L’Occitane a annoncé récemment son engagement en tant que partenaire-titre d’Armel Tripon sur le prochain Vendée Globe. Un sponsor de poids pour le Nantais, qui disposera l’été prochain d’un Imoca neuf sur plans Sam Manuard : la société dirigée par l’Autrichien Reinold Geiger affiche 1,32 milliard d’euros de chiffre d’affaires dans une soixantaine de pays (dont 8% en France) et compte 8 500 employés. Tip & Shaft s’est entretenu avec Adrien Geiger, fils du DG et directeur du développement de L’Occitane.
Comment avez-vous décidé de vous engager dans le sponsoring voile ?
L’Occitane est une entreprise familiale avec des valeurs fortes et la voile s’est avérée comme une évidence pour nous. Nous avons un peu tourné autour pendant longtemps, sans jamais vraiment nous impliquer, à part pour sponsoriser des compétitions à l’échelle régionale. C’est finalement mon père, CEO de L’Occitane [qu’il a racheté en 1996, NDLR] et lui-même passionné de voile, qui nous a poussés dans cette direction. On a alors vu que tous les collaborateurs ont été assez excités par ce sport qui véhicule des valeurs qui nous parlent, à savoir un esprit aventurier, authentique, le goût du challenge, le besoin de toujours innover, et le côté entrepreneuriat : aujourd’hui, les skippers qui partent sur des gros projets sont plus que des sportifs, ce sont de vrais entrepreneurs qui doivent gérer toute une équipe. Enfin, un élément a aussi beaucoup compté, c’est la notion de protection de la nature qui nous tient à cœur, puisque L’Occitane est une marque naturelle qui a pour ambition d’apporter à ses consommateurs ce que la nature sait faire, donc il faut qu’on contribue à la protéger. Et on sait que dans le monde de la voile, c’est un sujet très important, il y a déjà sur le Vendée Globe des initiatives qui vont dans ce sens. Tout ça fait que c’est vraiment un univers qui nous ressemble, c’est un engagement « win-win » pour nous.
Et comment s’est faite la connexion avec Armel Tripon ?
Dans ce genre d’histoire, tout commence par une rencontre, en l’occurrence celle entre mon père, Reinold Geiger, et Michel de Franssu, patron du chantier Black Pepper, avec lequel il s’est lié d’amitié. C’est Michel qui nous a fait rencontrer Armel il y a quatre ans, nous avons eu l’occasion de naviguer ensemble sur les Voiles de Saint-Tropez et la Giraglia notamment. Tout de suite, le courant est passé, Armel nous a touchés par sa passion, son humilité, c’est vraiment une bonne personne avec ce côté entrepreneur qui nous a donné envie de l’aider. A l’époque, il venait de débuter son partenariat avec Réauté Chocolat, le sujet n’était donc pas tout de suite sur la table, mais très vite, nous lui avons dit que s’il cherchait un partenaire pour une nouvelle aventure, il pouvait compter sur L’Occitane. Nous sommes très fiers aujourd’hui de l’accompagner sur le Vendée Globe.
Le Vendée Globe s’est-il imposé d’entrée comme le projet idéal pour vous ou avez-vous réfléchi à d’autres options ?
L’Occitane est une marque ambitieuse et qui aime bien les challenges, le Vendée Globe est pour nous la plus belle et la plus ambitieuse des courses. Personnellement, il m’a toujours fasciné depuis que je suis tout petit, je l’ai suivi tous les quatre ans, donc oui, ça s’est imposé très rapidement.
L’Occitane est une marque qui s’adresse surtout aux femmes, avez-vous réfléchi à l’éventualité de collaborer avec une skipper ?
C’est une bonne question et ça pourrait être un jour une nouvelle aventure, ça aurait effectivement du sens pour nous, mais nous sommes aujourd’hui focalisés sur ce Vendée Globe ambitieux avec Armel.
Armel vous a proposé un projet effectivement ambitieux avec un nouveau bateau, était-ce aussi une condition pour vous lancer ?
Disons que nous étions assez ouverts sur le sujet du bateau, mais nous nous sommes dit que pour aller jusqu’au bout de notre rêve, c’était justement l’occasion de montrer notre volonté de continuer à innover et de repousser les limites.
Qu’attend L’Occitane de ce partenariat ?
Notre démarche vise d’abord à aider Armel à faire la meilleure course possible. Ensuite, nous voulons engager nos salariés derrière cette aventure, ils sont d’ailleurs tous super motivés. On voudrait enfin en profiter pour appuyer une action qui nous est chère autour de la protection des océans : en tant que marque cosmétique, on produit encore malheureusement beaucoup de plastique, mais on est en train de passer de plus en plus à des produits recyclés, nous n’aurons bientôt plus de produits non-recyclés, nous voulons aller encore plus loin et contribuer à nettoyer les océans. Notre souhait est d’avoir un impact « négatif », c’est-à-dire plus nettoyer que polluer. Nous dévoilerons prochainement ces actions, mais déjà, avec Armel, qui est très impliqué sur ce sujet, nous travaillons pour que le bateau soit le plus « vert » possible, en utilisant le maximum de matériaux recyclés et en suivant des process pas trop énergivores. On travaille aussi pour produire de l’énergie sans fuel en installant des panneaux photovoltaïques sur le pont.
Vous parlez d’interne et de protection de l’environnement, la communication externe est-elle aussi un objectif ?
Ce n’est notre objectif principal, même si ce serait dommage de ne pas profiter de l’exposition médiatique du Vendée Globe. Disons que la com’ externe est la cerise sur le gâteau, mais ce n’est pas pour ça qu’on le fait.
Vous parliez tout à l’heure de projet ambitieux, quelles seront justement vos ambitions sur le prochain Vendée Globe ?
Connaissant Armel, je sais qu’il va vouloir se battre pour la victoire, mais pour avoir suivi cette course de très nombreuses fois, on sait combien c’est compliqué de gagner, compte tenu des nombreux aléas qu’elle comporte. Ce serait donc présomptueux de se fixer d’ores et déjà des ambitions, même si ce serait évidemment génial de gagner sur notre premier Vendée. Par contre, sur le long terme, bien sûr, on voudra gagner.
Cela veut-il dire que vous voyez d’ores et déjà plus loin ?
On aimerait bien, oui. Là, on apprend, c’est le début, mais on n’a pas envie de s’arrêter là, c’est un projet qui nous passionne et qui nous donne envie d’avancer.
Parlons chiffres : pouvez-nous nous dévoiler le budget consacré par L’Occitane à ce projet de Vendée Globe ?
Malheureusement, je ne peux pas vous en dire plus sur ce sujet, mais disons qu’on se donne les moyens pour qu’Armel ait les moyens de gagner à terme cette course sur un très très beau bateau.
Un budget gagnant se situe entre 2,5 et 3,5 millions d’euros HT annuels, êtes-vous dans cette fourchette ?
On n’est pas très loin…
Vous êtes parallèlement partenaire de Matthieu Vincent en Mini, pourquoi ce double projet ?
Nous avons effectivement déjà démarré dans l’univers de la course au large en sponsorisant Matthieu qui est venu toquer spontanément à notre porte l’année dernière pour faire la Mini-Transat. Il était utilisateur de nos crèmes mains, le best-seller de L’Occitane, et un outil évident quand on est sur un bateau. Nous avons bien aimé son esprit d’initiative, ça avait du sens pour nous de s’engager à ses côtés. Et ce qui est sympa, c’est que la connexion s’est naturellement faite avec Armel qui a gagné la Mini et est aujourd’hui un peu son mentor. On est d’ailleurs très contents, parce que Matthieu, tout nouveau dans cet univers, progresse bien et commence à faire des résultats intéressants, il s’est classé récemment troisième de la Pornichet Select 6.50.
L’Occitane est une marque présente dans de nombreux pays, The Ocean Race pourrait-elle vous intéresser ?
Peut-être. On commence avec une histoire d’hommes, si jamais on fait des bonnes rencontres avec des personnes qui nous intéressent, on y réfléchira, mais nous n’avons pour l’instant pas été confrontés à cette question. Et aujourd’hui, les régates en solitaire nous intéressent plus, car elles rejoignent plus nos valeurs. L’ex Volvo n’est pas à ce jour une ambition pour nous, d’autant que comme je vous l’ai dit, nous ne faisons pour l’instant pas ce partenariat pour de la communication externe.