Un peu plus d’un an après l’annonce du report de la Transat AG2R La Mondiale 2020, qui aurait dû s’élancer le 19 avril, OC Sport Pen Duick a présenté mardi dernier à Rennes le plateau de celle qui est devenue entre-temps la Transat en double Concarneau-Saint-Barthélémy. Partenaire-titre de la course depuis sa première édition (1992), AG2R La Mondiale s’est en effet retiré début octobre (voir notre article).
Si la tenue de l’épreuve en 2021 a été dans un premier temps incertaine, elle a finalement été confirmée fin 2020, à la satisfaction des différents acteurs. “On a besoin d’avoir une transat dans notre programme, cela fait trois ans qu’on n’en a pas eue, c’était stratégique pour la classe de repartir dès cette année”, commente Jean-Bernard Le Boucher, président de la classe Figaro Beneteau.
Même position du côté des collectivités partenaires : “On tenait absolument à ce qu’elle soit au programme cette année, même sans le soutien d’AG2R, on a été dès le départ derrière OC Sport pour remobiliser tout le monde“, indique Annick Martin, première adjointe en charge des affaires maritimes et portuaires de Concarneau, tandis que Nils Dufau, président du comité du tourisme de Saint-Barthélémy, abonde : “C’était important que la course ait lieu cette année, d’abord parce qu’on avait déjà mis des billes dans l’édition prévue, donc si on annulait, on perdait tout, mais surtout parce que la population adore la Transat, c’est la première course qui s’est vraiment installée ici.”
Qui ajoute : “On a déjà la chance d’avoir un actionnaire [le Groupe Télégramme, NDLR] qui nous a permis de confirmer l’événement juste après l’annonce d’AG2R, quand bien même nous n’avions pas la totalité du financement. Ensuite, les collectivités, si elles n’apportent pas la totalité de ce que mettait AG2R, nous ont aussi aidés, et notamment la Région Bretagne qui a investi plus que ce qu’elle avait prévu.”
Ce que nous confirme le président de la région, Loïg Chesnais-Girard : “Nous avons tout simplement pris la place du sponsor principal pour faire en sorte que cette transat perdure, en attendant qu’elle se stabilise à nouveau avec un partenaire-titre pour la prochaine édition.” Pour quel montant ? “Notre contribution était à l’origine de 90 000 euros (TTC), nous avons ajouté 300 000 euros nets de subvention. On assume notre rôle, mais c’est exceptionnel, la Bretagne n’a pas vocation à être sponsor principal de toutes les courses, parce que nous en avons beaucoup !” rappelle Loïg Chesnais-Girard.
Qui, contrairement, à ses homologues bretons, va pouvoir installer un village, les mesures annoncées mercredi par Emmanuel Macron ne touchant pas les Antilles. “Il y aura peut-être une jauge, comme on l’avait fait pour notre village de Noël, mais pour l’instant, tout se passe bien. D’autant qu’au moment où la transat arrivera, on espère que toute l’île aura été vaccinée, on lance une grosse campagne le 19 avril.”
Cela ne sera pas le cas côté Concarneau, où le huis clos se profile. “Ces mesures ne changeront pas la donne sur la tenue de l’événement sportif en lui-même, puisque le sport professionnel reste autorisé, mais c’est vrai que le scénario retenu sera sans doute de l’ordre du huis clos”, confirme Alex Picot, chef de projet en charge de la course chez OC Sport Pen Duick.
L’organisation d’une bulle sanitaire autour des skippers avant le départ est par ailleurs à l’étude. “Pour l’instant, ce n’est pas encore validé avec les pouvoirs publics et la FFV, mais notre démarche est de faire en sorte que les marins aient le test le plus récent possible, afin qu’ils puissent le présenter en cas de nécessité de s’arrêter en Espagne, au Portugal ou dans les îles.”
Les tandems vont se frotter pour la première fois à l’exercice d’une transat sur un support, le Figaro Beneteau 3, qui, de l’avis de tous, est bien plus exigeant physiquement que ne l’était son prédécesseur. Dans le 22e épisode de notre podcast Pos. Report, Pierre Quiroga confiait ainsi mardi, à la sortie de la Solo Maître CoQ : “Il faut vraiment se forger un physique, parce que le bateau est casse-bonhomme, tu peux vite te retrouver sur les rotules… Sur la Transat, je ne sais pas à quoi m’attendre, mais je pense que le physique fera plus la différence qu’avant par rapport à la technique et à la vitesse.”
Le Figaro Beneteau 3 est-il gérable sur un parcours au large de 3 890 milles ? “C’est vrai que les limites aujourd’hui sont davantage humaines, mais en double, c’est plus sécurisant, répond le directeur de course Francis Le Goff. On va avoir des points de vigilance sur les deux gros morceaux que seront le golfe de Gascogne et la descente vers La Palma, après, le bateau continuera de mouiller, mais ce sera plus régulier et moins fort que sur la première partie. Ce sera en tout cas intéressant de voir comment ce Figaro 3 va se comporter par rapport au précédent sur un parcours identique.”
Fabien Delahaye, vainqueur de la Transat AG2R en 2010 (avec Armel Le Cléac’h) – et qui s’élance cette année avec Anthony Marchand -, n’a pas vraiment de doutes : “Le bateau est exigeant, il fait du bruit, il mouille, mais on va s’adapter. Il y a deux ans, on nous aurait demandé de traverser l’Atlantique, on aurait dit non. Aujourd’hui, on a beaucoup progressé et tous les points de faiblesse du bateau ont été résolus, on a encore vu sur la Solo Maître CoQ qu’on était capables de traverser des conditions très dures sans casser quoi que ce soit.”
Et le Normand d’évoquer la possibilité, à conditions égales, de descendre d’environ deux jours l’actuel record de la transat, détenu depuis 2018 par le tandem Thomas Ruyant/Adrien Hardy en 18 jours et demi. Réponse fin mai au terme de cette édition d’une transat qui, selon Joseph Brizard, restera par la suite sur un rythme biennal, les années impaires, en double, au moins pour la prochaine édition.
Le directeur général d’OC Sport Pen Duick espère d’ici là dénicher un partenaire-titre. Le ticket d’entrée ? “700 000 euros, c’est le prix qui nous paraît juste compte tenu de l’engagement dans la durée qu’on demandera au futur partenaire.”