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Comment ont été créées les Imoca Globe Series

Monaco accueille jusqu’au 8 juin les Monaco Globe Series, la première épreuve d’un nouveau circuit baptisé Imoca Globe Series, officiellement lancé vendredi dernier. Le successeur des Imoca Ocean Masters, lancés précédemment par Open Sports Management (OSM), est le fruit d’une année de tractations entre la classe Imoca, le Vendée Globe et OC Sport, organisateur, entre autres, de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe. Comment les trois parties sont-elles parvenues à créer ce nouveau circuit ? Tip & Shaft vous emmène dans les coulisses des négociations.

Les discussions ont débuté en juin 2017 par une réunion “fondatrice” à Barcelone (à laquelle participaient également des représentants de la Fnob, organisatrice de la Barcelona World Race), après que OSM eut signifié à l’Imoca son intention de ne pas renouveler fin 2017 le contrat portant sur la détention des droits commerciaux de la classe, faute d’avoir trouvé un partenaire-titre.  Désireux de donner “un nouveau souffle” au championnat et de “créer du lien entre les courses”Antoine Mermod, président de l’Imoca, a alors pris l’initiative de réunir autour d’une même table des interlocuteurs qui, jusqu’ici, avaient du mal à se parler. D’où ce rendez-vous barcelonais bien accueilli par ses participants : A Barcelone, on a discuté tous ensemble, ce qui était une première, souligne ainsi Hervé Favre, récemment promu co-CEO d’OC Sport (voir le Mercato de Tip & Shaft #115). Le problème que nous avions avec OSM, c’est qu’ils avaient organisé leur championnat sans jamais discuter avec les organisateurs, ils ne sont par exemple jamais venus nous voir pour nous dire : « On a un sponsor qui voudrait venir comme partenaire secondaire sur votre événement, est-ce que ça vous intéresse ? ». Pour moi, c’est la raison principale de leur échec.”

Autre élément déclencheur de ces discussions, selon Antoine Mermod, l’implication de la SAEM Vendée qui, jusqu’ici, soutenait du bout des lèvres les Imoca Ocean Masters : “Lors de la remise des prix du Vendée Globe, Yves Auvinet [patron de la SAEM Vendée, NDLR] a dit que son objectif était de travailler dans la continuité en maintenant sa confiance à Laura Le Goff [directrice générale de l’évènement, NDLR]. Ça nous a permis d’avoir un vrai interlocuteur et de réfléchir à comment on pouvait profiter de l’aura du Vendée Globe pour consolider notre championnat : tout est parti du fait que les Vendéens ont mis des moyens pour exister pendant quatre ans. Les Globe Series sont précisément organisées autour du Vendée Globe, en assumant le fait qu’il en est l’événement principalEn contrepartie, pour créer du lien et de l’enjeu entre les courses, le Vendée Globe permet que les épreuves faisant partie des Globe Series soient qualificatives [à certaines conditions cependant, voir l’avis de course, NDLR] et sélectives pour le Vendée Globe”.

Les fondations posées, il a fallu presque un an pour aboutir à un circuit qui comprend sept épreuvesjusqu’en février 2021, dont les coefficients ne nous ont pas été précisés. Soit les Monaco Globe Series(2018), la Route du Rhum (2018), une course à déterminer au printemps 2019, la Transat Jacques-Vabre (2019), The Transat (2020), New York-Vendée (2020 – épreuve qui appartient à l’Imoca) et le Vendée Globe (2020-2021), à l’issue duquel sera décerné le titre de champion du monde 2018-2021.

A propos du « slot » libre du printemps 2019, trois options, en double, sont sur la table, selon le président de l’Imoca : Lorient-les Bermudes-Lorient et deux courses en Méditerranée, une « Route de Cœur » par étapes et sur trois continents, portée par Kito de Pavant, et une épreuve qui serait organisée par la Communauté de Valence. Autant de propositions qui, selon Antoine Mermod, ont “toutes leurs avantages et leurs inconvénients” : “Lorient-Les Bermudes-Lorient est une très belle course, mais la cohabitation avec les Ultimes n’est pas simple. Pour les autres, ce n’est jamais très facile pour nous d’aller en Méditerranée, mais la course de Kito est l’occasion de découvrir de nouveaux pays et de nouvelles personnes, tandis que l’avantage de celle de Valence est de ne pas être organisée en France, l’Espagne est un marché important pour nous”. Le choix sera débattu au sein du “comité tripartite” – composé d’Antoine Mermod, de Laura Le Goff et d’Hervé Favre -, chargé de présider aux destinées des Globe Series et dont la première réunion est prévue ce samedi. La décision finale sera prise par les adhérents de l’Imoca courant juin à l’issue d’un vote électronique.

Une fois le choix arrêté, il s’agira pour les promoteurs du nouveau circuit de s’attaquer au nerf de la guerre, l’argent, l’objectif étant de trouver un partenaire titre des Globe Series“Nous sommes en train d’élaborer une proposition commerciale novatrice que nous voulons lancer en juin pour une mise sur le marché en septembre, explique Antoine Mermod, qui estime qu’il est trop tôt pour donner une fourchette du ticket d’entrée. L’objectif est d’aboutir vite pour permettre ensuite de développer des outils de promotion des Globe Series, de “mettre en place des synergies qui pourraient passer par des négociations communes avec des prestataires extérieurs (cartographie, site Internet…). “Quand on aura trouvé de l’argent, nous déciderons quelles opérations seront lancées”, explique Hervé Favre, qui imagine un circuit à l’instar des Marathon Majors, réunissant les six plus grands marathons du monde, avec un classement et un prize money, le patron d’OC Sport ajoutant : “J’ai toujours eu en tête de lancer un « Grand Chelem de la voile », comme ça se fait au tennis ou en golf. La voile manque aujourd’hui terriblement de lisibilité, la création de ces Globe Series va dans le bon sens”.

Quel intérêt OC Sport, qui, sur les Globe Series, organise la Route du Rhum et The Transat, peut-il en tirer ? “Notre intérêt en tant qu’organisateur est d’attirer plus d’Imoca sur nos courses, c’est le point essentiel : il nous faut des marins connus qui racontent de belles histoires. Là, on peut raconter une histoire sur quatre ans, alors qu’avant, chacun racontait sa petite course”. Coté Vendée Globe, Laura Le Goff ajoute : “Le championnat Imoca Globe Series va permettre de rentabiliser les projets des coureurs et de leurs sponsors grâce à la valorisation du calendrier des courses entre deux Vendée Globe. Le championnat va aussi contribuer à l’internationalisation de la classe et par conséquent du Vendée Globe”. Si, comme toutes les parties en conviennent, un pas important a été franchi, reste, désormais, le plus dur à faire : trouver des partenaires pour ce nouveau circuit.

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