Après le coup d’arrêt qu’a constitué en 2018 l’annonce de l’annulation de la Barcelona World Race 2018/2019, la FNOB, qui espère toujours organiser une prochaine édition à horizon 2022, s’ouvre de plus en plus à la classe Mini, au point qu’ils sont désormais une quinzaine à s’entraîner dans les eaux catalanes. Tip & Shaft a enquêté.
L’annonce en mars 2018 de la suspension de la Barcelona World Race et de son éventuel report en 2022-2023 a été accueillie avec déception par la communauté de l’Imoca, particulièrement parmi les marins pour qui le tour du monde en double était une opportunité de faire leurs débuts dans le circuit et pour ceux qui avaient déjà vendu la course à leurs sponsors. Elle a aussi été un coup dur pour les coureurs espagnols. Dans un pays où les médias ne montrent qu’un intérêt sporadique pour la course au large, la perte à la fois d’une opportunité de sponsoring et de courir sur un événement considéré par la plupart des marins comme une étape vers le Vendée Globe a en effet mis fin aux espoirs de continuer à progresser dans la classe Imoca. Anna Corbella, Aleix Gelabert et Gerard Marin avaient ainsi tous des projets pour la Barcelona World Race.
La course mise de côté au moins jusqu’à la fin de The Ocean Race (2021-2022), la Fundacion Navigacion Oceanica Barcelona, qui organisait la Barcelona World Race, n’offre plus d’opportunité aux marins catalans et espagnols de se lancer sur un tour du monde en solitaire ou en équipage réduit, même si la structure conserve encore un ancien Imoca pour s’entraîner, en l’occurrence l’ancien Kingfisher d’Ellen MacArthur, sur lequel Didac Costa a pris la 14e place du dernier Vendée Globe. Et, alors que l’on pouvait espérer il y a quelques années que l’Espagne devienne une place forte dans le paysage du Vendée Globe et d’autres courses en solitaire, ce dernier est aujourd’hui le seul skipper espagnol candidat au départ des Sables d’Olonne en novembre prochain, sur le même bateau, qui date de 1998, et avec un budget qui semble très restreint. Anna Corbella a bien tenté de monter un projet, mais en vain : « En Espagne, ce n’est pas facile de trouver de l’argent pour faire un tour du monde qui part de France et n’est pas très connu ici. Pour être honnête, il serait plus facile de trouver de l’argent pour participer au Paris-Dakar que pour faire le Vendée Globe. »
Malgré cela, la capitale catalane ne manque pas d’activité ces derniers temps en ce qui concerne la course au large. Depuis plus de six mois, une quinzaine de Mini 650 sont en effet hébergés par la FNOB, à l’initiative justement d’Anna Corbella qui, faute de Barcelona World Race et de Vendée Globe, a changé son fusil d’épaule. Cette semaine, débute ainsi la construction par des étudiants liés à la FNOB d’un nouveau plan Marc Lombard pour Gerard Marin. Un deuxième bateau sera construit d’ici 2021, tandis que l’Américain Jay Thompson, qui vient de s’installer sur place, lancera son nouveau plan Verdier le mois prochain. « Nous avons environ une quinzaine de projets dont l’objectif est la Mini-Transat 2021. Pour cela, nous avons adapté nos installations avec une grue pour déplacer les bateaux et un quai pour les accueillir et travailler dessus. En ce moment, par exemple, il y a 12 ou 13 skippers qui ont leur bateau en chantier d’hiver à l’intérieur de notre hangar, d’autres viennent ici pour s’entraîner, avec des marins comme Anna et d’autres qui sont là pour les encadrer et les coacher en vue de la prochaine édition de la Mini Transat, explique Carlos Clastre, responsable de la communication de la FNOB. Nous avons également intégré la campagne de Didac dans notre structure, la FNOB collabore avec lui pour l’aider à être au départ du Vendée Globe. »
Pour Carlos Clastre, il existe par ailleurs des signaux positifs en ce qui concerne l’avenir de la Barcelona World Race : « Les exonérations fiscales très favorables, permettant aux entreprises espagnoles ou à celles qui ont une base d’exploitation importante en Espagne de compenser leurs dépenses de sponsoring et de marketing pour participer à la course, ont été une nouvelle fois approuvées par le gouvernement espagnol. Et le Parti socialiste, au pouvoir lors du lancement de la course en 2007, détient désormais de nouveau la majorité à la mairie de Barcelone. Les responsables comprennent l’importance du sport pour Barcelone et des événements comme la Barcelona World Race. » Bien qu’il n’y ait pas de réel consensus sur le sujet parmi les organisateurs, certains considèrent que la ville pourrait donner sa bénédiction à la Barcelona World Race à condition qu’elle soit financée sur fonds privés, ce qui avait été le cas en 2010, au contraire de l’édition 2014, pour laquelle Barcelone avait dû mettre la main à la poche. Le budget de l’édition finalement annulée devait se monter à 12 millions d’euros, plus important que celui des trois dernières éditions en raison de l’escale prévue à Sydney.
Les discussions vont en tout cas se poursuivre avec la mairie au cours des prochaines semaines semaines. « Pour la première fois, nous avons du temps pour travailler dessus car les exonérations fiscales ont été approuvées par le Parlement espagnol, ce qui nous permet, dès cette année, de nous servir de ce levier auprès de nos sponsors éventuels, poursuit Carlos Clastre. Nous n’avons pas encore l’approbation finale de la municipalité, mais le projet progresse, nous avons également parlé avec la classe Imoca qui n’a pas encore annoncé le calendrier pour les quatre prochaines années, nous sommes confiants dans nos chances de célébrer la prochaine édition de la Barcelona World Race. »
Interrogé sur la question, Antoine Mermod, président de l’Imoca, répond : « La Barcelona World Race est un événement majeur du calendrier de l’Imoca depuis 15 ans. Nous sommes toujours très proches de la FNOB qui reste un pôle important pour les équipes Imoca. Nous travaillons avec la FNOB pour construire un futur événement, qui poursuivra l’héritage de la Barcelona World Race. » Une course qui, selon Anna Corbella, doit faire une large place aux marins espagnols : « C’est la seule façon de susciter de l’intérêt dans ce pays. C’est formidable d’avoir les Français et des bateaux comme Hugo Boss, mais nous avons besoin d’avoir des marins locaux. J’espère que certains que nous suivons aujourd’hui en Mini vont progresser pour passer ensuite en Class40 et, dans quelques années, faire la Barcelona World Race. Nous avons des marins qui ont déjà fait la Mini-Transat, il y a aussi ceux qui viennent de la Volvo Ocean Race. Il y a moyen de disputer la Barcelona World Race et d’y faire une place honorable avec un budget de l’ordre de 1,5 million d’euros. »
Photo : DR
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