Gaston Morvan Solitaire du Figaro

Qui va gagner la Solitaire du Figaro Paprec ?

37 marins, dont 15 bizuths, prennent dimanche 25 août à Rouen le départ de la 55e édition de la Solitaire du Figaro Paprec. Comme avant chaque début de grande épreuve, Tip & Shaft a consulté un panel d’experts pour présenter les forces en présence. Se sont ainsi prêtés au jeu des pronostics Corentin Horeau, vainqueur de la course en 2023, Etienne Saïz, entraîneur au Centre Excellence Voile de La Rochelle, la navigatrice Estelle Greck, qui a couru les régates en équipage de la saison 2024, Kevin Bloch, premier bizuth de l’édition 2020 et l’un des entraîneurs du groupe de figaristes lorientais, ainsi que le Britannique Alan Roberts, neuf Solitaire à son actif.

Désigner à l’avance un vainqueur de la Solitaire est toujours un exercice complexe, tant la course reine de la classe Figaro est notoirement connue pour ses innombrables renversements de situation. Cette édition 2024 ne déroge pas à la règle, avec encore une fois “un plateau bien relevé, avec un bon groupe de tauliers arrivés à maturité, mais aussi plein de sang neuf talentueux à même de faire des très bons coups”, résume Etienne Saïz.

Seul à figurer parmi tous les tiercés gagnants cités par nos experts, Gaston Morvan (Région Bretagne-CMB Performance) s’impose comme le mieux placé pour remporter cette 55e édition. “Depuis le début de la saison, il est très régulier, il a accumulé de la confiance et s’est imposé comme leader de flotte, il est d’ailleurs en tête du championnat de France”, souligne Corentin Horeau. Qui s’interroge : “Est-ce qu’il va être capable de maintenir ce statut sur la Solitaire ? Il en a les compétences et la tête pour.” Même constat pour Estelle Greck qui rappelle que le Finistérien, dont ce sera la quatrième Solitaire, ne s’est “pas laissé déstabiliser par le petit couac de la Solo Guy Cotten et sa collision avec Chloé Le Bars, il a toujours été dans les bons coups depuis”.

Ses atouts ? “Mine de rien, il prend des risques, il va vite et est capable de faire des choses un peu différentes des autres”, analyse Kevin Bloch. Alan Roberts met quant à lui en avant l’importance de l’encadrement du projet Bretagne CMB, qui sait faire bloc autour de ses skippers et leur offre une prise en charge parfaite. Ça compte beaucoup pour arriver frais et récupérer rapidement entre deux étapes.” Et le Britannique d’ajouter que “Gaston a grandi sur les pontons de la Solitaire, il a ça dans le sang, il a toutes les cartes pour améliorer sa quatrième place de l’an passé”.

 

Bourgnon et Berrehar
jouent pour la gagne

 

Derrière le marin de 27 ans, nos experts placent sur le même plan Basile Bourgnon (Edenred) et Loïs Berrehar (Skipper Macif 2022). “Basile, son point fort c’est sa jeunesse, il n’hésite pas à tenter des coups et ça lui donne une super confiance en lui“, analyse Corentin Horeau, qui voit, en plus, “quelqu’un de super bien en mer, ça doit être génétique !”

“C’est sa troisième saison, il a toutes les manettes du bateau, c’est une machine de guerre dans le vent fort et il jubile à l’idée de passer cinq heures sous grand spi dans 30 nœuds. Il n’a aucune appréhension, confirme Estelle Greck, qui a beaucoup navigué avec le fils de Laurent Bourgnon cette année. Le deuxième de l’édition 2023 a-t-il un point faible ? Pour Kevin Bloch, c’est “peut-être son côté joueur. Si c’est du tout droit les uns derrière les autres, c’est moins son truc et il va tenter un coup, au risque parfois de s’y perdre.”

Nos analystes ne tarissent par ailleurs pas d’éloges sur les capacités de Loïs Berrehar à “aller vite, dans toutes les conditions” et à être “souvent placé intelligemment, avec une bonne gestion de la flotte“. Si le Skipper Macif 2022, qui dispute sa cinquième Solitaire, “réussit sa première étape, ça va dérouler tout seul pour lui derrière”, estime Corentin Horeau. En revanche, “si le plan ne se déroule pas comme il l’avait en tête, il va peut-être perdre un peu plus ses moyens que les autres, complète Etienne Saïz, même si, selon Estelle Greck, “Loïs a beaucoup travaillé cet aspect mental avec Charlotte Yven (Skipper Macif 2023) cette annéeC’est sa dernière année en Figaro, il fait pour l’instant une belle saison, c’est le moment pour lui de briller, il sait qu’il a le potentiel.”

 

Dolan, Bonafous et Loison
au pied du podium

 

Au pied du podium, deux autres noms sont cités à plusieurs reprises par nos experts : ceux de Tom Dolan (Smurfit Kappa-Kingspan) et d’Elodie Bonafous (Quéguiner-La Vie en Rose). Pour Alan Roberts, le marin irlandais, 37 ans, qui disputera sa septième Solitaire, “a travaillé sur son mental car il a longtemps eu l’impression de ne pas être au niveau. Cette année, il a été beaucoup coaché par Gildas Mahé, ça peut faire des étincelles, parce que ça lui permet de naviguer davantage à sa façon, sans la pression de suivre les autres”.

Citée deux fois par nos experts sur le podium, Elodie Bonafous pourrait aussi tirer son épingle du jeu. “On ne l’a pas beaucoup vue cette saison en solitaire, mais elle a la vitesse et elle sait faire. Si elle a l’inspiration et le petit poil de chance, elle peut faire un bon coup”, estime Kevin Bloch. Pour sa cinquième participation “elle est mûre, très complète, polyvalente, confiante. Avec elle, il y a de la fluidité, ça coule tout seul”, confirme Corentin Horeau, qui a navigué avec elle cette saison. Plutôt conservatrice qu’audacieuse selon nos analystes, elle maîtrise le jeu du Figaro et elle a la tête froide pour aller chercher un bon résultat, estime pour sa part Etienne Saïz.

Un nom familier du circuit Figaro revient également deux fois sur le podium de nos experts, celui d’Alexis Loison (Groupe Réel)“S’il navigue à son niveau, il est bien au-dessus de tout le monde, rappelle Corentin Horeau. Il est complet, il a l’expérience de 18 Solitaire, une vraie expertise sur les voiles, il a ratissé le terrain dans tous les sens…” Un avis partagé par Kevin Bloch, qui classe même le Normand “dans une catégorie à part”, ajoutant : “Ce qui est beau, c’est qu’il s’éclate encore vraiment en Figaro, il a retrouvé le plaisir et ça, c’est toujours bon signe.”

 

Biston, Ducelier, Morvan
candidats pour le classement bizuth

 

D’autres outsiders sont, aux yeux de nos experts, capables de se mêler à la lutte pour le podium, voire de renverser la table, à commencer par Jules Delpech (Orcom, quatrième participation) – “encore un peu irrégulier mais quand il est bien dans son truc, il est souvent très inspiré”, note Kevin Bloch -, Charlotte Yven (quatrième participation), “capable de sortir des options extraordinaires”, selon Alan Roberts, ou encore Victor Le Pape (Région Bretagne-CMB Espoir, deuxième participation, premier bizuth en 2023) et Hugo Dhallenne (CSL-Primatice-SLB Pharma, deuxième participation). “Victor a beaucoup navigué avec Yann Eliès cette année, ce qui a dû le faire progresser, et Hugo a prouvé l’année dernière qu’il était un bon coureur d’été dans le petit temps”, juge Corentin Horeau.

Côté bizuths, le match s’annonce aussi très ouvert. Auteur d’un excellent début de saison, Arno Biston (Tizh Mor) a impressionné, surtout dans “dans les conditions punchy qui lui réussissent”, note Etienne Saïz, “malgré un budget très limité, ce qui montre qu’il a du talent”, ajoute Corentin Horeau. Il aura néanmoins fort à faire avec Jules Ducelier (Région Normandie) – qui est “sur une bonne dynamique et profite de la filière d’exception normande, qui a produit d’excellents marins”, souligne Alan Roberts – mais aussi Paul Morvan (Foricher Les Moulins-Bagatelle), le petit frère de Gaston, “arrivé au dernier moment, mais qui compte déjà une solide expérience, il est passé sous les radars et n’aura aucune pression”, selon Etienne Saïz.

Enfin, Romain Bouillard (Décrochons la Lune), qui avait renoncé au départ de la Solitaire 2023 pour cause de fracture, “a une revanche à prendre et a fait deuxième sur Le Havre Allmer Cup, ce qui n’arrive pas tous les jours pour un bizuth”, note l’entraîneur rochelais.

Le départ de la première étape entre Rouen et Gijon sera donné dimanche 25 août à 15 heures, l’épilogue de la 55e édition devrait être connu autour du 12 septembre.

Le podium de nos experts : 1. Gaston Morvan, 2. Basile Bourgnon, 3. Loïs Berrehar.

Photo : Vincent Olivaud / Solo Maître CoQ

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