Le départ de la Golden Globe Race, organisée 50 ans après le Golden Globe originel, la première course autour du monde en solitaire remportée par Robin Knox-Johnston en 313 jours, sera donné le 1er juillet des Sables d’Olonne. 18 skippers s’élanceront pour un tour du monde sans escale à l’ancienne – sans électronique ni pilote automatique – sur des monocoques “à quille longue” de 32 à 36 pieds. Une épreuve montée non sans difficultés par l’Australien Don McIntyre. Tip & Shaft vous raconte comment.
Lancée en 2015, la Golden Globe Race a rapidement suscité l’intérêt de nombreux marins. Si elle devait initialement partir de Plymouth, elle empruntera finalement au Vendée Globe le même port de départ et d’arrivée. Pourquoi les Sables d’Olonne ? “En raison du manque total de soutien en Grande-Bretagne où il n’y avait ni passion, ni enthousiasme pour la Golden Globe Race, répond son organisateur Don McIntyre. Les gens ont eu beaucoup de mal à voir le potentiel de la course”.
C’est Jean-Luc Van den Heede – l’un des favoris de l’épreuve et ancien du Boc Challenge, comme McIntyre – qui le met alors en contact avec Yannick Moreau, le président (LR) des Sables d’Olonne Agglomération qui rassemble sept communes vendéennes. Le maire d’Olonne-sur-Mer, ancien député, longtemps proche de Philippe de Villiers (il travailla même sur le Vendée Globe à ses côtés), se positionne dans un premier temps pour l’édition suivante, en 2022, avant de discuter, après le retrait de Plymouth en juin 2017, du projet de rapatrier la course en Vendée. Les deux parties finissent par s’entendre à l’automne dernier.
Le budget de cette Golden Globe Race est loin des 6 à 10 millions d’euros qu’espérait il y a un an Don McIntyre (voir notre article) : selon l’organisateur, il se monte à environ “2,5 millions d’euros”. Dont “1 million de dollars australiens” (630 000 euros) assumés directement par l’intéressé, via sa société McIntyre Adventure. “J’ai mis dans la course la moitié de ce que je possède, je ne me suis pas payé en quatre ans”, assure-t-il. L’agglomération sablaise apporte de son côté 250 000 euros : “150 000 euros d’argent public et 100 000 euros d’argent privé que l’agglomération se faisait fort d’aller chercher pour l’organisateur “, détaille Yannick Moreau. Elle met également à disposition des bureaux (pendant un an), le ponton et la place du Vendée Globe, un centre des médias et un village.
Désireuse de “donner à cet événement l’ampleur qu’il mérite”, la collectivité locale vendéenne a poussé pour réunir 500 000 euros supplémentaires auprès de partenaires privés et institutionnels (PRB, la SAUR, le Groupe Dubreuil, Urbaser Environnement, le département de la Vendée, la région Pays de la Loire…). Une opération menée de manière originale via le fonds de dotation Cap vers l’Aventure maritime – créé en 2016 pour financer l’exposition Les aventuriers de l’océan – qui permet aux entreprises mécènes de bénéficier d’une réduction d’impôts à hauteur de 60% de leur versement. La somme a servi à “financer tous les événements à terre”, notamment la soirée officielle du 23 juin, l’animation du village, la production TV pour la retransmission en direct du départ (sur France 3 Pays de la Loire, Tébéo, Tébésud, la chaîne L’Equipe, TV Vendée).
Côté ressources humaines, McIntyre s’est entouré d’une équipe resserrée de neuf prestataires, aidée par environ 300 bénévoles locaux. Le directeur de course, Patrice Carpentier, dit de l’Australien : “Il met une énergie folle, c’est son truc, il intervient à tous les niveaux : avant la parade à Falmouth, il était même là à caréner les bateaux !”.
Une énergie qu’il a également fallu déployer pour batailler avec la FFVoile, d’abord, qui, via son vice-président Henry Bacchini, n’a pas voulu donner sa caution à la GGR. Auprès de la préfecture maritime, ensuite, qui a finalement rendu un avis favorable au départ de la course, malgré l’absence de blanc-seing fédéral. “Je ne comprends pas que la Fédération française de voile n’ait pas eu un mot positif à l’égard d’une aventure comme celle-ci, regrette Yannick Moreau, je déplore leur manque d’ouverture d’esprit”. A la FFV, Henry Bacchini estime que la course ne respecte pas les RSO (règles de sécurité obligatoires) de World Sailing. Et pour cause : le Royal Namuka Yacht Club, “club hôte de la course”, est installé aux Tonga, pays dont la fédération n’est pas affiliée à la fédération internationale de voile. “C’est bien de vouloir naviguer comme il y a cinquante ans, mais le monde a changé. Je trouve d’ailleurs étonnant qu’un ancien parlementaire, qui a été un législateur, s’écarte des législations nationales et internationales”. Et le vice-président de la FFV de glisser : “Et nous trouvions que faire cette course aux Sables brouille l’image de la ville par rapport au Vendée Globe”.
Cela n’inquiète pas les organisateurs sablais, qui ont vu 9 000 visiteurs fréquenter le village lors de la présentation des skippers le premier week-end d’ouverture et attendent 100 000 personnes pour le départ. Yannick Moreau estime au contraire que les deux épreuves sont “complémentaires et pas du tout concurrentes” : “Le Vendée Globe, c’est un peu les 24 Heures du Mans, tandis que la Golden Globe Race, c’est Le Mans Classic“. Et l’élu d’ajouter : “Nous n’avons pas jusqu’ici trouvé d’événements intermédiaires vraiment importants, à la fois sur le plan sportif, médiatique et international. La Golden Globe Race répond à ces besoins, avec notamment un plateau très international”. A tel point que l’agglomération a d’ores et déjà fait part de son intention, si tout se passe bien, d’accueillir la deuxième édition, prévue en 2022. “Les Sables d’Olonne ont une option, d’autres régions de France et d’autres pays sont aussi intéressés, précise Don McIntyre. Nous prendrons une décision en décembre 2019.“