La saison de la classe Figaro Beneteau s’ouvre lundi avec la Solo Guy Cotten à Concarneau. 36 solitaires seront au départ, dont 16 bizuths, confirmant une tendance déjà constatée les deux années précédentes : celle d’un renouvellement et d’un rajeunissement de la flotte.
Alors que, depuis l’apparition du Figaro Beneteau 3 en 2019, le circuit Figaro voyait le nombre de ses concurrents stagner, voire lentement baisser, la tendance va-t-elle repartir à la hausse en 2024 ? Les indicateurs de ce début de saison semblent en tout cas aller dans ce sens : alors qu’ils étaient 30 au départ de la première course de la saison, la Solo Maître CoQ, il y a un an, ils seront 36 lundi matin à quitter les pontons de Concarneau pour la Solo Guy Cotten, qui ouvre l’exercice 2024.
“Sur toutes les courses, on a plus d’inscrits que l’année dernière“, se réjouit Marcus Hutchinson, vice-président de la classe Figaro Beneteau. Ce que confirme par exemple Mathieu Sarrot, cofondateur d’Ultim Sailing, qui organise cette année le Trophée Banque Populaire Grand Ouest (en double) et le Tour Voile (en équipage) : “Sur le Trophée BPGO, on a 35 intentions de participation, contre 12 duos lors de la première édition en 2022, et sur le Tour, on devrait doubler le nombre de bateaux (12 en 2023).” Pour ce qui est de la course phare de la saison, la Solitaire du Figaro Paprec, qui avait réuni 32 participants en 2023 (34 les deux années précédentes), la secrétaire générale de la classe, Eléonore de Grissac, annonce “38 intentions de participation à ce jour, et 5 sur L’Étape by La Solitaire (voir ci-dessous)“.
Autre tendance à la hausse, la flotte accueille depuis deux à trois ans de plus en plus de débutants : ils étaient 10 bizuths il y a un an pour l’ouverture de la saison, ils sont 16 sur la Solo Guy Cotten. Pour Eléonore de Grissac, ce renouveau s’explique en partie par le lancement en 2022 l’Académie Figaro, dont l’objectif était “de proposer aux nouveaux entrants de venir sur le circuit en débutant par des courses en double ou en équipage”. Mathieu Sarrot ajoute : “En créant l’Académie, la classe a démystifié un peu le circuit et le Figaro 3, avec ce côté bateau élitiste à foils et niveau inaccessible ; les nouveaux se sont rendus compte que c’était plus abordable qu’ils ne le pensaient. C’est aussi lié au fait que le turn-over est plus important : avant, les cadors restaient une dizaine d’années, voire plus ; aujourd’hui, la moyenne, c’est trois-quatre ans.”
L’attrait Tour Voile
Nouvelle sur le circuit cette saison, Axelle Pillain, 33 ans, passée par la Classe Mini (Mini Transat 2019), confirme : “J’ai fait le National en septembre dernier, j’ai trouvé que le support était chouette, que les gens étaient sympas, ça m’a donné envie, alors que je me disais que c’était un peu inaccessible sportivement.” Egalement issue de la Classe Mini, Laure Galley, 29 ans, qui arrive sur le circuit avec son sponsor, DMG Mori, explique quant à elle : “Pour moi, il y a plusieurs facteurs pour expliquer ce renouvellement : d’abord, il y a la saturation de certaines classes, c’est le cas en Mini, mais aussi en Class40 avec de plus en plus de monde chaque année ; ensuite, je pense que le Figaro 3 a pâti les premières années de la réputation du 2, avec des skippers qui restaient très longtemps et écrasaient un peu le circuit, ça faisait un peu peur. Aujourd’hui, à part Alexis Loison, plus personne ne fait dix saisons en Figaro, ça ouvre forcément le jeu.”
Autre raison majeure dans ce renouvellement, la renaissance en 2023 du Tour Voile en même temps que son passage en Figaro 3, avec un format encourageant la mixité et la jeunesse : au moins une femme et deux jeunes de 16 à 26 ans (27 ans pour l’édition 2024) au sein d’un équipage de quatre marins. Le format a par exemple convaincu Arthur Meurisse, 28 ans, de se lancer l’an dernier, suivi par sa ville de Dunkerque ; un essai transformé, puisque le Nordiste, deuxième du Tour 2023, monte en puissance cette saison : “Le fait d’avoir couru le Tour a été pour moi une confirmation, je me suis dit que ça me plaisait et que j’avais envie d’aller plus loin en découvrant la partie solitaire.”
“J’ai l’impression que le circuit a vachement bénéficié de cet appel d’air du Tour, la classe a été assez visionnaire là-dessus, c’était un joli pari”, analyse de son côté Yves Le Blevec, doublement impliqué sur le circuit cette saison. En tant que directeur du Team Actual, qui accompagne pour la première fois en Figaro un autre débutant issu de la Classe Mini, Jacques Delcroix (6e de la Mini Transat 2023 en proto) ; et en qualité de vice-président d’Orlabay, centre d’entraînement à la course au large lancé en 2022 à La Trinité-sur-Mer, qui alignera un équipage sur le Tour Voile et les courses d’avant-saison, entraîné par Daniel Souben.
L’Étape by La Solitaire,
un galop d’essai
Orlabay a pour l’instant mis une dizaine de jeunes à l’essai, qui reçoivent les conseils de marins rodés au Figaro, comme les deux premiers de la dernière Solitaire, Corentin Horeau et Basile Bourgnon, ou l’Espagnol Pep Costa. Echange de bons procédés, s’il trouve du budget, ce dernier aura la possibilité d’utiliser le bateau du centre pour la saison en solitaire. Un format qui est le même sur d’autres projets, à l’instar de celui mené par Sophie Faguet, qui navigue sur les courses de l’Académie avec le bateau de Laurent Givry pour former des jeunes, ce dernier se concentrant sur le programme du championnat de France Elite, d’où une mutualisation des coûts.
La classe a bâti un calendrier permettant cette alternance, avec cinq épreuves du championnat de France – Solo Guy Cotten, Solo Maître CoQ, Trophée BPGO, Le Havre All Mer Cup, Solitaire – et cinq de l’Académie : Trophée Laure Vergne, Spi Ouest-France, Tour Voile, Fig’Armor (autour de Lorient) et L’Étape by La Solitaire. Cette dernière, nouveauté introduite cette année, a pour but, là encore, d’ouvrir la classe, avec un format double (le skipper doit ne jamais avoir disputé la Solitaire) sur le parcours de la première étape de la Solitaire. “C’est une belle manière de découvrir la Solitaire, non seulement d’un point de vue sportif, avec la possibilité de se faire accompagner par un marin expérimenté, mais aussi, pour d’éventuels partenaires, de profiter du contexte de la course, notamment le village départ à Rouen”, commente Marcus Hutchinson.
Directrice du pôle Finistère de Port-la-Forêt, où s’entraînent 12 des 36 figaristes au départ de la Solo Guy Cotten (17 à Lorient et 7 à La Rochelle), Jeanne Grégoire se réjouit de cette belle dynamique : “La saison est chouette avec un calendrier très dense qui permet de créer sa culture de figariste. Entre la Solo Guy Cotten et la Solitaire, ça ne s’arrête jamais. Pour les bizuths, ça peut paraître super impressionnant, mais dans deux mois, ils auront fait des « tonnes » de milles en Figaro sur plein de formats différents.” Seul écueil selon elle : “Ce qui reste compliqué, c’est qu’ils ont du mal à boucler les budgets, il y a encore pas mal de bateaux blancs, j’espère que les partenaires vont suivre.”
Photo : Gauthier Lebec / Classe Figaro Beneteau