Violette Dorange sur Devenir

Violette Dorange : “C’était vraiment engagé de monter ce projet”

Violette Dorange a officialisé début août son projet de Vendée Globe 2024, avec un bateau remis à l’eau, DeVenir, racheté à Jean Le Cam, et un sponsor principal, les restaurants McDonald’sTip & Shaft a échangé avec la navigatrice qui a dévoilé jeudi l’identité de son coskipper pour la Transat Jacques Vabre Normandie-Le Havre, Damien Guillou.

Peux-tu nous raconter la genèse de ce projet Vendée Globe ?
J’ai commencé à y penser concrètement après ma première Solitaire du Figaro, en 2020. J’étais d’ailleurs venue en Figaro pour ça, on m’avait dit que c’était une vraie école de la performance, je peux le confirmer ! J’ai adoré, et plus ça allait, plus j’aimais, c’est devenu addictif ! Donc l’idée était de faire trois belles années de Figaro pour me préparer dans une optique de Vendée Globe et monter un projet fiable. J’en ai parlé ouvertement dès 2021 et je me suis mise à chercher des financements, c’était le plus gros enjeu. Ensuite, il a fallu trouver un bateau, ce qui était tout aussi compliqué, parce qu’il y en avait très peu sur le marché.

Et tu as réussi à acheter le fameux Hubert de Jean Le Cam, comment t’y es-tu prise pour le convaincre ?
Comme je m’entraînais à Port-la-Forêt, on se croisait sur les pontons, mais je n’osais pas aller le voir en direct. Un jour, Laurent (Simon, le team manager du projet, longtemps impliqué auprès de Jean-Pierre Dick, NDLR) lui en a parlé et on a pris un rendez-vous, c’était après la Transat Concarneau-Saint-Barth 2021. Je lui ai présenté mon projet, ça a été très simple entre nous : à la fin, il m’a serré la main et il m’a dit “Je te réserve le bateau.” Je sais qu’il a ensuite reçu des offres d’autres marins, qui étaient prêts à payer plus cher, mais il a tout le temps tenu sa parole. C’est vraiment ça qui nous a permis avec mon équipe de réellement lancer le projet.

Tu n’as pas été tentée par un foiler ?
Non, c’est déjà un gros challenge en soi de faire un premier Vendée Globe aussi jeune et de trouver le financement, je ne voulais pas me mettre un challenge supplémentaire. L’atout du bateau, c’est qu’il est simple à prendre en main, fiable pour le Vendée Globe, je me sens en sécurité dessus. Et l’autre gros avantage, c’était de pouvoir compter sur l’accompagnement de Jean, à la fois pour la prise en main, mais aussi pour toute la partie chantier, je n’avais pas de structure à monter. Je vais d’ailleurs encore le solliciter, sur le choix des voiles, la façon de naviguer, la performance…

 

“Damien connaît
tous les métiers du projet”

 

Tu as choisi Damien Guillou pour t’accompagner sur la Transat Jacques Vabre, pourquoi ?
Il nous a rejoints au début de l’été, et dès le début, on s’est dit que c’était génial d’avoir ce double profil boat captain/équipier. Damien a énormément d’expérience, je sais que je peux avoir confiance en lui sur la partie « navigation en bon marin », ce qui est très important cette année, puisqu’il y a un enjeu de qualification pour le Vendée Globe sur la transat retour (Retour à La Base), l’idée est donc de bien naviguer, sans prendre trop de risques en vue de cet objectif. C’est aussi un compétiteur qui a fait sept saisons en Figaro, il sait être performant. Il coche enfin la case préparation technique, il a travaillé avec Jean Le Cam sur le Vendée Globe 2016, avec Kevin (Escoffier) en 2020, il a aussi managé un projet dont il était le skipper avec la Golden Globe Race l’année dernière, il connaît donc un peu tous les métiers de ce projet. C’est hyper important d’avoir quelqu’un d’aussi polyvalent à mes côtés.Es-tu stressée par les enjeux de qualification et de sélection via la course aux milles (voir notre article) ?
Je ne dis pas que je n’y pense pas, mais je ne me pose pas non plus dix mille questions avec ça, j’avance pas à pas. Ça ne sert à rien de trop se projeter, même si je sais qu’il y a de l’enjeu et qu’il ne faut pas trop se rater.Comment as-tu réussi au bout d’un peu plus de deux ans à financer ton projet ?
Depuis le début, c’est un projet multi-partenariats. Cette année, ça change un peu, puisqu’il y a un partenaire qui prend plus en charge une partie du budget, les restaurants McDonald’s. Il me reste à le compléter, mais c’est déjà une victoire pour toute l’équipe d’avoir récolté une partie des financements. C’était vraiment engagé, ça ne nous est pas tombé dessus d’un coup, on n’a rien lâché pendant deux ans.

“Je suis fière de ce projet”

 

Tu peux nous en dire plus ce sur budget ?
C’est un budget de 1,5 million d’euros en 2024, on en a pour l’instant réuni environ 60%, ce qui nous a permis de véritablement monter le projet et d’acheter le bateau. Les restaurants McDonald’s prennent en charge la plus grande partie, au côté des partenaires historiques qui m’ont accompagnée en Figaro et ont augmenté leur participation.
Comment as-tu réussi à convaincre McDonald’s de t’accompagner ?
La première rencontre remonte à environ deux ans, j’avais participé à une épreuve qu’ils organisent, la Ronald Cup, dans le cadre des maisons Ronald, un dispositif pour permettre aux familles d’enfants hospitalisés d’être hébergées dans des endroits proches d’eux. J’ai alors commencé à leur parler de mon projet, cinq franchisés m’ont accompagnée sur la Solitaire du Figaro l’année dernière, ce qui a vraiment permis de créer des liens entre nous. Depuis, j’ai pu présenter mon projet à de plus en plus de franchisés, j’en ai rencontré beaucoup, restaurant par restaurant, et à un moment, on s’est dit pourquoi ne pas créer un collectif de franchisés. C’est ce qu’on a réussi à faire, on a réuni 128 restaurants en France, on espère en atteindre 200, voire 250.McDonald’s est pointé du doigt comme symbole de la « malbouffe », notamment vis-à-vis des jeunes ; Killian Mbappé avait par exemple refusé de voir son image associée à celle de KFC pour cette raison, tu n’as pas hésité au moment de signer ce partenariat ?
Je suis fière de ce projet, sportif et sociétal, c’est ça qui est important pour moi. L’idée n’est pas de faire du « RSE washing », on veut vraiment avoir un impact en faveur de la jeunesse en difficulté, c’est dans la continuité de ce que nous faisons depuis plus de trois ans avec la fondation Apprentis d’Auteuil. McDonalds, qui est le premier recruteur de la jeunesse en France, s’inscrit dans cette démarche. Quand je leur ai présenté mon projet tourné vers la jeunesse, je leur ai bien expliqué que ça me tenait à cœur qu’il garde le nom de DeVenir, c’est ça qui leur a plu. Grâce à eux, on va pouvoir mener plus d’actions qui vont bénéficier à la fondation.

Photo : Bernard Le Bars / Devenir

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