Après huit ans sur le circuit Figaro, Guyot Environnement a franchi un cap en se lançant sur une campagne de Vendée Globe avec Benjamin Dutreux. Un projet qui a encore pris de l’ampleur, puisque l’équipe disputera également The Ocean Race avec Offshore Team Germany. Tip & Shaft vous en dit plus.
Neuvième d’un Vendée Globe 2020 sur lequel il s’était présenté avec un bateau daté (plan Farr de 2007) et sans beaucoup de moyens, Benjamin Dutreux a très vite basculé dans la campagne suivante, en annonçant dès juillet 2021 le rachat de 11th Hour Racing-Alaka’i, ex Hugo Boss (plan VPLP-Verdier, deuxième du Vendée Globe 2016).
Le skipper se lance alors à la recherche de partenaires. “La notoriété acquise sur le Vendée Globe nous a permis de parler à des entreprises qu’on ne rencontrait pas avant, mais ça avait du mal à se décanter”, raconte le Vendéen. Jusqu’à ce qu’il reçoive l’automne dernier un coup de fil de l’agence Rivacom qui lui demande de présenter un budget pour un client qui – il l’apprendra un peu plus tard – s’avère être Guyot Environnement.
Engagée depuis 2014 sur le circuit Figaro, auprès de Vincent Biarnès puis de Pierre Leboucher, l’entreprise brestoise souhaite en effet se lancer sur le circuit Imoca. “C’est une réflexion qu’on a depuis la Route du Rhum 2018, on s’était alors dit qu’on aimerait bien faire un tour du monde de manière raisonnée, l’Imoca s’est imposée”, confirme Erwan Guyot, président de Guyot Environnement.
Une participation au Vendée Globe 2020 est même évoquée avec Pierre Leboucher, qui ne s’estime pas prêt : “J’ai été franc avec eux : par rapport à mon vécu en course au large [il sortait de sa première saison en Figaro, NDLR], je leur avais dit que j’étais un peu juste. Je me suis peut-être trompé, mais je n’aime pas vendre quelque chose que je ne suis pas sûr de pouvoir faire”, raconte l’ancien spécialiste de 470.
Entre 1,5 et 1,8 million
d’euros de budget
La période Covid conduit l’entreprise à mettre le projet en stand-by, qui redevient d’actualité dès la fin du Vendée Globe 2020. Avec, cette fois une forte envie de la part de Pierre Leboucher, qui présente un projet sportivement ambitieux, “avec un bateau de 2020 ou un neuf” et un budget en conséquence, “entre 2 et 2,8 millions par an.” Le projet ne convainc pas Guyot Environnement qui, entre-temps, a pris le temps de la réflexion : “On a analysé ce que faisaient les autres équipes et comment faire notre propre montage, on a failli faire l’erreur d’acheter un bateau et d’avoir une équipe à constituer par nous-mêmes, on s’est rendu compte que ce n’était pas notre métier“, précise Erwan Guyot.
L’entreprise missionne alors Rivacom pour trouver un skipper plus en adéquation avec ses attentes, d’où le coup de fil à Benjamin Dutreux. “Ça a matché tout de suite, c’est un entrepreneur comme nous, qui a pris des risques financiers sur le premier Vendée puis a eu le culot d’acheter le bateau sans sponsor, sa démarche nous a plu”, confirme Erwan Guyot. Qui ajoute : “Il avait un projet ficelé, avec un bateau et une équipe ayant déjà fait un Vendée Globe, et le timing était bon, car il y a quand même un sujet important de qualification, on ne voulait pas prendre de risque là-dessus. Et d’un point de vue financier, sa proposition correspondait à nos capacités.”
Benjamin Dutreux évoque un budget annuel de “1,5 à 1,8 million d’euros”, auquel Guyot Environnement contribue, selon son président, à hauteur de 1 million par an (jusqu’en juin 2025). “Notre grande force, c’est qu’on est arrivés avec un pool de partenaires, on avait un fond de budget, explique le skipper. Le fait de leur proposer un projet fonctionnant de façon autonome a aussi beaucoup joué. Et ils voulaient être présents dès cette année sur la Route du Rhum.”
The Ocean Race en bonus
Ce qui sera le cas, après quoi Benjamin Dutreux disputera The Ocean Race, qui n’était pas, initialement, au programme. “On la présentait quand même en option, si on trouvait des partenaires, dans une perspective de préparation du Vendée Globe. Et c’est une course qui m’a toujours fait rêver”, poursuit le Vendéen. Lequel voit son rêve se concrétiser fin avril lorsque les Allemands d’Offshore Team Germany, avec lesquels il a remporté en juin 2021 The Ocean Race Europe, l’appellent pour lui dire qu’ils ont trouvé un budget pour lancer une participation commune.
A charge pour le skipper de convaincre Guyot Environnement de le suivre dans l’aventure : l’affaire est conclue en trois semaines ! “Plutôt que de rester six mois en chantier, on préfère que Benjamin aille naviguer. Le rapprochement avec les Allemands et la volonté de The Ocean Race de donner un coup de main ont fait que toutes les planètes se sont alignées“, raconte Erwan Guyot. Pour quel surcoût ? “Pas énorme par rapport aux retombées qu’on espère, sachant qu’on fait 70% de notre chiffre d’affaires à l’international et notamment en Espagne, d’où part la course. Le bateau sera d’ailleurs en partie marqué du nom de notre entreprise espagnole, Hirumet.“
Selon Benjamin Dutreux, le budget supplémentaire pour huit mois de course se monte à 1,8 million d’euros, pris en charge en bonne partie par Offshore Team Germany – Jens Kuphal, le manager du projet, n’a pas souhaité nous communiquer le nom de ses partenaires. Le Vendéen sera skipper, secondé par Robert Stanjek, ils seront amenés à être parfois remplacés par un marin chevronné ayant un profil de navigateur (en cours de recrutement) ; Annie Lush et Phillip Kasüske, déjà présents sur The Ocean Race Europe, compléteront l’équipage, Charles Drapeau sera le media man, tandis que le management sera assuré par Jens Kuphal et Alice Potiron.
“On est vraiment dans le partage. Les Allemands apportent les parties logistique, gestion de projet, liens avec l’organisation, nous la partie technique”, se réjouit Benjamin Dutreux. On a prévu de passer tout le mois de septembre ensemble et on négocie avec les organisateurs du Défi Azimut pour le courir en équipage.”
Photo : François Van Malleghem / Guyader Bermudes 1000 Race