mini (11e en proto de la Mini-Transat 2005) puis par de nombreuses navigations en tant que n°1 (TP52, 15m JI, Tour de France…), Clément Giraud, skipper professionnel de 38 ans qui a grandi aux Antilles avant de s’installer à Toulon, a lancé l’an dernier un projet de Vendée Globe, son “rêve depuis toujours”. Proche de Yannick Bestaven, il a réussi à faire l’acquisition de l’ex Maître CoQ, qui devrait être remis à l’eau en février, grâce à un “investisseur de mon âge qui croit en mon projet depuis le début”, explique-t-il avant d’évoquer “un pas de géant vers le Vendée Globe”.
Le nom de son partenaire principal devrait être dévoilé prochainement : “une grande enseigne nationale”, selon sa cheffe de projet, Julie Rocher, qui évoque une enveloppe de budget encore très large, comprise entre 2,5 et 4,5 millions d’euros sur trois ans. Le montant final conditionnera les travaux d’optimisation du plan Farr de 2006, et notamment l’installation, ou non, de foils. En attendant, la priorité du Varois est “de faire des milles et de se qualifier en 2019 parce qu’il y a du monde sur la place“.
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