Tom Dolan

Solitaire du Figaro Paprec : Le débrief

Tom Dolan a remporté, mercredi, la 55e édition de la Solitaire du Figaro Paprec à l’issue de la dernière étape entre Royan et La Turballe, remportée, comme la première, par Loïs Berrehar, 2e au général devant Gaston Morvan. Pour débriefer l’épreuve, Tip & Shaft s’est entouré de Gildas Mahé et Marcus Hutchinson, qui connaissent bien le lauréat irlandais, de Corentin Horeau, le tenant du titre, et de Yann Chateau, le directeur de course. 

La Solitaire du Figaro Paprec s’est achevée mercredi sur une dernière étape de 710 milles – la plus longue de l’histoire de la course -, dans des conditions engagées (5 abandons), décrites par Yann Chateau : “La course a commencé avec beaucoup de près, dans 12 à 20 nœuds de vent, jusqu’à l’occidentale de Sein, puis un grand bord d’anthologie au portant vers l’Angleterre avec une mer courte et du vent qui est monté crescendo jusqu’à 28-30 nœuds de vent établi et 35-38 en rafales. On a noté des moyennes supérieures à 17 nœuds sur quinze minutes pour les premiers.”

Ce qui fait dire à l’ancien figariste Gildas Mahé que cette étape très très dure sacre les costauds, à l’instar de Loïs Berrehar (Skipper Macif 2022), qui signe une deuxième victoire sur cette Solitaire, suivi de Basile Bourgnon (Edenred) et de Gaston Morvan (Région Bretagne-CMB Performance). Mais à l’arrivée, c’est Tom Dolan (Smurfit Kappa-Kingspan), en tête au général à l’amorce de cette étape dont il a pris la 7e place à 1h10 du vainqueur, qui remporte cette 55e édition.

Tom est un petit cran derrière en vitesse par rapport à ces trois-là et manque encore de réflexes en ce qui concerne la régate, puisqu’il vient plutôt de la croisière, mais sa grande force est d’être un très bon stratège puisqu’il a su tirer son épingle du jeu grâce à son positionnement sur la deuxième étape (lire le debrief) et à sauver son avance sur la dernière pour s’imposer”, ajoute Gildas Mahé, qui est à la fois son entraîneur, son préparateur et son ami, les deux hommes se côtoyant depuis 2010, année où Tom Dolan est arrivé à Concarneau pour faire du Mini 6.50. Corentin Horeau abonde : “Tom est un figariste complet ! Et même s’il n’était pas dans le rythme des premiers sur la dernière étape, je pense que dans sa tête, il fallait surtout ne pas casser pour finir. Il a enchaîné sept Solitaire sans interruption, ce qui prouve un super mental, c’est hyper beau que ça paye !” 

“Une sérénité et de confiance en lui 
qu’il n’avait pas avant”

 

A 37 ans, Tom Dolan devient le premier Irlandais à inscrire son nom au palmarès de l’épreuve, le troisième étranger après le Belge Joan de Kat, vainqueur de la première édition en 1970, et le Suisse Laurent Bourgnon en 1988 (il était bizuth). C’est doublement plus dur pour un étranger de gagner, puisqu’il faut s’installer en France, trouver où s’entraîner, comprendre comment ça marche”, souligne son compatriote Marcus Hutchinson, vice-président de la classe Figaro et point d’entrée de nombreux étrangers sur le circuit Figaro Beneteau – il a été à l’initiative du Vivi Trophy, récompensant le premier non-Français sur la Solitaire.

Ces derniers mois, le skipper irlandais s’est aussi nourri de nouvelles expériences en courant en Class40 sur la Niji40 avec Pep Costa et Gildas Mahé, ce dernier ajoutant qu’il “a également tenté deux fois le record du tour de l’Irlande en solitaire, ce qui montre une certaine détermination. Tom a d’ailleurs précisé qu’il s’était senti serein sur cette dernière étape dans la brise puisqu’il avait fait largement pire autour de l’Irlande. Cela lui a donné une forme de sérénité et de confiance en lui qu’il n’avait pas avant”. 

Corentin Horeau, qui a lui aussi gagné au bout de sept participations mais après un break de quelques années sur le circuit Figaro, confirme que la diversité des expériences aide à revenir avec de l’envie et peut-être une vision différente.” Tom Dolan était “très bien préparé, poursuit Marcus Hutchinson. Il s’entraîne à Concarneau hors du schéma classique de Port-la-Forêt ou de Lorient (où il s’entraînait auparavant) et a su bien s’entourer avec Gildas Mahé et Bertrand Pacé comme coachs, ainsi qu’avec un préparateur mental. L’un des axes de sa préparation était notamment de prendre conscience qu’il avait toute sa place dans ce milieu, lui qui a grandi dans la campagne irlandaise, sans aucune culture maritime.” La victoire de Tom Dolan fera d’ailleurs date, puisque, pour la première fois depuis celle de Kito de Pavant sur l’édition 2002 de la Solitaire, elle échappe à un marin s’entraînant au pôle Finistère de Port-la-Forêt !

 

Doublé pour Loïs Berrehar

 

Loïs Berrehar, 2e au général, qui n’avait jusqu’alors pas gagné de manche sur la Solitaire, en remporte deux sur cette édition en ayant “dominé une grande partie de l’épreuve et en prouvant une fois de plus qu’il est super costaud dans la brise“, met en avant Gildas MahéMarcus Hutchinson soulignant également “sa maîtrise du bateau dans le petit temps sur l’arrivée de la première étape”.  

Gaston Morvan, qui “arrivait dans le fauteuil de grand favori, en tête du championnat de France”, selon Corentin Horeau, s’octroie quant à lui la 3e place au général. “Même s’il avait la capacité de faire mieux, il faut noter sa régularité sur la Solitaire qu’il avait déjà terminée à la 7e, 5e et 4e place”, ajoute le lauréat 2023. Et Gildas Mahé de préciser qu’il a eu “pas mal de soucis techniques – il est monté trois fois en tête de mât sur la première étape et a rencontré des problèmes de pilote sur la seconde. Même si Gaston est un roc, ça a dû peser physiquement. Lorsque tu barres beaucoup plus, tu traînes forcément plus de fatigue sur la fin de la Solitaire.”

À la 4e place au général, Hugo Dhallenne (YCSL-Primatice-SLB Pharma) est une des grandes révélations de cette course, selon Marcus Hutchinson. Je l’ai vu se donner beaucoup de mal, en parallèle de son job [il a une société d’électronique], pour préparer correctement son bateau. Devenir aussi bon aussi vite, après seulement deux participations à la Solitaire, augure un bel avenir.” Nos intervenants louent également la belle prestation de Charlotte Yven (Skipper Macif 2023), 5e, égalant ainsi le meilleur résultat d’une femme sur l’épreuve – en 2008, Jeanne Grégoire, actuelle directrice du pôle Finistère de Port-la-Forêt, où s’entraîne cette dernière. “Charlotte navigue super bien, elle a fait une troisième place sur la seconde étape et n’était pas loin de faire un podium au général”, commente Corentin Horeau.

Chez les bizuths enfin, c’est Arno Biston (Tizh Mor), 11e au général, qui remporte la mise. Tout le monde l’attendait car il avait fait des coups d’éclat sur des courses d’avant-saison (8e de la Solo Maître Coq)relève Gildas Mahé. Il régate très bien mais faute de moyens, il ne se prépare pas comme il le mériterait.” Un avis partagé par Marcus Hutchinson qui ajoute qu’il a pris des risques financiers et a préparé son bateau lui-même, mais il est super motivé et bourré de talents, donc il a fait un super résultat.” Quant à Tom Goron (Navaleo), 2e bizuth et 14e au général, Gildas Mahé le trouve impressionnant pour ses 18 ans“, se félicitant de “la très bonne promotion de bizuths sur cette édition.”

Photo : Alexis Courcoux

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