Départ Solo Maître Coq Figaro

Un vent de renouvellement sur la classe Figaro Beneteau

Après les Ultim et les minis, Tip & Shaft poursuit sa rentrée des classes, avec la présentation de la saison de Figaro Beneteau 3, qui sera notamment marquée par la Transat Paprec pour la première fois en double mixte, la première du Tour Voile sur le support et la Solitaire du Figaro fin août. Avec un plateau qui accueille de nombreux nouveaux arrivants.

Après une année 2022 marquée par l’insolente domination de Tom Laperche, vainqueur de toutes les épreuves en solitaire – dont la Solitaire – la saison 2023 de Figaro débutera début mars aux Sables d’Olonne avec la Solo Maître CoQ. Une épreuve en solitaire qui sera la première des cinq comptant pour le championnat de France Elite de course au large, avec la Transat Paprec, le Tour de Bretagne, la Solo Guy Cotten et la Solitaire du Figaro.

La préparation de cette saison vient de débuter dans les trois principaux centres d’entraînement que sont le pôle Finistère course au large de Port-la-Forêt (une grosse dizaine de bateaux attendus cette année), Lorient Grand Large (7 pour l’instant inscrits) et le Centre Excellence Voile de La Rochelle qui, selon l’entraîneur Etienne Saïz, en accueillera “de 10 à 13”. Dont plus de la moitié menés par des débutants sur le circuit, de Malo Wessely (20 ans) à Anthony Quentin (42 ans), en passant par Romain Bouillard (31 ans), Camille Bertel (26 ans) ou Romain Le Gall (29 ans), ce dernier ayant été sélectionné par la structure rochelaise pour en porter les couleurs pendant deux saisons.

En tout, même s’ils ne participeront pas tous à l’intégralité de la saison, ils seront une quinzaine de bizuths cette année sur le circuit qui, outre les marins précités, accueillera Julie Simon (32 ans), Arnaud Machado (38 ans), Hugo Dhallenne (32 ans), arrivés de la Classe Mini (comme Camille Bertel et Romain Le Gall). Mais aussi Pierre Daniellot (22 ans), successeur de Charlotte Yven – désormais Skipper Macif – sous les couleurs du Team Vendée Formation, où s’est également installé le Méditerranéen Benoît Tuduri (29 ans). Victor Le Pape (24 ans) prend la barre du Figaro Bretagne CMB Espoir, Colombe Julia (25 ans), lauréate de la sélection Espoir Mer Entreprendre, accompagnera Arthur Hubert sur le Figaro 3 de la structure malouine BE Racing.

 

Une longévité plus courte sur le circuit

 

Dans le même temps, la classe a perdu des marins partis vers d’autres horizons – Achille Nebout, Tom Laperche, Erwan le Draoulec… -, accentuant un phénomène de renouvellement déjà constaté depuis les deux saisons précédentes, qui se traduit également par une longévité sur le circuit plus courte qu’auparavant. La plupart des nouveaux arrivants que Tip & Shaft a interrogés font ainsi part leur intention de s’y installer pour 5 ans maximum, avant de se projeter vers une Route du Rhum, voire un Vendée Globe. “Mon plan de carrière, c’est de performer en Figaro, donc je me donne 4-5 ans avant de rêver plus grand”, explique ainsi Malo Wessely, lasériste de formation, tandis que Romain Bouillard, qui a choisi de changer de vie après huit ans comme guide touristique en moto à Paris, estime que son passage en Figaro est un tremplin“.

Du haut de ses 33 ans, Corentin Horeau – qui se retrouve de fait parmi les doyens de la flotte -, voit dans ce phénomène un syndrome Mbappé, les jeunes n’ont plus de limites, ils ont besoin de vite passer à autre chose, à plus grand. Je dois aussi reconnaître que le bateau est dur physiquement, il faut être un peu maso pour rester dix ans sur le circuit.” 

L’ancien commando marine Philippe Hartz, qui entame sa troisième saison sur le circuit, note de son côté : “Avant, les ténors de la classe arrivaient à concilier un programme Figaro et, de temps en temps, un Vendée Globe ou une Route du Rhum, parce que ces projets étaient moins chronophages et professionnels qu’ils ne le sont devenus. Il y a aussi le fait que les autres circuits, Class40, Imoca, se sont structurés et ont progressivement tapé dans le vivier des gens qui naviguaient en Figaro, si bien que par la force des choses, la classe est plus devenue une série de transition.”

 

Première pour le Tour

 

Fort de ce constat, Jean-Bernard Le Boucher, le président de la classe Figaro Beneteau, estime que cette dernière doit accompagner cette évolution. D’où le lancement en 2022 de l’Académie Figaro : “L’objectif est de faciliter l’accès à notre circuit pour donner envie de venir naviguer en monotypie pure sur un bateau certes exigeant, mais qui forme les meilleurs, on en a l’exemple avec Tom Laperche qui va rentrer dans les très grands de la course au large.”

Cette saison, quatre épreuves sont au programme de l’Académie, une course offshore en double ou en équipage début avril en amont du Spi Ouest-France – également au calendrier -, le Tour Voile et le National Equipage en octobre. Le Tour Voile renaît pour l’occasion, disputé pour la première fois en Figaro, sous l’égide de la Fédération française de voile, qui en a acquis les droits auprès d’ASO. L’organisation a été confiée pour trois ans à Ultim Sailing, avec une première édition début juillet en deux parties : la première sur le même parcours que le Tour de Bretagne (voir notre article), la seconde ira sans doute en Vendée et en Charente-Maritime – l’avis de course sera publié fin février -, avec au programme régates en baie et étapes de ralliement.

Mathieu Sarrot et Emmanuel Bachellerie, cofondateurs d’Ultim Sailing, évoquent un budget “aux alentours de 400 000 euros”, avec un partenariat titre valorisé à 150 000 euros, pour cette première édition, dont le directeur de course sera Jean Coadou (également à la baguette sur le Tour de Bretagne). On espère entre 10 et 12 bateaux, voire 15, on essaie de travailler avec la classe et la Fédération pour permettre à des équipages de se monter avec un budget accessible de 35 000 à 40 000 euros, location du bateau comprise”, expliquent-ils.

Si nombre de skippers professionnels privilégieront le Tour de Bretagne en double (35 bateaux attendus), certains se montrent intéressés par ce projet de transmission. Philippe Hartz souhaite ainsi monter une équipe avec Pierre Leboucher, Alexis Loison évoque un projet cherbourgeois sous la houlette de Maxime Mesnil. L’épreuve suscite l’intérêt de certaines ligues, de projets amateurs – Albane Dubois, issue de la voile olympique, tente de monter une équipe 100% féminine à Marseille – ou à l’étranger, comme le confirme Marcus Hutchinson, vice-président de la classe Figaro, qui évoque des pistes en Italie, Belgique, Suisse, Grande-Bretagne et Irlande.

11 inscrits à date à la Transat Paprec

 

Toujours dans cette perspective d’ouverture, la classe a par ailleurs inscrit à son programme des courses existantes : l’ArMen Race, la Transmanche, le Grand Prix de l’Ecole Navale et le Fastnet. “Il faut qu’on sorte de notre entre-soi”, ajoute Jean-Bernard Le Boucher qui espère renouer avec plus de 40 inscrits sur nos courses dans les trois ans qui viennent.” Particulièrement sur la course phare du circuit, la Solitaire (34 concurrents en 2022), qui, en 2023, s’élancera fin août de Caen – l’officialisation est prévue mardi – et arrivera en Loire-Atlantique, avec une possible escale à l’étranger.

L’objectif immédiat est de présenter un plateau suffisamment dense sur la Transat Paprec (ex AG2R) qui, c’est une grande première, se disputera en double mixte. A ce jour, Clément Faisnel, chef de projet de la transat en double chez OC Sport Pen Duick, annonce 11 inscrits, tout en espérant “une petite quinzaine”. Sont partants certains : Skipper Macif (Loïs Berrehar/Charlotte Yven), Bretagne CMB Performance (Gaston Morvan) et Espoir (Choé Le Bars), Quéguiner-La Vie en Rose (Elodie Bonafous), Atout Energie (Arthur Hubert/Colombe Julia), Edenred (Basile Bourgnon), Mutuelle Bleue (Corentin Horeau), Ageas Team Baie de Saint-Brieuc (Maël Garnier/Julie Courtois), tandis que Piers Copham, Camille Bertel et Arnaud Machado (avec Lucie Keruel) nous ont confirmé qu’ils comptaient prendre le départ, tous n’ayant pas encore bouclé leur budget, et que Guillaume Pirouelle, inscrit, n’est pas encore certain de partir.

Ce budget, autour d’une centaine de milliers d’euros – le reste de la saison varie de 80 000 à 200 000 selon les profils -, en a rebuté certains, à l’instar de Philippe Hartz ou Tom Dolan, qui pointent également du doigt le coût écologique du retour en cargo, raison supplémentaire à leurs yeux pour ne pas s’inscrire. Le passage au format mixte explique-t-il aussi cette participation plutôt modeste (ils étaient 18 bateaux en 2021) ? En pleine recherche de co-skipper féminine, Corentin Horeau estime que “pas mal de filles talentueuses embarquées sont en ce moment sur The Ocean Race, ce qui ne facilite pas les choses”. Alexis Loison, de retour cette saison sur le circuit mais qui ne sera pas au départ, se veut, quant à lui, confiant : C’est une transat qui va se démarquer, je suis sûr que le format va plaire et que la course montera en puissance. Souvent, quand on change les choses, le démarrage est difficile, je ne serais pas surpris, par exemple, qu’il y ait beaucoup plus d’Imoca sur la prochaine Ocean Race.”

Directrice du pôle Finistère course au large, Jeanne Grégoire y croit également, mais estime que la transat doit être davantage mise en valeur médiatiquement“Sur la dernière édition, il y a eu des images magnifiques qui n’ont pas été exploitées, c’est dommage. D’une façon générale, il faut réussir à redonner plus de place à la classe Figaro qui est moins exposée que d’autres, la victoire de Tom Laperche l’an dernier sur la Solitaire est presque passée incognito.” Ce que concède Philippe Hartz, membre du conseil d’administration de la classe : “On n’a pas mis assez d’énergie sur la com’, alors que c’est important d’expliquer la place du Figaro dans le paysage de la course au large.”

 

Photo : Vincent Olivaud 

Tip & Shaft est le média
expert de la voile de compétition

Course au large

Tip & Shaft décrypte la voile de compétition chaque vendredi, par email :

  • Des articles de fond et des enquêtes exclusives
  • Des interviews en profondeur
  • La rubrique Mercato : l’actu business de la semaine
  • Les résultats complets des courses
  • Des liens vers les meilleurs articles de la presse française et étrangère
* champs obligatoires


🇬🇧 Want to join the international version? Click here 🇬🇧